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Opération d'envergure dans une favela de Rio

Les autorités évaluent à 200 les trafiquants de drogue qui se trouvent à l'intérieur de la Rocinha. [Felipe Dana]
Les autorités évaluent à 200 les trafiquants de drogue qui se trouvent à l'intérieur de la Rocinha. - [Felipe Dana]
Les forces de choc de la police et l'armée ont repris tôt dimanche matin à Rio, sans tirer un coup de feu, la favela de la Rocinha, la plus grande du Brésil, dominée depuis des décennies par les trafiquants de drogue, a annoncé la police.

Les favelas de Rocinha et de Vidigal "sont sous notre contrôle. Il n'y a eu aucun incident, et pas un seul coup de feu tiré", a dit le chef d'Etat-major de la police militaire, le colonel Alberto Pinheiro Neto, lors d'une conférence de presse. L'opération "Choc de paix", mobilisant des centaines de policiers d'élite et de soldats, appuyés par des hélicoptères, avait commencé deux heures plus tôt.

En signe de victoire, les forces de sécurité ont hissé un grand drapeau brésilien au point le plus élevé de Vidigal. Appuyés par des blindés de la Marine et des hélicoptères, les forces d'élite de la police sont entrées vers 04h10 dans les rues de la Rocinha, un bidonville de 120'000 habitants situé sur une colline au coeur des quartiers riches de la ville.

Cette opération, la plus grande montée à Rio, mobilise quelque 2000 policiers et militaires dont 200 fusiliers marins et des centaines de policiers du Bope et des forces de choc, appuyés par dix-huit transports de troupes blindés de la marine et des hélicoptères.

Selon les autorités, environ 200 trafiquants de drogue fortement armés se trouvaient à l'intérieur de la Rocinha. Tous les accès aux deux favelas voisines ont été interdits depuis 02h30 du matin. L'espace aérien est également fermé jusqu'à lundi.

Opérations de "pacification"

"Nous souhaitons que les gens soient traités avec dignité, avec respect et que ceux qui ont commis des délits soient arrêtés mais pas assassinés" par la police, a dit à l'AFP, peu avant l'opération, William de Oliveira, président du Mouvement populaire des favelas, vête d'un T-shirt "I love Rocinha".

Depuis vendredi, des policiers fortement armés se sont déployés aux accès de la Rocinha. [KEYSTONE - MARCELO SAYAO]
Depuis vendredi, des policiers fortement armés se sont déployés aux accès de la Rocinha. [KEYSTONE - MARCELO SAYAO]

Les autorités ont lancé depuis 2008 de vastes opérations pour "pacifier" les quartiers pauvres de Rio contrôlés par les narcotrafiquants et les milices paramilitaires avant les compétitions sportives du Mondial 2014 de football et des jeux Olympiques de 2016.

La Rocinha est la 19e favela à être reprise aux narcotrafiquants qui y font la loi depuis trente ans. Les quartiers proches du mythique stade du Maracana ont été repris il y a quelques mois.

Il y a un an, fin novembre 2010, quelque 2600 parachutistes et policiers d'élite avaient conquis le principal bastion des narcotrafiquants, le "Complexo do Alemao", sans coup férir et en moins de deux heures, après une semaine de violences urbaines qui avaient fait 35 morts. (Lire: Narcotrafic)

Accès contrôlés

"On espère que la pacification va aussi apporter le traitement de l'eau, l'éducation, la santé. Il y a ici des gens vivant au milieu des cafards, faisant leurs besoins dans un seau, la pacification doit s'occuper de ces gens en priorité", a dit Raimundo Benicio de Sousa, connu comme "Lima", un leader communautaire de 56 ans.

"J'espère qu'une fois passée la Coupe du monde, on ne nous oubliera pas", a-t-il ajouté. "Je préférais la situation d'avant, on était habitué, je connaissais ceux qui contrôlaient la favela. Cela fait soixante ans que les choses sont ainsi à la Rocinha", dit Andrade, un moto-taxi de 32 ans qui monte et descend les habitants par les ruelles de la favela.

Depuis vendredi, des policiers fortement armés s'étaient déployés aux accès de la Rocinha et munis de photos de suspects, contrôlaient tous les véhicules qui entraient et sortaient de la favela. L'opération intervient après l'arrestation dans la nuit de mercredi à jeudi du trafiquant de drogue le plus recherché de Rio, Antonio Francisco Bomfim Lopes, alias "Nem", caché dans le coffre d'une voiture.

afp/mre

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