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L'affaire DSK paraît loin d'être terminée

DSK [John Minchillo]
Même s'il affichait un franc sourire depuis vendredi, DSK doit faire face à une nouvelle plainte, en France cette fois-ci. - [John Minchillo]
Alors que les accusations américaines contre Dominique Strauss-Kahn semblent se dégonfler, la journaliste française Tristane Banon va porter plainte contre le socialiste pour tentative de viol. Les avocats de DSK contre-attaquent avec une plainte en dénonciation calomnieuse. Le point sur une affaire qui semble loin d'être terminée.

Plainte de la journaliste Tristane Banon et contre-attaque

La journaliste et écrivain française Tristane Banon, qui affirme avoir été agressée sexuellement en 2002 par Dominique Strauss-Kahn, va déposer plainte pour tentative de viol contre l'ex-patron du FMI, a annoncé son avocat lundi. La procédure sera lancée mardi. A l'époque des faits, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 31 ans, n'avait pas déposé plainte, sa mère, conseillère régionale PS de Haute-Normandie, ayant reconnu l'en avoir dissuadé. DSK "a pris connaissance de l'intention de Tristane Banon de déposer plainte à son encontre", or les faits qu'elle évoque sont "imaginaires", ont annoncé ses avocats. Par conséquent, Me Henri Leclerc et son associée, Me Frédérique Baulieu, "ont été chargés de rédiger une plainte en dénonciation calomnieuse contre Tristane Banon".En février 2007, la journaliste avait affirmé dans une émission télévisée qu'un homme politique, dont le nom était alors bipé, avait tenter de la violer. D'après elle, c'est lors d'un rendez-vous prévu pour un livre qu'elle préparait que DSK se serait montré de plus en plus pressant. D'après elle, "ça s'est très très mal fini, parce qu'on a fini par se battre, ça s'est fini très très violemment. Moi, j'ai donné des coups de pied. Il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d'ouvrir mon jean.". La prescription en matière de viol est de dix ans en France.

La suite de la procédure juridique

Aux Etats-Unis, suite à sa libération sur parole vendredi passé, la prochaine comparution de Dominique Strauss-Kahn aura lieu le 18 juillet. La grande question est maintenant de savoir si le procureur de New York va abandonner une partie ou toutes les charges qui pèsent contre DSK, soit sept accusations au total. Selon une source proche de l'enquête, aucune décision n'a encore été prise. La question risque de ne pas être tranchée dans les prochaines heures, ce lundi étant férié aux Etats-Unis en raison de la fête nationale. En attendant, Dominique Strauss-Kahn est libre de ses mouvements à l'intérieur du pays. La justice a cependant conservé son passeport. Depuis vendredi, DSK et son épouse Anne Sinclair ont été suivis par des centaines de journalistes lors de leurs déplacements, notamment dans un restaurant italien de Manhattan.

L'accusatrice, ange ou démon?

D'abord présentée comme une femme courageuse, travailleuse et sans reproche, l'accusatrice de DSK Nafissatou Diallo est aujourd'hui dépeinte d'une toute autre manière par la justice et les médias américains. Depuis que le procureur a révélé ses mensonges, les journaux américains, qui avaient été très prompts à condamner DSK, tirent à boulets rouges sur la Guinéenne. Certains médias la présentent comme une femme qui se prostituait, alors que le tabloïd New York Post assure que DSK aurait refusé de la payer après leur relation sexuelle. Une affirmation fermement démentie par la défense du Français. Vendredi, le New York Times indiquait que les enquêteurs la soupçonnent d'être impliquée dans des activités criminelles: trafic de drogue et blanchiment d'argent sale. Ces 2 dernières années, des individus ont déposé de l'argent liquide pour un total de 100’000 dollars sur son compte en banque. Elément supplémentaire de suspicion, la jeune femme disposerait de cinq lignes téléphoniques différentes.

Les mensonges de la femme de chambre

Le procurer Cyrus Vance, chargé de poursuivre Dominique Strauss-Kahn, a révélé vendredi que Nafissatou Diallo avait menti à plusieurs reprises. Tout d'abord, elle a menti pour obtenir l'asile aux Etats-Unis en 2004, en affirmant avoir été persécutée et violée en Guinée, son pays d'origine. Aux Etats-Unis, elle s'est inventée un second enfant à charge afin de frauder le fisc. Plus grave, la femme de chambre a menti sur le déroulement des faits le jour de l'agression présumée dans une suite de l'hôtel Sofitel de New York. Alors qu'elle avait dans un premier temps affirmé être restée prostrée, la Guinéenne reconnaît maintenant qu'elle a nettoyé une autre chambre avant de rapporter l'incident à son superviseur. Enfin, le cas de la femme de chambre est aggravé par l'enregistrement d'une conversation téléphonique qu'elle a eue au lendemain de l'agression avec son petit ami, emprisonné pour des soupçons de trafic de drogue. "Ne t'inquiète pas, ce type a beaucoup d'argent. Je sais ce que je fais", lui a-t-elle dit.

Théorie du complot, le come back

En France, les derniers rebondissements de cette affaire ont relancé les interrogations parmi des proches de DSK sur une éventuelle manipulation dont il aurait fait l'objet. Michèle Sabban, vice-président PS du conseil régional d'Ile-de-France et fidèle de Dominique Strauss-Kahn, s'interroge sur "l'attitude de la direction du Sofitel" peu après les faits présumés. Et pour le vice-président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale François Loncle, "tout n'est pas clair". Ce proche de DSK évoque l'hypothèse de "connexions" entre le groupe français Accor, propriétaire du Sofitel, et "certaines officines françaises". Accor a nié "formellement" toute intervention de ses dirigeants dans l'affaire DSK.

Le retour à la présidentielle

La libération sur parole et un possible abandon des charges alimentent les rumeurs d'une éventuelle candidature de Dominique Strauss-Kahn à la présidentielle française de 2012. Avant toute l'affaire, l'ex-patron du FMI était très bien placé dans les sondages: il était donné meilleur candidat du PS et très largement vainqueur face à Nicolas Sarkozy. L'une des questions qui se pose pour les socialistes est de savoir s'il faut revoir le calendrier des primaires, car la clôture du dépôt des candidatures est fixée au 13 juillet. Interrogée, Martine Aubry a indiqué qu'elle n'avait pas l'intention de changer cette date pour l'instant. Une majorité des socialistes n'envisagent toutefois pas de retour de DSK, à l'image du porte-parole Benoît Hamon, qui a indiqué lundi qu'une candidature de DSK à la primaire était "l'hypothèse la plus faible". Le suspense pourrait durer encore un peu: s'il suit les conseils de ses avocats, Dominique Strauss-Kahn ne devrait pas s'exprimer avant d'être totalement blanchi par la justice américaine.

Cécile Rais/agences

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