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Démission du Premier ministre sud-coréen après la victoire électorale de l'opposition

Han Duck-soo, le Premier ministre de Corée du Sud a annoncé sa démission (image d'illustration). [EPA / Keystone]
En Corée du Sud, l'opposition remporte une très large victoire / La Matinale / 1 min. / le 11 avril 2024
Le Premier ministre et le chef du parti au pouvoir en Corée du Sud ont tous deux annoncé leur démission jeudi après que l'opposition l'ait emporté aux législatives. Ils laissent ainsi le président Yoon Suk Yeol en mauvaise posture pour les trois dernières années de son mandat.

"Le Premier ministre Han Duck-soo a exprimé son intention de démissionner", a déclaré à la presse un haut fonctionnaire de la présidence, selon l'agence de presse Yonhap, ajoutant qu'un grand nombre de collaborateurs du président envisageaient aussi de démissionner après la défaite électorale aux législatives.

Le chef du parti au pouvoir Han Dong-hoon a déjà annoncé un peu plus tôt sa démission. "Je m'excuse auprès du peuple de ne pas avoir été choisi... J'assume l'entière responsabilité des résultats de l'élection et je me retire de mon poste", a-t-il déclaré à la presse.

Le principal parti d'opposition de Corée du Sud a remporté les élections législatives, selon des résultats presque complets, a rapporté jeudi l'agence Yonhap, un coup dur pour le président conservateur Yoon Suk Yeol.

Parti démocratique vainqueur, mais pas de super-majorité

Selon les résultats définitifs du scrutin de mercredi communiqués par la Commission électorale nationale, le PPP conservateur de Yoon Suk Yeol et son allié sont passés de 114 à 108 sièges au Parlement. Les grands gagnants sont le Parti démocratique (PD) de Lee Jae-myung et ses alliés, qui ont vu leur nombre de sièges grimper à 174, contre 156 dans la précédente législature.

Le parti Reconstruire la Corée, fondé il y a quelques semaines par l'ancien ministre de la Justice Cho Kuk, visé par des accusations de corruption qu'il nie, a profité du mécontentement à l'égard des deux principaux partis pour obtenir 12 sièges.

Le triomphe de l'opposition a toutefois été moins important que ne le laissaient supposer les sondages de sortie des urnes, tous les partis d'opposition réunis n'ayant pas atteint la super-majorité de 200 sièges à l'Assemblée nationale, qui en compte 300.

Réformes à venir

Yoon Suk Yeol a de son côté promis des réformes. "Je vais humblement honorer la volonté du peuple exprimée lors des élections générales, réformer les affaires de l'Etat et faire de mon mieux pour stabiliser l'économie et les moyens de subsistance de la population", a déclaré Yoon Suk Yeol, selon son chef de cabinet, Lee Kwan-sup.

Les élections législatives sont largement considérées comme un référendum de mi-mandat pour son programme conservateur.

juma/ats

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Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un menace

Depuis début 2024, la Corée du Nord a désigné Séoul comme son "principal ennemi", fermé les agences consacrées au dialogue intercoréen et menacé d'entrer en guerre pour toute violation de son territoire "ne serait-ce que de 0,001 millimètre".

C'est dans ce contexte que le leader Kim Jong Un a juré de porter un "coup fatal" aux ennemis de son pays, a rapporté l'agence d'Etat KCNA jeudi, après la défaite cuisante aux législatives du parti au pouvoir en Corée du Sud.

Kim Jong Un a formulé ces remarques le 10 avril, le même jour que les élections législatives en Corée du Sud.

"Le moment est venu de se préparer plus que jamais à une guerre", a-t-il également lancé.

Portrait d'un président sud-coréen démonétisé

Yoon Suk Yeol a été élu président de la Corée du Sud en 2022 grâce à une réputation de pourfendeur de la corruption gagnée pendant sa carrière de procureur, mais la cuisante défaite de son parti aux législatives le met sur la touche.

Dans la tourmente

Né à Séoul en 1960, Yoon Suk Yeol a fait des études de droit et a joué un rôle-clé, en tant que procureur de Séoul, dans la destitution en 2016 puis l'incarcération de l'ex-présidente Park Geun-hye pour abus de pouvoir.

Désigné procureur général du pays en 2019, il s'est encore fait remarquer en inculpant un proche collaborateur du président Moon Jae-in, son prédécesseur, pour fraude et corruption.

C'est ainsi qu'il a attiré l'attention du Parti du pouvoir au peuple (PPP, droite). Malgré son manque total d'expérience politique, il a remporté les primaires du parti, puis la présidentielle.

Scandales

Une fois au pouvoir, sa réputation a vite été ternie par une série de scandales, à commencer par la tragique bousculade de Halloween à Séoul en octobre 2022 qui a fait plus de 150 morts. Le drame a été imputé à une cascade de négligences de la part des autorités.

Ses détracteurs ont blamé son gouvernement pour l'inflation des prix alimentaires, une économie en berne, et des limites croissantes sur la liberté d'expression.

Antiféministe assumé, il s'était engagé lors de sa campagne à supprimer le ministère de l'Egalité des sexes, à l'avant-garde du progrès pour les Sud-Coréennes depuis 2001, mais n'a jamais pu mettre cette promesse à exécution faute de majorité parlementaire.

On lui a aussi reproché d'abuser de son droit de véto, notamment pour bloquer une enquête parlementaire sur une affaire de manipulation de cours impliquant son épouse Kim keon Hee.

L'année dernière, sa réputation a pris un nouveau coup lorsque sa femme a été filmée à son insu en train d'accepter un sac à main de marque d'une valeur de 2000 dollars en cadeau.