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Boycotté, le référendum sur la révocation de maires albanais au Kosovo échoue

Boycotté, le référendum sur la révocation de maires albanais au Kosovo a échoué. [Keystone]
Au Kosovo, le référendum contre les maires échoue. Les bureaux de votes, boycottés, sont restés vides. / Le Journal horaire / 19 sec. / aujourd'hui à 04:02
Quatre villes majoritairement serbes du nord du Kosovo votaient dimanche pour révoquer des maires albanais. Leur élection l'an dernier avait mené à des violences. Mais faute de participation suffisante suite à boycott, le vote a échoué.

L'histoire se répète pour ces mairies de quatre villes du nord du Kosovo, dont les dirigeants d'origine albanaise sont contestés. Les élections municipales avaient été boycottées par la majorité serbe il y a un an. Le vote pour la révocation de ces élus albanais a connu le même sort dimanche.

>> Lire : Les Serbes du Kosovo appelés à voter sur la révocation de maires albanais

Seuls 253 des 45'000 électeurs ont participé au référendum, a indiqué la commission électorale centrale (CEC). Pour que l'élection soit valide, le taux de participation aurait dû être supérieur à 50% des électeurs. Faute de participation suffisante, le vote a donc échoué, a déclaré le président de la CEC, Kreshnik Radoniqi.

Derrière le boycott, une situation politique complexe

Cet hiver, le plus grand parti serbe du Kosovo, Srpska lista, a réussi à rassembler suffisamment de signatures pour appeler à un référendum sur l'éviction des maires albanais. Mais d'une victoire assurée il y a quelques semaines, la situation est passée à un imbroglio politique et logistique: les responsables serbes ont finalement appelé les citoyens à boycotter le scrutin à peine 15 jours avant la date prévue.

La Srpska lista a déclaré que les maires auraient dû simplement démissionner avant le vote. Elle a aussi critiqué que l'intégrité du référendum aurait été compromise par une campagne de pression et d'intimidation des Serbes locaux par le gouvernement du Kosovo,

Pristina a démenti ces accusations. La présidente du Kosovo a au contraire dénoncé un boycott dû principalement "à la pression de Belgrade". "Une fois de plus, la Serbie s'est ingérée illégalement dans le processus électoral d'un autre pays", a fustigé Vjosa Osmani dans un communiqué.

>> À réécouter : Podcast - Que se passe-t-il au Kosovo?

La région sous tension

Les relations entre Pristina et la minorité serbe du Nord du Kosovo, soutenue et financée en partie par Belgrade, sont tendues depuis l'indépendance, proclamée en 2008. La Serbie, soutenue par ses alliés, la Russie et la Chine, ainsi que par cinq États membres de l'Union européenne, n'a jamais reconnu le statut d'État du Kosovo.

Symptomatique des tensions à vif entre les communautés dans ce territoire des Balkans, l'élection des maires albanais, avec à peine 3% de participation il y a un an, avait déclenché des violences dans cette région à majorité serbe soutenue par Belgrade. Les Serbes du Kosovo étaient alors descendus dans la rue pour empêcher les nouveaux édiles d'exercer leurs fonctions. Une trentaine de soldats de l'OTAN avaient été blessés dans ces manifestations, certains grièvement.

En septembre, la mort d'un policier kosovar et la découverte d'un commando surarmé composé de Serbes avait encore une fois fait craindre une escalade violente. Et la récente interdiction des dinars serbes, monnaie utilisée dans le nord, a encore tendu la situation. 

>> À réécouter : Reportage au cœur des tensions au nord du Kosovo

agences/made

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