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Pékin libère l'artiste dissident Ai Weiwei

Arrêté le 3 avril, Ai Weiwei a pu rentrer chez lui. [KEYSTONE - AP Photo/Ng Han Guan]
Arrêté le 3 avril, Ai Weiwei a pu rentrer chez lui. - [KEYSTONE - AP Photo/Ng Han Guan]
La Chine a créé la surprise en annonçant tard mercredi la libération sous caution de l'artiste dissident chinois Ai Weiwei, assurant toutefois qu'il avait "confessé" s'être rendu coupable d'une fraude fiscale massive. L'artiste, qui souffrirait de diabète, s'est dit prêt à verser à l'Etat les sommes dues.

Ai Weiwei a été libéré sous caution pour une durée d'un an et "durant cette période,  il fait toujours l'objet d'une enquête. Il n'a pas le droit de quitter sa zone de résidence, c'est-à-dire la ville ou le district de Pékin, sans permission", a dit  un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Cet artiste avant-gardiste de 54 ans en délicatesse avec le régime communiste ces dernières années, avait été arrêté le 3 avril au moment où il tentait de prendre un avion pour Hong Kong, et mis au secret, sans qu'aucune charge contre lui ne soit rendue publique. Son arrestation, intervenue au milieu de la pire vague de répression de la dissidence depuis les années post-Tiananmen, avait provoqué l'émoi à l'étranger.

Evasion fiscale

Les autorités chinoises avaient récemment laissé entendre qu'Ai Weiwei était coupable d'une évasion fiscale d'ampleur, ce qui laissait présager une lourde peine de prison. Mais, selon des sources informées, la Chine ne savait pas comment régler le cas Ai Weiwei, en raison de la notoriété mondiale de l'artiste et de l'ampleur des protestations - qui l'avait surprise - après son arrestation.

L'annonce faite mercredi permet donc à Pékin de trouver une issue, mais était inattendue, même si des rumeurs de libération imminente avaient circulé sur l'internet chinois, avant d'être promptement effacées par les censeurs.

L'artiste, qui a participé à la conception du célèbre "nid d'oiseau", le stade des jeux Olympiques de Pékin en 2008, s'est souvent heurté au pouvoir chinois en le critiquant frontalement ou en défendant des causes humanitaires. Son atelier de Shanghaï avait été récemment détruit. Il avait notamment mené un virulent combat pour dénoncer la corruption à l'origine de l'effondrement d'écoles construites au rabais dans le Sichuan qui avait provoqué la mort de centaines d'enfants pendant le séisme de 2008.

afp/cab

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"Heureux d'être libre"

L'artiste dissident chinois Ai Weiwei a déclaré jeudi à l'AFP être "heureux d'être libre", mais ne pas pouvoir donner d'informations à la presse sur les conditions de sa libération surprise intervenue mercredi soir après plus de deux mois et demi de détention.

"Je vais bien. Je suis très heureux d'être libre et d'être de retour dans ma famille", a déclaré au téléphone l'artiste âgé de 54 ans.

"Je suis libre sous caution, je ne peux donc donner aucune information. Je ne peux pas accorder d'interview", a encore dit Ai Weiwei au cours de ce bref entretien.

En fin de matinée, l'artiste a indiqué, de nouveau par téléphone à l'AFP, être sorti du grand complexe où se trouve son studio à Caochangdi, avec des membres de sa famille.

Des dizaines de journalistes étrangers avaient afflué autour du complexe, situé dans ce quartier d'artistes du nord de Pékin, qui comporte plusieurs sorties. Aucune présence policière n'était visible.