Ramzan Kadyrov a publié il y a une semaine une vidéo de lui, non datée, dans laquelle il qualifie de "mensonges" les rumeurs qui circulent sur son état de santé qui se serait dégradé. Des informations de la presse ukrainienne avaient indiqué que le dirigeant tchétchène, appui sans faille de l'offensive russe en Ukraine, était dans le coma, "gravement" malade. D'autres sources avaient même assuré qu'il était mort.
"Je conseille vivement à tous ceux qui ne parviennent pas à distinguer la vérité du mensonge sur internet de prendre l'air, de mettre de l'ordre dans leurs idées", avait réagi Ramzan Kadyrov dans un message accompagnant une courte vidéo tournée en selfie. Sourire aux lèvres, il regarde la caméra, le visage toutefois visiblement gonflé.
De son côté, le Kremlin n'a fait aucun commentaire sur l'état de santé de Ramzan Kadyrov, que l'on dit malade depuis plusieurs années et aussi addict à la drogue. Le Tchétchène de 46 ans, qui dirige la région depuis 16 ans, a à plusieurs reprises réaffirmé son soutien à Moscou et a envoyé des combattants dans les zones de tension en Ukraine.
Espoir ou calculs politiques
Il est difficile de discerner la véracité des bruits qui courent sur l'état de santé des dictateurs, explique Isabelle Mandraud, cheffe adjointe du service international du journal Le Monde et coautrice du livre "Le pacte des autocrates", au micro du 12h30 de la RTS. "L'état de santé, dans les autocraties, est un secret d'Etat", indique-t-elle.
Le dirigeant "règne tellement sans partage" et contrôle les informations, alors que la manière dont il se porte fait l'objet d'espoir pour certains, mais aussi de "calculs politiques" pour d'autres. "On ne saura jamais rien de la santé de Xi Jinping", le chef d'Etat chinois, ou de celle de Vladimir Poutine, le président russe, tant qu'ils ne l'ont pas décidé, précise la spécialiste.
Ramzan Kadyrov fait donc figure d'exception, même si la date de l'enregistrement de la vidéo suscite des spéculations, alimentant encore la rumeur.
"La santé des dirigeants est une question cruciale, puisque d'elle dépend la longévité de leur pouvoir", déclare Isabelle Maudraud. Toutefois, elle considère que ces on-dit ne devraient pas fragiliser le régime tchétchène en place.
Sujet radio: Mathilde Salamin
Adaptation web: mera avec afp