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Regain de tension en Syrie face à une situation économique "intenable"

Regain de tensions en Syrie: interview de Fabrice Balanche
Regain de tensions en Syrie: interview de Fabrice Balanche / Forum / 5 min. / le 1 septembre 2023
Environ 2000 Syriens sont à nouveau descendus dans la rue vendredi à Soueida dans le sud du pays, lors de la plus importante manifestation depuis le début d'une contestation déclenchée à la mi-août. Ils dénoncent une situation économique intenable.

La province de Soueida, sous contrôle du régime, est le théâtre de manifestations depuis que le gouvernement a levé à la mi-août les subventions sur les carburants, affectant une population déjà éprouvée par douze ans de guerre.

Des images publiées par Suwayda24 montraient femmes et hommes rassemblés sur la place centrale de Soueida, scandant des slogans anti-gouvernementaux et brandissant le drapeau druze multicolore.

Près de 2000 personnes ont manifesté à Soueida vendredi 1 septembre. [Keystone]
Près de 2000 personnes ont manifesté à Soueida vendredi 1 septembre. [Keystone]

"Bachar dégage"

"C'est la première fois qu'une foule aussi nombreuse se rassemble pour protester contre Bachar al-Assad", le président syrien, a déclaré un manifestant sous couvert d'anonymat, pour des raisons de sécurité.

"Bachar dégage", scandaient les manifestants, reprenant ce slogan des manifestations de 2011 que le gouvernement a réprimées d'une main de fer, plongeant le pays dans une guerre civile sanglante qui dure depuis plus de 12 ans.

Le pouvoir s'est abstenu de réprimer les manifestations en cours, où les protestataires s'étaient attaqués ces derniers jours à des symboles du pouvoir, déchirant des portraits de Bachar al-Assad.

Des dizaines de milliers de jeunes hommes de Soueida ont refusé d'effectuer leur service militaire depuis 2011, et les forces de sécurité y ont une présence limitée. Soueida, fief de la minorité druze et dont la ville éponyme est le chef-lieu, est restée largement à l'écart du conflit en Syrie.

Cherté de la vie

Les druzes sont une secte ésotérique estimée à environ 3% de la population. Le mécontentement face à la cherté de la vie s'était brièvement propagé à d'autres villes du sud, notamment à Deraa, berceau du soulèvement populaire en 2011, mais seule Soueida continue d'être agitée par des protestations quotidiennes. Des dizaines de personnes se sont cependant rassemblées vendredi à Bosra, dans la province voisine de Deraa, selon le média local Daraa24.

Pour Fabrice Balanche, maître de conférence en géographie à l'Université Lyon 2, la situation économique "intenable" est la cause de ce soulèvement populaire. "Il y a des salaires de misère, pas d'électricité en continu, des pénuries d'essence... c'est devenu insupportable pour les Syriens, peu importe la zone dans laquelle ils habitent, qu'elle soit tenue ou non par le régime", explique-t-il dans Forum vendredi.

"Tout ça a lieu dans un contexte de recommunautarisation, de retribalisation de la société syrienne où on se replie sur le local. Et où pour avoir la paix sociale, les deux camps laissent le pouvoir finalement aux autorités tribales et religieuses, qui s'émancipent de la tutelle et parfois se révoltent, comme c'est le cas à Soueida", analyse Fabrice Balanche.

jfe avec l'afp

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Neuf soldats tués dans le nord-ouest

Au moins neuf soldats syriens ont été tués dans le nord-ouest du pays lors d'une attaque menée par le principal groupe djihadiste, dont trois combattants ont également péri, a indiqué une ONG.

Il s'agit de la deuxième attaque d'ampleur menée contre l'armée du régime de Bachar al-Assad par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS).

Le groupe HTS, issu de l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, contrôle la dernière poche d'opposition armée dans le nord-est de la Syrie, comprenant une grande partie de la province d'Idleb et des territoires limitrophes des provinces d'Alep, Hama et Lattaquié.

Ces dernières semaines, la région a cependant connu une intensification des bombardements, notamment par l'aviation russe, alliée au régime syrien, en réponse aux attaques menées par HTS, parfois à l'aide de drones, contre les zones contrôlées par l'armée syrienne dans le nord-ouest.