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Téhéran: 2 représentations britanniques attaquées

Ces étudiants enjambent l'enceinte du bâtiment de l'ambassade. [Abedin Taherkenareh]
Les manifestants enjambent l'enceinte du bâtiment de l'ambassade. - [Abedin Taherkenareh]
Plusieurs dizaines de manifestants ont attaqué, occupé et saccagé mardi deux sites de l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran. Ils en ont réclamé la fermeture, faisant monter la tension déjà vive avec les pays occidentaux autour notamment du dossier nucléaire iranien.

Les manifestants, présentés comme des "étudiants bassidjis" (islamistes) par les médias officiels, ont pénétré à deux reprises dans les locaux de l'ambassade située au centre de Téhéran.

Ils ont également occupé pendant plusieurs heures le site de l'ex-résidence britannique dans un parc du nord de la capitale.

Pas d'intervention de la police

Les forces de l'ordre tentaient en début de soirée d'obtenir que les manifestants quittent les deux sites, selon les médias. La police anti-émeutes présente en force n'est pas intervenue lors de la première attaque de l'ambassade en début d'après-midi, laissant les manifestants escalader le mur d'enceinte du parc où se trouve la chancellerie.

Les manifestants ont ensuite brisé les vitres du bâtiment avant d'y pénétrer et d'en saccager une partie, jetant des dossiers et des objets par les fenêtres, selon des images de la télévision d'Etat qui a suivi toute la manifestation en direct.

Drapeau britannique enlevé

Evacués sans violence par les forces de l'ordre après une heure d'occupation, les manifestants ont à nouveau réussi en début de soirée à pénétrer dans la chancellerie. Ils ont notamment incendié des documents, en dépit d'une intervention de la police qui a fait plusieurs blessés et des appels des autorités à mettre fin à la manifestation.

Ils ont également symboliquement enlevé le drapeau britannique flottant sur l'ambassade et l'ont remplacé par le drapeau iranien.

Un autre groupe de quelque 200 "étudiants" islamiques, selon les médias, a attaqué au même moment le site de l'ancienne résidence britannique située dans un parc au nord de Téhéran, où n'habite plus l'ambassadeur mais qui a conservé son statut diplomatique.

Six employés pris en otage

Ils ont retenus pendant un certain temps six employés de l'ambassade avant que ces derniers ne soient libérés sur intervention de la police, qui a bloqué les accès pour "mettre fin à la manifestation", selon les médias.

Tous les ressortissants britanniques à l'intérieur de cette enceinte ainsi qu'à l'ambassade sont "en sécurité", a indiqué en fin de journée un diplomate.

Cette double attaque s'est produite alors que plusieurs centaines de manifestants étaient rassemblés mardi après-midi devant l'ambassade pour réclamer sa fermeture et l'expulsion "immédiate" de l'ambassadeur, en représailles aux nouvelles sanctions prises par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne contre le programme nucléaire iranien controversé.

Ces protestataires iraniens brisent les vitres de l'ambassade britannique de Téhéran. [KEYSTONE - Vahid Salemi]
Ces protestataires iraniens brisent les vitres de l'ambassade britannique de Téhéran. [KEYSTONE - Vahid Salemi]

Représailles

Le parlement iranien a voté dimanche une loi réduisant les relations diplomatiques au niveau de chargé d'affaires et l'expulsion de l'ambassadeur britannique dans un délai de deux semaines.

Cette décision a été prise en représailles aux nouvelles sanctions économiques contre l'Iran décidées la semaine dernière par Londres, de concert avec les Etats-Unis et le Canada, après la publication d'un rapport de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) étayant les soupçons des Occidentaux selon lesquels Téhéran aurait travaillé à la fabrication d'une arme nucléaire malgré ses démentis répétés.

agences/lan

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De vives condamnations et des "regrets"

Le ministère britannique des Affaires étrangères s'est déclaré mardi "scandalisé" par "l'intrusion inacceptable" de manifestants dans son ambassade à Téhéran, survenant dans un contexte de vive tension diplomatique entre les deux pays.

Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a averti dans un communiqué que cette affaire aurait des "conséquences graves".

Le Conseil de sécurité de l'ONU, plusieurs pays, dont la France, l'Italie, la Russie et les Etats-Unis, et l'UE ont également vivement condamné les violences contre la mission diplomatique britannique.

De son côté, le ministère iranien des Affaires étrangères a "regretté" mardi l'attaque.

Dans un communiqué publié par l'agence Mehr, le ministère "exprime ses regrets pour le comportement inacceptable d'un petit nombre de manifestants en dépit des efforts de la police".

Il affirme aussi avoir "demandé aux autorités de prendre immédiatement les mesures nécessaires" pour mettre fin à l'occupation de l'ambassade.