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Un séisme secoue Washington et New York

Des employés de bureau stupéfaits dans la rue à Washington, ou un ordre d'évacuation a été donné. [J. Scott Applewhite]
Des employés de bureau stupéfaits dans la rue à Washington, où un ordre d'évacuation a été donné. - [J. Scott Applewhite]
Un séisme très inhabituel de magnitude 5,9 a été ressenti mardi vers 17h50 GMT (19h50 en Suisse) sur la côte Est des Etats-Unis, notamment à New York et Washington. Le Pentagone et le Capitole ont été évacués ainsi que de nombreux immeubles de bureaux. Aucun incident ou victime n'était signalé vers 20h00.

"Il s'agit d'un des plus puissants séismes sur la côte Est depuis longtemps, depuis plusieurs décennies au moins", a assuré Lucy Jones, sismologue à l'Institut de géophysique américain (USGS), sur la chaîne CNN. L'Institut a indiqué qu'il s'agissait d'un séisme de magnitude 5,8. Un tremblement de terre est considéré comme "puissant" à partir de 6.

Plusieurs secondes de secousses

L'épicentre était situé, selon l'USGS, à Mineral, une localité de Virginie située entre Charlottesville et Richmond. Sa profondeur est estimée à moins d'un kilomètre sous terre. Dans un premier temps, les autorités avaient parlé d'une magnitude de 5,8, puis de 6.

Il s'agit du plus puissant séisme en Virginie depuis mai 1897. Un séisme de magnitude 7 dont l'épicentre était dans la région du St Laurent au Canada en février 1925 avait été ressenti sur la côte Est, cependant c'est la côte Ouest et la Californie qui sont plus coutumières des fortes secousses.

Le président Barack Obama, qui n'a pas ressenti lui-même le séisme, a été informé de la situation alors qu'il jouait au golf sur l'île huppée de Martha's Vineyard (Massachusetts, nord-est), a indiqué son porte-parole Josh Earnest.

"Il a été dit au président qu'il n'y a aucune information pour l'instant sur des dégâts majeurs au niveau des infrastructures, y compris les aéroports et les centrales nucléaires, ni de demande d'assistance", a ajouté M. Earnest.

Washington très perturbé

A Washington, la secousse a fait trembler des bâtiments pendant plusieurs secondes, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les trottoirs étaient envahis de personnes s'étant précipitées dans la rue au moment de la secousse. Beaucoup d'entre elles tentaient de joindre leurs proches au téléphone, mais les communications étaient perturbées. Dans le métro, la secousse a également été ressentie, mais le réseau continuait de fonctionner.

Le Pentagone, plus grand bâtiment de bureaux du monde dans lequel travaillent environ 23'000 employés civils et militaires, a été brièvement évacué dans le calme. Aucun dégât n'était signalé dans l'immédiat, si ce n'est la rupture d'une canalisation d'eau.

Le chantier du World Trade Center interrompu

A New York, des milliers de personnes ont évacué des bâtiments dans le quartier du palais de justice au sud de Manhattan et sont descendues dans la rue. Aucun signe de panique n'était toutefois visible, a constaté une journaliste de l'AFP. Le chantier de construction du World Trade Center a été arrêté. On ignorait si le réseau du métro de New York a été affecté par la secousse.

Des tours de contrôle de l'aéroport JFK de New York et de Newark Liberty Airport, dans le New Jersey, ont aussi été évacuées. Le trafic a repris normalement dans ces deux aéroports de la région de New York après des retards provoqués par la décision des autorités aéroportuaires d'inspecter les pistes et les installations.

Réacteurs nucléaires arrêtés

Deux réacteurs de la centrale nucléaire de North Anna Station à Mineral (Virginie) ont été automatiquement fermés juste après la secousse, a annoncé la Commission de régulation nucléaire (NRC), qui a précisé qu'il n'existait aucun risque pour le public. Les autres centrales nucléaires de la côte Est n'ont pas été affectées et fonctionnent normalement.

Enfin la cathédrale nationale de Washington a été endommagée par la secousse, trois pitons de sa flèche centrale s'étant effondrés. On signale d'autres dégâts structurels mineurs à ce bâtiment d'une hauteur de 30 étages, le plus haut de la capitale fédérale.

agences/mej

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Le risque sismique réévalué?

Le séisme qui a secoué la côte Est des EtatsUnis mardi va amener à renforcer la surveillance dans la zone de son épicentre, en Virginie. Il pourrait conduire à considérer cette région comme présentant un risque sismique plus sérieux qu'estimé jusqu'ici, selon des sismologues. Ce tremblement de terre de magnitude 5,8 "va probablement changer l'estimation du risque sismique sur la Côte Est", aujourd'hui considérée comme peu élevé, estime David Schwartz, un géologue de l'Institut de géophysique américain (USGS).

Déjà des équipes ont installé une batterie d'instruments pour surveiller et mesurer comment la faille géologique responsable de cette secousse et la croûte terrestre se meuvent, explique-t-il. L'USGS pourra ainsi mesurer plus précisément les répliques attendues, généralement de moindre puissance. Ce séisme pourrait aussi annoncer un tremblement de terre plus important, une probabilité estimée à 5%, par les sismologues. "Ce que nous avons appris du séisme de mardi sera largement applicable à la perception du risque sismique sur la Côte Est", une zone à forte densité de population, ajoute-t-il.

Ces informations "pourraient contribuer à des changements dans les normes de construction des nouveaux immeubles", estime David Schwartz. Si le risque de tremblement de terre sur la Côte Est est nettement moins grand que sur la Côte Ouest, et notamment en Californie, "les effets sont très différents", relève le géologue.

Dans l'est, la croûte terrestre est beaucoup plus ancienne, plus froide et dense que dans l'ouest faisant que les ondes sismiques s'y propagent plus aisément, explique-t-il. Ainsi un séisme de magnitude 5,8 sur la Côte Est est ressenti dans une zone beaucoup plus vaste qu'en Californie.

Il peut aussi "provoquer potentiellement plus de dégâts, d'autant que les immeubles et les infrastructures ne sont pas construits selon des normes leur permettant de résister à des tremblements de terre puissants, poursuit le géologue. "Si la magnitude du séisme de mardi avait été de 6,8 au lieu de 5,8 les conséquences auraient été très différentes", imagine-t-il. Très peu de dégâts ont été signalé mardi et ils ont été limités à la zone proche de l'épicentre.

Pour Tom Brocher, directeur du centre de recherche sismique à l'USGS, ce tremblement de terre "est scientifiquement très intéressant vu qu'il n'y en a relativement peu dans l'est américain". De ce fait, "le séisme de mardi va fournir aux scientifiques et ingénieurs des informations sur l'intensité des secousses qu'on peut anticiper lors de futurs tremblement de terre dans cette région", explique-t-il.

En Californie, vu le plus grand nombre de séismes, les scientifiques ont davantage d'informations pour prévoir et estimer le risque, dit le géologue. Sur la Côte Est, "le séisme va fournir plus de données concernant l'impact des secousses sur les infrastructures, les constructions, le sol et les glissements de terrain", précise Tom Brocher qui prévoit davantage de tremblement de terre dans l'est américain au cours des cent prochaines années.

Il fonde cette prédiction sur le fait que dans cette partie des Etats-Unis plusieurs séismes se sont produits dans le passé dont le plus grave, de magnitude 7,3, a détruit Charleston en Caroline du Sud en 1886, faisant 60 morts. La Virginie avait connu auparavant un tremblement de terre de puissance comparable, 5,9, en 1897. La région où s'est situé l'épicentre du séisme de mardi était déjà considérée comme une zone avec un risque sismique légèrement plus grand, souligne ce géologue.