Publié

Le rôle de l'Afrique du Nord dans les routes de l'exil

Une nouvelle route de l'exil passe par l'est de la Libye. [AP Photo/Keystone - Joan Mateu Parra]
Une nouvelle route de l'exil passe par l'est de la Libye / La Matinale / 1 min. / le 20 juin 2023
Le naufrage d’un bateau de 750 migrants le 14 juin au large de la Grèce a encore une fois montré que de nombreuses personnes continuent de fuir leur pays. Elles empruntent désormais de nouvelles routes migratoires, qui passent notamment par la Tunisie et l'est de la Libye.

De nombreux Syriens, Égyptiens et Pakistanais se trouvaient sur le bateau qui a sombré en Méditerranée. Les ressortissants de ces pays empruntaient jusque-là principalement la route des Balkans. Ils se tournent désormais vers une autre route, celle de l’est de la Libye. Ce nouvel axe est privilégié depuis un an, estime l'Organisation internationale pour les migrations.

Les candidats à l’exil sont acheminés par avion directement de Syrie en Libye. La compagnie syrienne Cham Wings Airlines, qui opère ces liaisons, allécherait même les clients sur les réseaux sociaux en offrant des visas pour la Libye à ses passagers, explique la porte-parole du HCR en Libye, interrogée par RFI.

Depuis la ville de Tobrouk, située à l'est de la côte libyenne, ils prennent la mer. Le voyage dure cinq jours jusqu’en Italie ou en Grèce. Ce périple est plus long que les autres routes, mais généralement plus sûr. En conséquence, il est aussi plus cher, selon les ONG.

Le général Haftar, qui tient l’est du pays, contrôlerait moins ses côtes que le gouvernement de Tripoli à l’ouest, qui a passé un pacte migratoire en 2017 avec les Européens. Cela pourrait toutefois changer, puisque le général Haftar s’est récemment rendu en Italie pour parler immigration clandestine.

Le rôle de la Tunisie

Les Européens discutent également avec la Tunisie pour renforcer la lutte contre l'immigration. Les ministres français et allemand de l’Intérieur étaient en visite à Tunis en début de semaine. Concrètement, l'Union européenne a proposé à la Tunisie une aide à long terme de 900 millions d'euros, et de 150 millions d’euros "immédiatement", pour faire face à la crise migratoire.

"La Tunisie est vue comme un partenaire de l'Union européenne à la fois pour diminuer les départs, mais aussi pour des éventuels retours", a expliqué dans Forum Sarah Prestianni, directrice de plaidoyer chez Euromed Rights, un réseau de 68 organisations de défense des droits humains.

Cette spécialiste relève toutefois qu'une donnée fondamentale n'est pas prise en compte dans cette approche: "La Tunisie n'est aujourd'hui pas un pays sûr et c'est très dangereux de collaborer avec elle."

"Ouvrir des voies légales"

Pour Sarah Prestianni, l'essentiel est ailleurs: "Les Européens devraient plutôt dialoguer avec la Tunisie par rapport aux droits fondamentaux, à l'Etat de droit, à la liberté d'expression. Aujourd'hui, le pays vit aussi une dérive autoritaire importante. Faire un accord que sur la migration pourrait ouvrir un chantage de la Tunisie et mener à des violations des droits fondamentaux."

Et de conclure: "La seule façon pour éviter que ces morts se produisent au large de la Méditerranée est d'ouvrir des voies légales d'accès sûres."

Le rôle de la Tunisie dans la migration en Méditerranée: interview de Sarah Prestianni
Le rôle de la Tunisie dans la migration en Méditerranée: interview de Sarah Prestianni / Forum / 4 min. / le 19 juin 2023

>> L'interview de Sarah Prestianni dans Forum:

Sujets radio: Céline Tzaud et Pietro Bugnon

Adaptation web: Antoine Schaub

Publié

"Je suis parti de la Turquie surtout à cause du racisme"

Originaire de Raqqa, en Syrie, Amar, la trentaine, a embarqué avec son fils et sa femme à bord d'un bateau depuis la Turquie pour rejoindre la Grèce la semaine dernière. Il a dû débourser 20’000 dollars pour payer un réseau de passeurs.

"Je suis parti de la Turquie surtout à cause du racisme, et de la peur d'être arrêté puis renvoyé en Syrie. Nous étions aussi effrayés de voir de plus en plus de pays reprendre leurs relations avec le régime syrien", explique Amar dans La Matinale.

"Et puis il n’y a pas de vie pour nous en Turquie, j’y étais depuis des années. Je ne m’y suis jamais senti en sécurité, ni à l’aise. La situation était plus en plus tendue et dangereuse."

"Partir nous a pris deux jours. Nous avons dormi dans un port turc en attendant le bateau, puis nous avons embarqué dans ce bateau avec ma famille. C'était vraiment très dangereux, mais nous n’avons pas vraiment eu le choix. Au total, nous avons passé 26 heures en mer."

>> Le témoignage d'Amar dans La Matinale :

Un Syrien dans un camp de réfugié en Grèce. [AP Photo - Gregorio Borgia]AP Photo - Gregorio Borgia
Interview de Amar, une réfugié syrien qui a quitté la Turquie en bâteau pour rejoindre la Grèce / La Matinale / 1 min. / le 20 juin 2023