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Enquête ouverte après la plainte pour viols de Judith Godrèche contre le réalisateur Benoît Jacquot

L'actrice française Judith Godrèche a dénoncé sur les réseaux sociaux le soutien dont bénéficie dans le milieu du cinéma le réalisateur Benoît Jacquot, avec qui elle a eu une relation lorsqu'elle était adolescente. [AFP - Lou Benoist]
L’actrice Judith Godrèche dépose plainte pour viols sur mineurs contre le réalisateur Benoît Jacquot / Le 12h30 / 1 min. / le 7 février 2024
Nouvelle déflagration dans le #MeToo français du cinéma: le parquet de Paris a ouvert une enquête après la plainte de l'actrice Judith Godrèche pour viols sur mineure contre le réalisateur Benoît Jacquot, qui l'a dirigée et a entretenu plusieurs années une relation avec elle à partir de ses 14 ans.

Après la plainte de Judith Godrèche, déposée mardi à la Brigade de protection des mineurs (BPM), annoncée mercredi par le quotidien Le Monde et confirmée par l'avocate de l'actrice, Me Laure Heinich, le parquet de Paris a indiqué mercredi après-midi avoir ouvert une enquête.

Confiée à la BPM, elle porte "sur les infractions de viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité".

Selon Le Monde, Benoît Jacquot, 77 ans et un film attendu prochainement, "nie fermement les allégations et accusations". Sollicité, il a fait savoir mercredi qu'il ne souhaitait pas réagir davantage, s'en tenant à ces déclarations.

La comédienne et le cinéaste de 25 ans son aîné ont débuté leur relation au printemps 1986, alors qu'elle avait tout juste 14 ans et faisait ses premiers pas dans le cinéma. Ils ont vécu ensemble, sans cacher leur relation, achetant même un appartement dans Paris, jusqu'à leur séparation en 1992.

"L'ensemble des faits dénoncés a eu lieu entre 1986 et 1992", a confirmé le parquet de Paris.

"Un pervers"

Dans une dizaine de stories publiées dans la nuit de mardi à mercredi sur Instagram, Judith Godrèche qualifie à plusieurs reprises Benoît Jacquot de "pervers" qui la "remet inlassablement à la place de l'objet inexistant". Début janvier, dans une autre story, la comédienne de 51 ans disait que "la petite fille en (elle) ne peut plus taire ce nom" et parlait d'"emprise" et, encore, de "perversion".

Sa prise de parole avait été motivée par le visionnage d'un documentaire de 2011 où Benoît Jacquot reconnaissait le caractère illégal de sa relation passée avec l'adolescente : "Oui c'était une transgression. Ne serait-ce qu'au regard de la loi (...) on n'a pas le droit en principe, je crois. Une fille comme elle qui avait en effet 15 ans, et moi 40, je n'avais pas le droit", disait-il.

Devant les enquêteurs, Judith Godrèche a par ailleurs dénoncé des violences au cours de cette relation, selon Me Heinich.

Je ne peux filmer une comédienne que si j'en suis amoureux

Benoît Jacquot, Réalisateur

Le réalisateur des "Adieux à la reine" (2012), héritier de la Nouvelle vague et connu surtout pour des succès d'estime, a construit son oeuvre autour des actrices, des stars comme Isabelle Huppert ou des débutantes, comme Isild Le Besco et Virginie Ledoyen. "Je ne peux filmer une comédienne que si j'en suis amoureux", lançait en 2009 l'intéressé dans Le Figaro.

Cette plainte vient s'inscrire dans le sillage de nombreuses accusations du #MeToo du cinéma français, visant ces dernières semaines d'autres personnalités importantes du 7e art tricolore. Gérard Depardieu, mis en examen pour viols depuis fin 2020, a été cloué au pilori pour des séquences tournées en 2018 en Corée du Nord et diffusées par Complément d'enquête en décembre, où il multiplie propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes.

afp/miro

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