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La Turquie perd patience envers l'UE

Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu est en colère contre l'UE.
Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu est en colère contre l'UE.
La Turquie a tapé du poing sur la table samedi face à l'enlisement de ses négociations d'adhésion à l'UE, alors que l'Europe cherche par tous les moyens à garder arrimé à elle ce pays à l'influence grandissante dans le monde.

L'irritation d'Ankara a été exprimée à la veille du référendum sur une révision de la Constitution nationale, que le parti AKP au pouvoir présente comme un atout dans la candidature de la Turquie au bloc de 27 pays.

"La Turquie n'acceptera jamais la moindre alternative au processus de négociations" en cours avec l'Union européenne en vue d'une adhésion, a prévenu son chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu, à l'issue d'une rencontre avec ses homologues européens à Bruxelles.

"Dialogue stratégique"

Les pays de l'UE lui ont à cette occasion offert de développer un "dialogue stratégique" avec eux sur les grands problèmes du monde, indépendamment des discussions sur l'entrée éventuelle du pays dans l'UE. Ankara est devenu un acteur de poids sur la scène diplomatique, jouant les médiateurs dans le contentieux autour du programme nucléaire iranien ainsi qu'au Proche-Orient.

 Mais le ministre turc a estimé devant la presse qu'il était "difficile de développer une telle vision stratégique" de partenariat avec l'Europe "s'il n'y a pas d'avancée dans les négociations" d'adhésion. "C'est la raison pour laquelle j'ai exprimé lors de la réunion aujourd'hui notre mécontentement face au rythme des négociations, je l'ai dit clairement", a dit M. Davutoglu, estimant qu'il fallait "changer d'approche" en cessant de lier les discussions à la situation à Chypre.

Impasse à Chypre

Ankara a entamé des négociations d'adhésion à l'UE en 2005, mais elles n'avancent que très lentement du fait de l'impasse à Chypre, de la lenteur des réformes en Turquie et plus fondamentalement du refus de certains pays comme la France et l'Allemagne d'accepter son entrée.

L'UE, mais aussi Chypre et la France bloquent 18 des 35 chapitres thématiques qui jalonnent ces pourparlers d'adhésion, en raison principalement du problème chypriote. Seuls trois chapitres peuvent encore potentiellement être ouverts, après quoi l'impasse sera totale, avec sans doute une vraie crise entre l'UE et la Turquie.

Soutien anglais

Paris et Berlin prônent à la place un "partenariat privilégié" avec la Turquie. Ankara peut en revanche compter sur le soutien d'autres pays. La Grande-Bretagne, qui avait sèchement dénoncé en juillet le "non" de Paris et Berlin, a de nouveau estimé samedi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, William Hague, "qu'il serait bon que ces négociations s'accélèrent" car une Turquie dans l'UE donnerait "une combinaison très puissante".

Plus dur, son collègue suédois Carl Bildt a jugé en référence à la France et Chypre, "totalement inacceptable que des pays bloquent pour des raisons politiques intérieures le processus d'adhésion, c'est contraire à l'esprit de l'Europe".

agences/lan

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