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Le salon de l'auto de Pékin, vitrine de la technologie électrique chinoise

Le fondateur et CEO du constructeur Nio William Li à l'ouverture du China Auto Show à Pékin. [Keystone/AP Photo - Tatan Syuflana]
Le salon de l'auto de Pékin, vitrine de la technologie électrique chinoise / La Matinale / 2 min. / le 25 avril 2024
Le salon de l'automobile de Pékin ouvre ses portes ce jeudi, l'occasion pour les constructeurs chinois de présenter leurs nouveaux modèles. Le rendez-vous est scruté de près par les spécialistes du secteur, à l'affût des dernières innovations en matière de conduite autonome et de performance.

Tous les regards sont tournés vers les fabricants de véhicules électriques, dominés par la Chine. Face aux champions indigènes, les marques internationales perdent du terrain.

BYD, LiAuto, Nio, Xpeng, Xiaomi, Leapmotors, Aiways… La Chine croule sous les marques de voitures électriques. Sous l'impulsion des autorités, le secteur a explosé ces dernières années. En mars, les ventes de véhicules hybrides et électriques ont dépassé pour la première fois celles des voitures à combustion dans les 35 plus grandes villes du pays. Une petite révolution secoue le premier marché mondial de l'automobile.

Une transition lourde de conséquence pour les constructeurs traditionnels

L'industrie entame une transition lourde de conséquence pour les constructeurs traditionnels - étrangers et chinois confondus. La diminution des ventes de moteurs à combustion constitue un défi pour les plus de cent usines automobiles présentes sur le territoire chinois.

Leur capacité de production, d'environ 40 millions d'unités par an, est deux fois plus élevé que la demande nationale. L'an dernier, le pays est par conséquent devenu le premier exportateur mondial de voitures, devant le Japon et l'Allemagne.

Forte baisse pour les constructeurs internationaux

Véritable eldorado pour les constructeurs américains, européens et asiatiques, la Chine vire au casse-tête pour Ford, GM, Volkswagen, Hyundai et les autres qui peinent à régater avec les nouveaux champions chinois de l'électrique.

"Leurs ventes ont basculé dans le précipice. Elles ont chuté de 40, 50 voire 60% par rapport à leur plus haut niveau", constate Michael Dunne, ancien responsable de General Motors et fondateur de Dunne Insights LLC, une société de conseil spécialisé dans les batteries et les véhicules électriques. "Les Chinois produisent moins cher et de meilleure qualité. L'âge d'or des constructeurs internationaux en Chine est terminé."

Le gouvernement mise sur l'électrique

A la traîne dans le domaine des moteurs à combustion, les autorités chinoises décident de rebattre les cartes au début des années 2010. Au lieu d'essayer de rattraper le retard accumulé dans l'industrie automobile traditionnelle, le pouvoir décide de mettre le paquet sur l'électrique; un secteur où les normes restent alors à établir.

"Le gouvernement central et les autorités locales ont commencé à octroyer des subventions directes. S'y sont ajoutés des subsides sous la forme de terrains vendus à prix préférentiels ou de factures énergétiques bon-marché", explique Yanmei Xie, analyste chez Gavekal, dans un podcast spécialisé sur la politique chinoise.

Résultat: pour bénéficier de ces avantages, d'innombrables acteurs se sont engouffrés dans la brèche. Selon certaines estimations, la Chine comptait plus de 500 fabricants de véhicules électriques en 2019. Un foisonnement sous cloche: le secteur a dans un premier temps été protégé de la concurrence étrangère.

Réduction des concurrents...

Progressivement et de manière ciblée, les autorités ont réduit les aides, éliminant une partie des acteurs les moins performants. La cloche a enfin été levée partiellement en 2019 avec l'arrivée de Tesla, dont le gouvernement a facilité l'installation d'une méga-usine de production à Shanghai.

"Comme dans le dicton chinois: le pouvoir a introduit un poisson-chat dans le bassin rempli de sardines pour éliminer les faibles et pousser les autres à nager plus vite…" souligne Yanmei Xie.

... et guerre des prix

Optimisation des chaînes de production, intégration des filières d'approvisionnement, rationalisation et innovation, les fabricants chinois les plus agiles ont mis les bouchées doubles pour contrer le géant américain. Nio a par exemple mis au point une technologie de substitution des batteries déchargées, BYD et XPeng ont pour leur part développé des batteries à grande capacité, plus petites, moins lourdes et beaucoup plus rapides à charger.

Parallèlement, le secteur est entré dans une guerre des prix sans merci. "Ces fabricants couvrent à peine leurs frais, voire perdent de l'argent", précise Michael Dunne. "Ils continuent néanmoins de produire massivement en cassant les prix dans l'espoir de voir leurs concurrents mordre la poussière en premier."

Cette compétition à couteaux tirés a contribué à élaguer le secteur en Chine: le fabricants nationaux de véhicules électriques ne seraient désormais plus qu'une centaine. Quant aux constructeurs étrangers, certains participent encore à la course tarifaire mais beaucoup battent en retraite face aux entreprises chinoises dont certaines visent maintenant les marchés étrangers. Une ambition qui provoque une levée de boucliers en Europe et aux Etats-Unis.

Michael Peuker

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