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Le chef de l'ONU inquiet de possibles crimes contre l'humanité au Soudan

Le chef de l'ONU inquiet de possibles crimes contre l'humanité au Soudan. [Afp]
Le chef de l'ONU inquiet de possibles crimes contre l'humanité au Soudan / Le Journal horaire / 20 sec. / le 19 juin 2023
Il faut éviter que le Soudan ne devienne une "zone de non-droit". Le secrétaire général de l'ONU s'est dit lundi inquiet, au début d'une réunion de donateurs à Genève, de violences ethniques au Darfour qui pourraient constituer des crimes contre l'humanité.

"La dimension et la vitesse" vers la destruction du pays "sont sans précédent", a affirmé Antonio Guterres dans un message vidéo. Il dit redouter que cette insécurité ne se propage à l'ensemble de la région.

Le secrétaire général de l'ONU se dit très inquiet des indications de violences sexuelles et des affrontements ethniques au Darfour. "Des attaques ciblées contre des civils en raison de leur identité ethnique pourraient équivaloir à des crimes contre l'humanité", insiste-t-il, reprenant à son tour des déclarations il y a une semaine de son émissaire Volker Perthes.

Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Volker Türk a dans le même temps affirmé que son bureau avait reçu 18 accusations de violences sexuelles contre 53 femmes, dont dix jeunes filles.

Conférence des donateurs

Organisée par l'Arabie saoudite, engagée avec les Etats-Unis dans une médiation entre les parties au conflit, la conférence de donateurs est soutenue par des acteurs comme l'ONU, l'UE ou le Qatar.

La communauté internationale a promis lundi près de 1,5 milliard de dollars. Cette somme ne représente que la moitié du total dont les agences humanitaires estiment avoir besoin.

"Cette crise nécessitera un soutien financier durable et j'espère que nous pourrons tous garder le Soudan au sommet de nos priorités", a dit Martin Griffiths, le responsable de l'ONU pour les affaires humanitaires, à l'issue d'une conférence des donateurs.

Soudanais bloqués

Près de 2,5 millions de personnes ont fui leur habitation depuis le début des violences entre armée et paramilitaires il y a deux mois qui ont fait des milliers de victimes civiles au moins. Parmi elles, une sur cinq s'est réfugiée ou est rentrée dans son pays, dans les Etats voisins du Soudan.

Plus d'un million de personnes restent bloquées dans trois villes en raison des affrontements. Près de 400 sont portées disparues dans la région de la capitale Khartoum à elle seule.

Lundi, une trêve tenait pour le second jour consécutif à Khartoum. Les raids aériens et les bombardements d'artillerie ont cessé sur la capitale, dont les habitants survivent sous une chaleur écrasante, sans électricité et souvent sans eau courante.

Mais depuis le début des affrontements, de nombreuses trêves n'ont pas été honorées. Avant celle entrée en vigueur ces derniers jours, des milliers de personnes avaient encore été contraintes de partir ce week-end en raison des violences au Darfour.

>> Lire aussi : Soudan: les combats se poursuivent à Khartoum, les civils fuient le Darfour

Assauts contre de nombreuses infrastructures civiles

Les parties au conflit ont pris des engagements pour protéger la population, insuffisamment appliqués selon la communauté internationale. Des assauts et des pillages ont été menés contre les travailleurs humanitaires et deux tiers des centres de santé ne fonctionnent pas. Ils "doivent cesser", de même que les attaques contre les infrastructures civiles, a insisté Antonio Guterres.

Malgré tout, l'ONU et ses partenaires ont pu atteindre 1,8 million de personnes en avril et en mai dans plusieurs Etats du pays. Le Programme alimentaire mondial a pu distribuer de la nourriture à plus d'un million de personnes mais souhaiterait en assister près de six fois plus.

Au total, plus de la moitié des 45 millions de Soudanais ont besoin d'une assistance humanitaire. "Un désastre", estime le secrétaire général de l'ONU. "Nous devons faire tout ce qui est possible" pour soutenir ces personnes et les pays voisins, a-t-il aussi ajouté.

ats/miro

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