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L'Iran se distancie de l'attaque de l'ambassade

Les manifestants qui s'en sont pris à l'ambassade ont été officiellement présentés comme des "étudiants bassidjis", [Raheb Homavandi]
Les manifestants qui s'en sont pris à l'ambassade ont été officiellement présentés comme des "étudiants bassidjis", - [Raheb Homavandi]
Après plusieurs jours d'hésitation, le régime iranien semble vouloir prendre ses distances avec l'attaque de l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran par des miliciens islamistes, qui a provoqué une nouvelle crise diplomatique avec les Européens.

Cette attaque est "illégale" et "contraire à l'intérêt du pays", a affirmé dimanche un important religieux, l'ayatollah Ahmad Khatami, imam de la prière du vendredi à Téhéran et proche du Guide suprême iranien Ali Khamenei.

Samedi, un autre dignitaire religieux influent, le Grand ayatollah Nasser Makarem Shirazi, avait critiqué pour la première fois le saccage mardi de la légation britannique par des manifestants officiellement présentés comme des "étudiants bassidjis" (miliciens islamistes), estimant qu'il n'avait pas eu l'aval du Guide et allait coûter cher à l'Iran.

Multiples représailles

La Grande-Bretagne a fermé son ambassade et évacué tout son personnel d'Iran après cette attaque condamnée par le conseil de sécurité de l'ONU, et a fermé en représailles l'ambassade d'Iran à Londres. Plusieurs capitales européennes dont Paris et Berlin ont rappelé leurs ambassadeurs en signe de solidarité, et la France a décidé de réduire le personnel de sa mission a Téhéran.

Paris est en pointe depuis deux ans, aux côtés de Londres et de Washington, pour pousser la communauté internationale à isoler l'Iran par des sanctions économiques et politiques afin de l'obliger à renoncer à son programme nucléaire controversé.

C'est l'annonce par Londres d'un renforcement de cet embargo qui a provoqué l'attaque contre l'ambassade britannique, intervenue au lendemain d'une décision du Parlement iranien de réduire les relations avec le Royaume-Uni.

Attaque "illégale"

"L'attaque d'une ambassade et son occupation équivalent à l'occupation d'un pays étranger et c'est illégal", a souligné l'ayatollah Khatami. "Avoir un esprit révolutionnaire ne signifie pas que les ambassades qui se trouvent sur le sol de la République islamique aient un sentiment d'insécurité, ce n'est pas dans l'intérêt du pays, et je le dis très clairement je suis hostile à l'attaque des ambassades étrangères et à leur occupation", a-t-il souligné.

Samedi, le Grand ayatollah Makarem Shirazi avait clairement affirmé à ce sujet que "les jeunes révolutionnaires ne doivent pas aller au delà de la loi". Le vice-ministre des Affaires étrangères chargé des affaires consulaires, Hassan Ghashghavi, s'est inquiété samedi des conséquences "incertaines" de la crise sur les 200 à 300'000 Iraniens vivant au Royaume-uni.

Ces condamnations sans équivoque tranchent avec les premières réactions contradictoires du régime face à l'action de miliciens se réclamant du Guide suprême iranien.

Pas d'autres condamnations

Immédiatement condamné par le ministère des Affaires étrangères qui avait annoncé des poursuites judiciaires contre ses auteurs, le saccage de la mission britannique a en revanche été ensuite justifié par le président du Parlement Ali Larijani, un ultra-conservateur proche du Guide, comme étant compréhensible face à "l'attitude dominatrice" de la Grande-Bretagne.

Aucun autre haut responsable iranien n'a commenté l'événement, passé sous silence samedi par le président Mahmoud Ahmadinejad lors d'un discours consacré aux questions économiques. Les médias ont en revanche accordé ces derniers jours une large place aux communiqués triomphants des associations étudiantes ayant organisé l'opération.

Les responsables de la police ont annoncé que des assaillants avaient été arrêtés et remis à la justice, sans donner de précisions. L'agence Fars, proche de la ligne dure du régime, a toutefois affirmé que certains étudiants arrêtés avaient ensuite été libérés.

afp/jzim/rber

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L'Iran affirme avoir abattu un drone de reconnaissance américain

L'Iran a abattu un drone américain RQ-170 "dans l'est du pays", frontalier de l'Afghanistan et du Pakistan, a affirmé dimanche la chaîne de télévision iranienne en arabe Al Alam en citant une source militaire non identifiée.

"Les unités de guerre électroniques et anti-aériennes ont réussi à abattre un drone américain de type RQ-170 qui avait violé légèrement les zones frontalières de l'Est du pays et ont pu s'en emparer alors qu'il a été peu endommagé", a précisé l'agence Fars en citant un responsable militaire ayant requis l'anonymat.

Al Alam n'a pas précisé où cet appareil aurait été abattu, mais a affirmé qu'il avait été "peu endommagé" et que l'opération s'était déroulée "il y a quelques heures". Le RQ-170 Sentinel est un drone de reconnaissance très récent dont l'existence, révélée en 2009 par des médias spécialisés, n'a été reconnue qu'en 2010 par l'US Air Force.

Selon certains sites spécialisés, des appareils de ce type seraient déployés en Afghanistan, notamment pour obtenir des renseignements sur l'Iran et le Pakistan. Téhéran a affirmé à plusieurs reprises ces dernières années avoir abattu des drones américains, utilisés par les forces américaines soit dans le Golfe soit dans des pays voisins de l'Iran.