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"Personne n'est contre moi", clame Kadhafi

Kadhafi - notre meilleur ennemi
Les propos de Mouammar Kadhafi ont été qualifiés de "délirants" par l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Susan Rice.
"Mon peuple m'adore. Il mourrait pour me protéger", a affirmé lundi Mouammar Kadhafi dans un entretien à plusieurs médias, alors que les forces du colonel libyen ont ouvert le feu pour disperser une manifestation dans le quartier Tadjoura de Tripoli.

"Ils m'aiment. Tout mon peuple est avec moi. Ils m'adorent tous. Ils mourraient pour me protéger et protéger mon peuple", a déclaré le colonel dans un anglais haché, au cours de cet entretien dont un extrait a été diffusé par la BBC.

"Il n'y a pas de manifestations"

"Vous ne comprenez pas le système d'ici, et le monde ne comprend pas le système d'ici, l'autorité du peuple. (Il n'y a) pas du tout de manifestations dans les rues", a-t-il affirmé. "Personne n'est contre nous, contre moi, pour quoi faire?", a-t-il encore déclaré.

Le colonel Kadhafi a tenu ces propos au cours d'un entretien auquel a participé la journaliste Christiane Amanpour de la chaîne américaine ABC, qui les a dans un premier temps reproduits dans des messages sur son compte Twitter. Ce dernier a aussi redit que ceux qui avaient manifesté dans le pays étaient sous l'influence de drogues fournies par Al-Qaïda, selon la BBC. Il a affirmé que des gens s'étaient emparés d'armes et que ses partisans avaient reçu l'ordre de ne pas riposter en cas de tirs, a ajouté la BBC.

Interrogé pour savoir s'il se sentait trahi par les Etats-Unis, le colonel Kadhafi a répondu, selon ABC: "je suis surpris que nous ayons une alliance avec l'Occident pour combattre Al-Qaïda et qu'il nous ait abandonnés maintenant que nous combattons des terroristes". "Peut-être qu'ils veulent occuper la Libye", a-t-il ajouté, toujours cité par la chaîne américaine, qui précise que le dirigeant libyen a insisté sur le fait qu'il ne pouvait pas démissionner, n'étant ni président ni roi.

Mouammar Kadhafi a déclaré que le président américain Barack Obama était "un homme bien" mais qu'il était victime de "désinformation". "Les déclarations que j'ai entendues de sa part devaient provenir de quelqu'un d'autre", a-t-il déclaré, ajoutant que "l'Amérique n'est pas la police du monde".

Répression meurtrière

Le discours de Mouammar Kadhafi, qualifié de "délirant" par l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Susan Rice, survient alors qu'une manifestation survenue lundi à Tripoli était à nouveau durement réprimée. Plusieurs personnes ont été tuées et d'autres blessées, rapporte le quotidien libyen Kourina dans son édition en ligne. La manifestation rassemblait près de 10'000 participants, selon un correspondant du journal.

"Quand les manifestants ont atteint le souk Djouma, ils y ont été rejoints par des hommes armés du bataillon de Kadhafi qui étaient habillés en civil et ont ouvert le feu sur des jeunes non armés (...) Beaucoup de ces jeunes ont été blessés et tués", ajoute-t-il, se référant à un marché de Tripoli. "Les hommes armés ont ensuite emmené les morts, les blessés et même des passants qui étaient près des blessés", selon Kourina, dont les informations n'ont pu être vérifiées.

L'opposition contrôle de vastes  zones

L'opposition libyenne contrôle de vastes territoires du pays, y compris les principaux champs de pétrole, a annoncé lundi l'Union européenne.

Un jeune Libyen s'amuse sur un char détruit à Benghazi. [Patrick Baz]
Un jeune Libyen s'amuse sur un char détruit à Benghazi. [Patrick Baz]

Au 14e jour de l'insurrection, le Guide libyen ne contrôle plus que Tripoli et sa région. "Nous avons tout lieu de penser que le gros des champs d'exploitation (de gaz et de pétrole) n'est plus entre les mains de Kadhafi", a déclaré le commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger.

Après l'ONU et les Etats-Unis, l'Union européenne a adopté lundi un embargo sur les armes contre la Libye ainsi qu'un gel des avoirs et des interdictions de visas d'entrée dans l'espace Schengen contre le colonel Kadhafi et 25 de ses proches. La Suisse examinera si elle se joint à ces sanctions, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Les Etats-Unis ont annoncé avoir bloqué 30 milliards d'actifs libyens et ont envoyé des forces navales et aériennes autour de la Libye (lire ci-contre). Réunis à Genève pour le Conseil des droits de l'homme, de nombreux ministres ont également accentué la pression sur Tripoli. "Il est temps pour Kadhafi de partir sans autre violence ou retard", a lancé la cheffe de la diplomatie américaine Hillary Clinton, plaidant pour "des mesures supplémentaires" visant à le faire plier (lire article ci-joint).

Négociations avec l'opposition?

Sous pression, le régime se dit prêt à discuter avec les rebelles. Le vice-ministre des affaires étrangères Khaled Kaïm a ainsi annoncé lundi que le gouvernement tenterait d'établir un dialogue avec les insurgés avant de recourir à la force. Al-Jazira a affirmé que le chef des renseignements extérieurs avait été chargé de discuter avec les rebelles basés autour de Benghazi.

Sans parler de projet de négociation, un responsable gouvernemental cité par Reuters a de son côté affirmé que Mouammar Kadhafi avait décidé de dépêcher lundi soir à Benghazi un émissaire chargé d'une aide humanitaire. Les rebelles ont toutefois d'ores et déjà exclu tout dialogue.

Bilan difficile à évaluer

Le bilan des violences restait lui difficile à évaluer. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a parlé d'un millier de morts. A Benghazi seule, 256 personnes ont été tuées et 2000 blessées, selon des médecins cités par la Croix Rouge internationale.

Face au chaos, les évacuations des ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles. Près de 100'000 personnes, majoritairement des travailleurs égyptiens et tunisiens, ont déjà quitté le pays via les frontières. A l'aéroport de Tripoli, des foules énormes attendaient de pouvoir partir.

agences/hof

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Forces navales américaines en place

Les Etats-Unis ont fait monter la pression sur le colonel libyen Mouammar Kadhafi lundi en annonçant l'arrivée dans la région de forces navales et aériennes, et en estimant que l'exil du dirigeant constituait "une possibilité" pour mettre fin à l'insurrection dans le pays.

L'armée américaine positionne des forces navales et aériennes autour de la Libye, a annoncé le Pentagone, au moment où les puissances occidentales étudient des options militaires contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.

"Nous avons des planificateurs qui étudient plusieurs plans possibles et je pense que l'on peut dire à coup sûr qu'au vu de cela, nous sommes en train de repositionner des forces en vue d'avoir la flexibilité nécessaire une fois que les décisions auront été prises", a déclaré à des journalistes le porte-parole du Pentagone, Dave Laplan.

Aucune action militaire n'est prévue en Libye impliquant des navires américains, a néanmoins affirmé lundi à Genève la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

"Comme vous le savez, nous avons des forces navales en Méditerranée" a-t-elle indiqué, au cours d'un point de presse à Genève en marge de la session annuelle du Conseil des Droits de l'homme.

"Nous croyons qu'il y aura des besoins pour aider à des interventions humanitaires, nous savons également qu'il va y avoir probablement malheureusement des besoins pour des missions de sauvetage" a ajouté Hillary Clinton.