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De violents combats ensanglantent la Birmanie

Les réfugiés traversent par milliers la rivière séparant la Birmanie de la Thaïlande pour fuir les combats. [REUTERS - Stringer Thailand]
Les réfugiés traversent par milliers la rivière séparant la Birmanie de la Thaïlande pour fuir les combats. - [REUTERS - Stringer Thailand]
Des combats meurtriers à l'arme lourde ont éclaté lundi, au lendemain des élections, entre rebelles karen et l'armée dans l'est de la Birmanie, faisant au moins trois morts et précipitant plus de 10’000 réfugiés vers la Thaïlande voisine.

La ville de Myawaddy, située à la frontière avec la Thaïlande en Etat karen, "a été attaquée" en début de matinée avec des "armes lourdes", a indiqué une source officielle birmane à l'AFP. Trois civils ont été tués et 11 blessés dans la ville, selon une autre source.

Une roquette RPG a touché la ville de Mae Sot, en Thaïlande, faisant plusieurs autres blessés. Ces combats ont poussé des milliers de Birmans vers la Thaïlande, traversant en bateau la rivière séparant les deux pays dans cette région.

Roquettes sur la Thaïlande

Environ un millier de réfugiés ont également passé la frontière à quelque 150 kilomètres au sud, au col des Trois Pagodes, où des combats ont également eu lieu côté birman, selon un responsable du district thaïlandais de Sangkhla Buri, qui a précisé que "quelques" roquettes RPG étaient aussi tombées en Thaïlande sans faire de victime.

Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a de son côté exprimé la crainte que ces combats se poursuivent "pendant les trois mois à venir". Il a ajouté que son gouvernement aiderait les réfugiés "sur des bases humanitaires", tout en rappelant que Bangkok ne voulait "pas de problèmes sans fin".

Les tensions avaient commencé dimanche, lorsque quelque 300 rebelles de l'Armée bouddhiste démocratique karen (DKBA) avaient manifesté arme au poing à Myawaddy contre les premières élections depuis 20 ans, un scrutin dont des millions de membres de minorités ethniques ont été exclus, officiellement pour des raisons de sécurité.

Nouvelle guerre civile?

Ces rebelles refusent aussi le projet du régime de forcer les groupes armés signataires d'un cessez-le-feu avec elle à rejoindre les forces qui assurent la sécurité des frontières, ce qui les placeraient de facto sous contrôle de l'Etat.

Plus de 100’000 Birmans, en majorité des Karens, vivent déjà dans des camps de réfugiés en Thaïlande. Si ces incidents ne concernent qu'une petite partie des Karens, ils pourraient faire tâche d'huile dans un contexte de grande tension.

La secrétaire générale de la KNU a ainsi indiqué que 900 soldats de son organisation étaient prêts à y prendre part. Et la semaine dernière, Democratic Voice of Burma, média birman en exil, avait annoncé l'alliance de six groupes rebelles des Etats karen, kachin et shan, dont la DKBA.

Une situation qui pourrait conduire à une reprise de la "guerre civile", selon Maung Zarni, analyste à la London School of economics. De nombreuses minorités ethniques, qui représentent au moins un tiers des 50 millions d'habitants de la Birmanie, n'ont jamais pacifié leurs rapports avec le pouvoir central depuis l'indépendance en 1948.

afp/os

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Scrutin très critiqué en Occident

Les partis fidèles à l'armée birmane semblaient assurés de la victoire lundi, au lendemain des premières élections dans le pays depuis 20 ans, un scrutin critiqué en Occident.

L'indignation venue d'abord des Etats-Unis et d'Europe contrastait avec la discrète auto-célébration à laquelle se livrait la presse locale, qui diffusait des photos de hauts-responsables, généralissime Than Shwe en tête, en train d'accomplir leur devoir civique.

"Les résultats dans tout le pays pourraient prendre une semaine", a indiqué une source birmane sous couvert de l'anonymat.

"Le taux de participation est estimé à autour de 60%", a-t-il ajouté alors qu'aucun chiffre officiel n'était encore publié et qu'observateurs et journalistes étrangers n'ont pas été autorisés à travailler.