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DSK: la thèse du rapport sexuel consenti avancée

DSK [Shannon Stapleton]
DSK abattu et fatigué lors de l'audience de lundi. - [Shannon Stapleton]
Les avocats de Dominique Strauss-Kahn envisagent de soutenir la thèse d'un rapport sexuel consenti entre le patron du FMI et la femme de ménage qui l'accuse d'agression. Des détails commencent en outre à filtrer sur l'accusatrice, qui vit un traumatisme "extraordinaire".

"Les preuves, nous le croyons, ne corroboreront pas la thèse de la relation sexuelle forcée", a expliqué Ben Brafman, l'un des avocats de Dominique Strauss-Kahn, cité sur le site internet du New York Post.

Ces affirmations pourraient constituer une nouvelle ligne de défense pour le patron du FMI, empêtré dans cette affaire d'agression sexuelle dans un hôtel de Manhattan.

Détails sur la femme de ménage

Des informations ont par ailleurs commencé à filtrer sur l'accusatrice du patron du FMI. Selon son avocat Jeff Shapiro sur CNN, la victime présumée vit un traumatisme "extraordinaire". "Le monde est sens dessus dessous pour elle", a déclaré Me Shapiro. "Le traumatisme qui a surgi dans sa vie est extraordinaire", a-t-il ajouté. "Depuis que c'est arrivé, elle n'a pas pu rentrer chez elle. Elle ne peut pas retourner travailler et elle n'a aucune idée de quoi l'avenir sera fait", a-t-il déclaré.

"C'est une personne qui travaille dur, une mère célibataire qui élève seule une adolescente de 15 ans. Elles vivent toutes les deux ensemble", a-t-il ajouté à propos de la victime présumée. "Elle est heureuse d'avoir un travail, qui lui permet d'avoir un toit et de les nourrir, sa fille et elle", a dit l'avocat.

Au niveau de la procédure, une chambre d'accusation ("grand jury") de 16 à 23 jurés populaires doit se réunir "dans les trois jours", à compter de lundi pour entendre les éléments de preuve de l'accusation et décider d'une inculpation ou non. A ce jour, DSK nie toutes les charges qui pèsent contre lui, selon ses avocats.

Nuit à Rikers

De son côté, Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, a passé la nuit dans l'immense prison de Rikers Island, située sur une île de l'East River, au nord-est de Manhattan, où il bénéficie d'une cellule individuelle. "Il ne sera pas en contact avec les autres prisonniers", a précisé un porte-parole de l'administration pénitentiaire de la ville sous couvert d'anonymat.

"Il ne s'agit pas d'isoler un détenu de tout contact humain, il s'agit de s'assurer qu'un détenu n'est pas agressé d'une manière quelconque en raison de sa célébrité", a expliqué le porte-parole.

Dominique Strauss-Kahn, interpellé samedi, a été écroué lundi par une juge de New York. Il nie les faits qui lui sont reprochés. La juge Melissa Jackson a refusé de libérer l'ancien ministre français moyennant une caution d'un million de dollars, deux jours après son arrestation à l'aéroport Kennedy de New York alors qu'il se trouvait dans un avion en partance pour Paris.

Appel en vue

La juge a pris cette décision juste après que l'accusation eut déclaré que Dominique Strauss-Kahn aurait été impliqué dans une affaire similaire dans "au moins un" autre cas. Il y a des "informations selon lesquelles il a eu une conduite similaire à celle-ci", a déclaré le procureur devant le tribunal.

Les avocats de Dominique Strauss-Kahn envisagent de faire appel de la décision, mais si celle-ci est confirmée, le patron du FMI pourrait être maintenu à Rikers Island pendant toute la durée du procès.

Il n'était pas menotté lundi, contrairement à dimanche soir, comme l'ont montré les images de sa sortie d'un commissariat de Harlem (nord de Manhattan) qui ont fait le tour du monde et provoqué une onde de choc. La juge a évoqué un risque de fuite du patron du FMI pour ordonner son maintien en détention. La prochaine audience a été fixée à vendredi.

Anne Sinclair à New York

Dominique Strauss-Kahn est visé par sept chefs d'accusation, dont acte sexuel criminel et tentative de viol et de séquestration, suite aux accusations d'une femme de chambre de 32 ans, employée dans un hôtel Sofitel de New York.

Son épouse, l'ancienne journaliste Anne Sinclair, est arrivée lundi à New York en provenance de Paris.

Sarkozy sort de sa réserve

Le pouvoir français est sorti de sa réserve mardi, évoquant pour la première fois une éventuelle culpabilité de Dominique Strauss-Kahn. Le Premier ministre François Fillon a déclaré que si les faits reprochés à Dominique Strauss-Kahn étaient "avérés", il s'agirait "d'un acte très grave qui n'appelle aucune excuse".

Sans citer Dominique Strauss-Kahn, Nicolas Sarkozy a lui appelé les responsables de la droite au "sang-froid" et à la dignité". Jusqu'à présent, seuls des responsables de la majorité s'étaient exprimés, appelant à la retenue et au respect de la présomption d'innocence et craignant que cette affaire ne ternisse l'image de la France dans le monde.

Les socialistes sous le choc

Encore sous le choc de l'incarcération de leur champion pour la présidentielle de 2012, les principaux dirigeants socialistes se sont retrouvés mardi matin pour une réunion de crise. "Nous avions besoin de nous retrouver dans un moment douloureux, pour l'un d'entre nous et pour nous tous", a déclaré la patronne du PS Martine Aubry.

Martine Aubry a estimé que ce n'était "pas le moment" d'évoquer sa candidature aux primaires du PS pour désigner le candidat pour 2012, dont DSK était jusque là le grand favori.

Par ailleurs, selon un sondage publié mardi, François Hollande est le grand bénéficiaire d'une probable mise hors-jeu de Dominique Strauss-Kahn pour les primaires socialistes à la présidentielle de 2012 en France. Lire Présidentielle française

agences/cer

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Le FMI va "suivre les événements"

Le Fonds monétaire international a annoncé lundi à l'issue d'une réunion de son conseil d'administration consacrée au sort de son directeur général Dominique Strauss-Kahn qu'il allait "suivre les événements".

Le FMI n'a pris aucune décision pour le moment, a ajouté l'organisation. Le Fonds a indiqué dans un communiqué que les 24 représentants de pays et groupes de pays qui composent l'instance avaient été informés de la situation lors d'une "réunion informelle".

Le FMI est dans une situation inédite et complètement imprévue, avec son numéro un sous les verrous qui s'expose à une procédure disciplinaire mais qui est présumé innocent.