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Deux commandants des Gardiens de la révolution iraniens tués par une frappe israélienne à Damas

Mort du haut commandant des Gardiens de la Révolution iranienne lors d’une attaque israélienne. [AP/Keystone - Omar Sanadiki]
Mort du haut commandant des Gardiens de la Révolution iranienne lors d’une attaque israélienne / Forum / 4 min. / le 1 avril 2024
Des frappes israéliennes ont détruit lundi une annexe de l'ambassade d'Iran à Damas, faisant onze victimes, dont deux commandants du Corps iranien des Gardiens de la révolution. Dans un contexte déjà tendu, Téhéran promet de riposter et appelle à "une réponse sérieuse" de la communauté internationale.

"L'ennemi israélien a lancé des frappes aériennes depuis le Golan syrien occupé, visant le consulat iranien à Damas", dans le quartier de Mazzeh, a affirmé le ministère syrien de la Défense.

"Le général de brigade Mohammad Reza Zahedi, l'un des principaux commandants de la force Qods (l'unité d'opérations étrangères, ndlr.) du Corps des Gardiens de la révolution islamique, est tombé en martyr lors d'une attaque menée par des combattants du régime sioniste", a ensuite indiqué la télévision d'Etat iranienne Irib.

Dans la soirée, la faction paramilitaire religieuse de la République islamique d'Iran a annoncé que sept de ses membres, dont deux commandants, avaient été tués dans le raid.

Six membres des Gardiens et deux conseillers

Auparavant, un bilan détaillé de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie, avait confirmé "l'assassinat d'un haut responsable ayant servi de chef de la Force Qods pour la Syrie et le Liban, de deux conseillers iraniens et de cinq membres des Gardiens de la révolution iraniens".

Dans un nouveau bilan publié en fin de soirée, l'OSDH a fait état d'un nouveau bilan de onze morts au total. "Huit Iraniens, deux Syriens et un Libanais, tous des combattants, aucun civil", a précisé son directeur.

Un journaliste de l'AFP a constaté que la section consulaire, jouxtant l'ambassade iranienne dans le quartier de Mazzeh à Damas, qui abrite de nombreuses ambassades et des bâtiments de l'ONU, avait été entièrement rasé. Les vitres des immeubles jusqu'à 500 mètres alentour ont été brisées et un grand nombre de voitures endommagées, selon le journaliste.

Appel à une "réponse sérieuse" internationale

L'ambassadeur d'Iran à Damas et sa famille n'ont pas été blessés. Dans une déclaration retransmise par les médias iraniens, il a affirmé que l'annexe de l'ambassade avait été visée par "six missiles tirés par des jets F-35". Il a assuré que l'Iran allait apporter "une réponse décisive" à cette attaque.

Réagissant sur place à cette attaque inédite, le ministre iranien des Affaires étrangères Fayçal Mekdad a "condamné fermement cette attaque terroriste odieuse" qui a tué "un certain nombre d'innocents". Il a appelé "la communauté internationale" à apporter "une réponse sérieuse" à des "actions criminelles" qui constituent "une violation de toutes les obligations et conventions internationales".

Il a estimé par ailleurs estimé que Benjamin Netanyahu avait "complètement perdu son équilibre mental en raison des échecs successifs du régime israélien à Gaza et de l'incapacité à atteindre" ses objectifs.

Dans un autre communiqué publié lundi soir, le porte-parole du ministère a également indiqué que l'Iran allait "décider du type de réaction et de punition de l'agresseur".

Craintes d'embrasement encore renforcées

Ce raid est le cinquième à viser la Syrie en huit jours. Depuis le 7 octobre, plusieurs "conseillers militaires" iraniens ont été tués en Syrie, dont le général Sadegh Omidzadeh, responsable du renseignement pour la Force Qods dans ce pays, selon des médias iraniens.

Cette attaque attise les craintes de voir le conflit dégénérer à l'échelle régionale, les alliés de l'Iran au Liban, en Irak, au Yémen et dans le reste de la région s'étant mobilisés en faveur du Hamas palestinien.

afp/ebz/jop

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La Russie dénonce une attaque "provocatrice"

La diplomatie russe a condamné l'attaque "inacceptable" contre la section consulaire de l'ambassade iranienne à Damas, en Syrie, accusant également l'armée israélienne d'en être responsable.

"Nous condamnons fermement cette attaque inacceptable contre la mission consulaire iranienne en Syrie", a commenté le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, ajoutant que toute attaque contre un bâtiment diplomatique était "inacceptable".

"Nous demandons aux dirigeants israéliens de cesser les actes de violence armée provocateurs contre le territoire de la Syrie et des pays voisins", a conclu le ministère, mettant en garde contre les "conséquences extrêmement dangereuses" pour la région.

Une frappe "humiliante pour le régime iranien"

On avance dans l’escalade", estime Hasni Abidi, spécialiste du monde arabe interrogé dans la Matinale, après qu'un raid imputé à Israël a visé lundi une annexe de l'ambassade iranienne à Damas, en Syrie, faisant onze morts dont sept Gardiens de la révolution d'Iran.

"Cette affaire est humiliante pour le régime iranien" ajoute encore le chargé de cours au Global Studies Institute de l'Université de Genève. Il précise également qu'un des deux hauts gradés tués par la frappe était "le général Zahedi, chef des forces aériennes".

La réponse ne s'est pas fait attendre puisque Téhéran a promis de riposter à ce raid sans précédent. "Ce crime ne passera pas sans que l'ennemi soit puni", a menacé de son côté le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran, en invoquant une "vengeance" à venir.

Hasni Abidi tempère pourtant, jugeant que l'Iran n'a pas intérêt à se lancer dans une escalade démesurée, qui "serait couteuse pour le régime et la sécurisation de [son] programme nucléaire".