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L'ETA renonce à la violence armée. Définitivement?

L'organisation indépendantiste affirme avoir pris la décision de renoncer à la violence, il y a déjà plusieurs mois.
L'organisation indépendantiste affirme avoir pris la décision de renoncer à la violence, il y a déjà plusieurs mois.
L'organisation indépendantiste basque ETA, tenue pour responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans de violences, a annoncé dimanche un cessez-le-feu, dont on ignore s'il est temporaire ou définitif. Le gouvernement espagnol s'est montré prudent et sceptique.

L'annonce a été faite dans une vidéo transmise à la radio-télévision britannique BBC et au journal basque Gara proche des milieux indépendantistes. Mise en ligne par ce dernier, la vidéo montre trois personnes encagoulées, assises à une table face à la caméra, devant une affiche représentant le symbole de l'ETA avec un serpent et une hache.

L'organisation indépendantiste annonce qu'elle "ne mènera pas d'actions offensives armées" dans le cadre sa lutte pour l'indépendance du Pays Basque (nord). Elle ajoute avoir pris cette décision il y a plusieurs mois, "pour arriver à un scénario de processus démocratique", mais ne précise pas si ce cessez-le-feu est temporaire ou définitif.

Gouvernement sceptique

Le gouvernement socialiste espagnol, échaudé par la rupture brutale par l'ETA de sa dernière trêve en 2006, restait prudent dimanche en milieu de journée, le ministère de l'Intérieur indiquant être en train d'"analyser le communiqué".

Le Premier ministre Zapatero a été échaudé par la rupture brutale par l'ETA de sa dernière trêve en 2006.
Le Premier ministre Zapatero a été échaudé par la rupture brutale par l'ETA de sa dernière trêve en 2006.

Le chef de gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero est "sceptique" face à ce communiqué, indique le site internet du journal El Mundo, citant des sources gouvernementales. Cette annonce "lui paraît très insuffisante", selon El Mundo. L'ETA "n'a qu'un seul destin: déposer les armes et sans aucune condition", déclarait encore fin juillet le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero.

L'annonce par l'organisation indépendantiste basque ETA d'un cessez-le-feu est "insuffisante" et "ambiguë" car il ne s'agit pas d'un engagement à arrêter définitivement la violence, a de son côté estimé dimanche le responsable de l'Intérieur du gouvernement autonome basque.

Un vrai changement de cap?

Selon des extraits d'une traduction de la vidéo en espagnol, réalisée par Gara, l'organisation "réaffirme son engagement envers une solution démocratique (...) pour qu'à travers le dialogue et la négociation, nous, les citoyens basques, puissions décider de notre avenir de forme libre et démocratique". "Si le gouvernement espagnol le veut, ETA est prête aujourd'hui comme hier à convenir de conditions démocratiques minimales nécessaires à la mise en place d'un processus démocratique", poursuit la déclaration.

Ce n'est pas la première fois que le mouvement séparatiste proclame un cessez-le-feu. En mars 2006, il avait annoncé une trêve permanente et, quelques mois plus tard, José Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement espagnol, informait son parlement qu'il était prêt à engager des pourparlers de paix avec les clandestins. L'explosion d'une voiture piégée le 30 décembre de cette même année dans un parking de l'aéroport de Madrid-Barajas, fatale à deux Equatoriens, avait conduit le Premier ministre espagnol à interrompre le processus.

afp/cab

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L'ETA décimée depuis 2006

L'ETA, fondée le 31 juillet 1959 et considérée comme une organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis, est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes depuis son premier attentat meurtrier officiel, le 7 juin 1968.

Elle n'a pas commis d'attentat depuis août 2009 et a été fortement décimée par des arrestations à répétition depuis la fin de sa trêve de 2006.

Depuis le début de l'année, 68 membres présumés et collaborateurs de l'organisation ont été arrêtés en Espagne ou dans d'autres pays d'Europe.

Pression de Batasuna

Le parti nationaliste basque Eusko Alkartasuna (EA) et son allié Batasuna, la vitrine politique de l'ETA interdite depuis 2003, ont demandé ces derniers jours un "cessez-le-feu permanent de l'ETA sous vérification internationale".

Le mouvement radical Batasuna faisait pression depuis plusieurs mois sur l'ETA pour que l'organisation renonce à la violence.

Batasuna tente par tous les moyens de revenir dans le jeu démocratique, notamment en s'alliant avec l'EA, dans le but d'être présent aux élections municipales basques de 2011.