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Frappes américano-britanniques sur des sites des Houthis au Yémen

Des frappes américaines et britanniques ont visé les rebelles Houthis au Yémen, qui menacent le commerce maritime en mer Rouge.
Des frappes américaines et britanniques ont visé les rebelles Houthis au Yémen, qui menacent le commerce maritime en mer Rouge. / 19h30 / 1 min. / le 12 janvier 2024
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené "avec succès" des frappes contre les Houthis au Yémen, a déclaré jeudi le président américain, après des semaines d'attaques des rebelles en mer Rouge. Des radars et des infrastructures de drones et de missiles ont été visés.

Ces frappes aériennes ont été menées sur la capitale du Yémen, Sanaa, et les gouvernorats de Hodeidah, Taïz, Hajjah et Saada, a affirmé vendredi la chaîne de télévision des Houthis, Al-Massirah. Plusieurs explosions ont ensuite été entendues. Selon un porte-parole militaire des Houthis, ces frappes ont tué cinq personnes et fait six blessés parmi les rebelles.

L'opération a été menée "avec succès" en réponse "directe aux attaques sans précédent des Houthis de navires internationaux en mer Rouge", a affirmé le président américain, Joe Biden, évoquant une action "défensive" pour protéger notamment le commerce international.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a lui évoqué des "frappes nécessaires" et "proportionnées". Elles ont bénéficié du "soutien" de l'Australie, du Bahreïn, du Canada et des Pays-Bas, a précisé la Maison Blanche.

Quelques heures plus tard, le gouvernements de dix pays (Australie, Barheïn, Canada, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Royaume-Uni et Etats-Unis) ont assuré dans une déclaration commune que leur but "reste la désescalade des tensions" et "restaurer la stabilité en mer Rouge". "Les actions d'aujourd'hui démontrent un engagement commun pour la liberté de navigation, le commerce international et la défense de la vie des marins face à des attaques illégales et injustifiables", ont-ils écrit.

Avions de combat et missiles

L'opération a impliqué des avions de combat et des missiles Tomahawk, ont indiqué plusieurs médias américains. Elle a pris pour cible des radars et des infrastructures de drones et de missiles, afin de réduire les capacités des Houthis à s'attaquer aux navires marchands en mer Rouge, a détaillé le ministre américain de la Défense Lloyd Austin.

"Ces frappes ciblées sont un message clair que les Etats-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes ou ne permettront pas à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation à travers l'une des routes commerciales les plus importantes au monde", a encore affirmé le président américain.

Vue générale de la ville de Sanaa, visée comme d'autres villes du pays par des frappes des Etats-Unis et du Royaume-Uni. [Nusaibah Almuaalemi]
Vue générale de la ville de Sanaa, visée comme d'autres villes du pays par des frappes des Etats-Unis et du Royaume-Uni. [Nusaibah Almuaalemi]

Menace des Houthis

Le chef des rebelles du Yémen Abdel Malek al-Houthi avait menacé jeudi de riposter à toute attaque américaine en mer Rouge par des opérations encore "plus importantes" que celle de mardi, déjà particulièrement lourde.

Dix-huit drones et trois missiles avaient alors été abattus par trois destroyers américains, un navire britannique HMS Diamond et par des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower. Les Houthis, proches de l'Iran et qui contrôlent une grande partie du Yémen, ont multiplié les attaques récemment, par missiles et par drones en mer Rouge, près du détroit stratégique de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l'Afrique.

Ils disent cibler les navires commerciaux qu'ils soupçonnent d'être liés à Israël, affirmant agir en solidarité avec la bande de Gaza, théâtre d'une guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

"Notre pays fait face à une attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions", a réagi vendredi le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein Al-Ezzi, cité par les médias du mouvement.

"Les Etats-Unis et le Royaume-Uni doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression", a-t-il menacé.

Pour Agnès Levallois, vice-présidente de l'iReMMO, l'Institut de recherche et d'études méditerranée Moyen Orient, "cette attaque ne va pas dissuader les Houtis". Elle explique dans Forum vendredi soir que cette vengeance est un moyen pour eux de "montrer qu'ils sont un acteur important avec des moyens militaires".

Des navires déployés

En réponse, les Etats-Unis avaient déjà déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone où transite 12% du commerce mondial. Certains armateurs contournent désormais la zone, ce qui a fait grimper les coûts de transport entre l'Europe et l'Asie.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en tournée cette semaine au Moyen-Orient, a lancé un avertissement aux Houthis, le Conseil de sécurité de l'ONU exigeant lui l'arrêt "immédiat" de leurs attaques.

La mer Rouge n'est pas, loin de là, le seul point chaud dans la région pour les Etats-Unis, qui soutiennent fermement Israël depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre. Depuis octobre, les forces américaines en Irak et en Syrie ont ainsi été attaquées à 130 reprises, selon le Pentagone. Les Etats-Unis ont déployé environ 2500 militaires en Irak et 900 en Syrie, dans le but d'empêcher une reconstitution du groupe Etat islamique.

>> Les précisions du 12h30 :

Les armées américaines et britanniques bombardent désormais les Houthis au Yémen. [Keystone/AP - UK Ministry of Defence]Keystone/AP - UK Ministry of Defence
Montée des tensions après les frappes américaines et britanniques contre les Houthis au Yémen / Le 12h30 / 1 min. / le 12 janvier 2024

agences/br

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Appel à la retenue, frappes "illégitimes": les réactions internationales

Plusieurs pays comme la Chine et l'Arabie saoudite ont appelé "à la retenue", afin d'éviter l'escalade" dans la région.

De son côté, l'Iran a condamné ces frappes américaines et britanniques, y voyant une "action arbitraire" et une "violation flagrante de la souveraineté" du Yémen.

Le sultanat d'Oman a aussi condamné le "recours à l'action militaire de la part de pays amis, alors qu'Israël poursuit sa guerre contre les Palestiniens en toute impunité".

L'Otan a pour sa part évoqué des frappes "défensives" contre les rebelles et les a appelé à mettre fin à leurs attaques.

La Russie a elle condamné des frappes "illégitimes", dénonçant une mesure menant à "l'escalade", alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une réponse "disproportionnée".

Réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira vendredi après-midi en urgence après les frappes menées contre les Houthis au Yémen par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, a annoncé la France qui assure la présidence du Conseil en janvier.

La réunion d'urgence a été demandée par la Russie. Elle aura lieu dans l'après-midi après une autre réunion prévue sur la situation à Gaza.

Le Conseil de sécurité a adopté mercredi une résolution exigeant l'arrêt "immédiat" des attaques des Houthis contre des navires en mer Rouge, notant également le droit des Etats membres à défendre les navires contre ces attaques.