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Mandats d'arrêt contre le président déchu Ben Ali

Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et sa femme Leila. [Keystone - Alfred de Montesquiou]
Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et sa femme Leila se sont réfugiés en Arabie Saoudite. - [Keystone - Alfred de Montesquiou]
La justice tunisienne et Interpol ont lancé mercredi un mandat d'arrêt international contre l'ancien président Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi. Dans le même temps, l'annonce du remaniement du gouvernement de transition, très attendu pour calmer la colère de la rue, a été repoussée à jeudi.

La justice tunisienne a lancé un mandat d'arrêt contre l'ancien couple présidentiel pour "acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers" et "transferts illicites de devises à l'étranger", a indiqué le ministre de la Justicei.

Ben Ali a fui son pays le 14 janvier, sous la pression d'une révolte populaire sans précédent. Il a trouvé refuge en Arabie Saoudite. Son épouse, Leïla Trabelsi, dont la famille a fait main basse sur des pans entiers de l'économie tunisienne, l'y a rejoint. Benhassen Trabelsi, frère de Leïla Trabelsi, lui-aussi en fuite, est également visé par cette enquête ainsi que huit autres membres de la famille Trabelsi détenus en Tunisie.

De son côté, Interpol a déclaré que son bureau de Tunis avait émis une alerte mondiale en vue d'obtenir la localisation et l'arrestation de Ben Ali et de six de ses proches.

Le chef de la sécurité aussi poursuivi

Benhassen Trabelsi, frère de Leïla Trabelsi, lui-aussi en fuite, est également visé par cette enquête ainsi que huit autres membres de la famille Trabelsi détenus en Tunisie. Le ministre de la Justice a par ailleurs indiqué que six membres de la garde présidentielle, dont l'ancien chef de la sécurité du président de Ben Ali, le général Ali Sériati, étaient poursuivis dans le cadre d'une enquête distincte visant des exactions contre la population et les forces de sécurité.

La justice tunisienne avait déjà annoncé l'ouverture d'une information judiciaire le 16 janvier visant notamment le général Sériati pour "complot contre la sécurité intérieure de l'Etat, incitation à commettre des crimes et à s'armer et provocation au désordre". Homme clé de la sécurité du président déchu, il est considéré comme le commanditaire de la campagne de terreur menée par des miliciens armés fidèles à l'ancien président dans les jours qui ont immédiatement suivi sa chute. Ces hommes avaient semé la terreur en commettant des exactions contre des civils et en tirant sur des membres des forces de sécurité à Tunis et dans d'autres villes du pays.

Remaniement du gouvernement jeudi

Le président Ben Ali a fui la Tunisie le 14 janvier 2011 pour se réfugier en Arabie saoudite. [REUTERS - Jean-Paul Pelissier]
Le président Ben Ali a fui la Tunisie le 14 janvier 2011 pour se réfugier en Arabie saoudite. [REUTERS - Jean-Paul Pelissier]

L'annonce d'un remaniement gouvernemental a par ailleurs été repoussée à jeudi, a annoncé le porte-parole du gouvernement de transition. Ce cabinet est très décrié en raison de la mainmise de leaders de l'ancien régime aux postes-clés (Défense, Intérieur, Justice, Affaires étrangères). Dans l'attente de cette annonce, l'ambiance est restée tendue aux abords des bureaux du Premier ministre Mohamed Ghannouchi.

Dans la matinée, la police a tiré des grenades lacrymogènes contre des manifestants qui voulaient forcer un barrage et jetaient des pierres. Plusieurs milliers de manifestants sont également descendus dans la rue à à Sfax (270 km au sud de Tunis), la deuxième ville du pays. Ils répondaient à un appel à la grève générale pour la démission du gouvernement. De source syndicale, ces manifestants étaient "au moins 50'000".

En fin de journée, les autorités tunisiennes ont annoncé un allègement du couvre-feu, désormais en vigueur de 22h à 4h, "en raison d'une amélioration de la situation". Le couvre-feu courait auparavant de 20h à 5h.

La grande inconnue réside dans l'accueil que réserveront les manifestants au remaniement. Les cinq ministres et secrétaire d'Etat ayant démissionné la semaine dernière, trois syndicalistes, un opposant et un membre de l'ancien régime, doivent être remplacés. D'autres ministres ayant servi sous Ben Ali devraient à leur tour quitter l'exécutif en signe d'apaisement. M. Ghannouchi, dernier premier ministre de Ben Ali et qui occupe le poste depuis onze ans, est également très contesté par les protestataires qui réclament sa tête.

afp/boi

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Septante et un détenus décédés et 9500 évadés

Septante et un détenus sont morts en Tunisie, au cours du mois de soulèvement populaire ayant renversé le président Ben Ali, a annoncé le ministre de la Justice.

Parmi les personnes décédées, 48 ont succombé dans l'incendie de la prison de Monastir (centre), à 160 km au sud de Tunis.

Des évasions massives, des attaques extérieures et des mutineries ont également eu lieu pendant cette période de troubles.

"Il y avait 31'000 personnes détenues dans les prisons. Ceux qui se sont enfuis sont au nombre de 11'029. A la suite d'un premier appel que j'ai lancé sur les ondes radio, 1532 détenus se sont rendus spontanément", a poursuivi le ministre.

"Je lance à nouveau un appel à tous les détenus qui restent en fuite, soit 9500, pour qu'ils se rendent et réintègrent la prison", a-t-il ajouté.