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L'opposant sénégalais Ousmane Sonko condamné à deux ans de prison ferme

Le chef de l'opposition sénégalaise, Ousmane Sonko, s'adresse aux journalistes après avoir été libéré de sa garde à vue à Dakar, au Sénégal, le lundi 8 mars 2021. [AP - Sylvain Cherkaoui]
L'opposant Sonko condamné à deux ans ferme, premiers heurts à Dakar / Le Journal horaire / 26 sec. / le 1 juin 2023
Un tribunal criminel de Dakar a condamné jeudi l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de 2024, à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse". Il l'a en revanche acquitté des faits présumés de viols. Dans la foulé, de violents heurts ont éclatés dans plusieurs villes du pays, causant neuf décès.

Ousmane Sonko, 48 ans, était accusé de viol et de menaces de mort sur une employée d'un salon de massage, lors de faits qui se seraient déroulés en 2021.

Son arrestation avait provoqué des violentes manifestations dans les rues du pays, menées par des soutiens de l'adversaire du président Macky Sall. Ousmane Sonko, troisième de l'élection présidentielle de 2019, rejette les accusations à son encontre qu’il juge fondées sur des motivations politiques.

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Menace d'inéligibilité

La "corruption de la jeunesse", consistant à débaucher ou à favoriser la débauche d'un jeune de moins de 21 ans, est un délit selon la loi sénégalaise, et non pas un crime comme le viol, a expliqué un avocat présent à l'audience.

Ousmane Sonko aurait été déchu de ses droits électoraux s'il avait été condamné par contumace pour un crime comme le viol. Cependant, la requalification des faits en délit semble au vu du code électoral maintenir la menace de l'inégilibilité sur Ousmane Sonko et sur sa faculté à se présenter à la présidentielle de 2024.

Violents heurts à Dakar

Après l'annonce du verdict, de violents affrontements ont mis aux prises des jeunes et les forces de sécurité. L'université de la capitale a pris des airs de champ de bataille. Des groupes de jeunes ont affronté à coups de pierres les policiers ripostant à coups de gaz lacrymogènes.

Plusieurs cars de la faculté de médecine, du département d'histoire et de la principale école de journalisme du pays ont été incendiés et des bureaux saccagés.

Le bilan humain, pas encore définitif, est lourd: deux responsables policiers sous couvert d'anonymat ont fait état dans la soirée de trois morts dans des manifestations à Ziguinchor (sud) et d'un policier tué à coups de pierres par des jeunes dans la banlieue de Dakar. Dans la nuit, le ministre de l'Intérieur Antoine Diome a lui fait état à la télévision nationale de neuf tués "à Dakar et à Ziguinchor".

Une possible arrestation

Des groupes de jeunes ont attaqué des biens publics en plusieurs points de la capitale, brûlé des pneus et disposé des obstacles dans les rues, a constaté un photographe de l'AFP.

Ousmane Sonko, adversaire le plus farouche du président Macky Sall, était absent au prononcé de l'arrêt, tout comme lors de son procès. Il est présumé être bloqué par les forces de sécurité chez lui dans la capitale, "séquestré" selon lui.

Mais, après deux ans d'une confrontation avec les autorités qui a tenu en haleine le pays, il peut désormais être arrêté "à tout moment", a dit à des journalistes le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall.

>> Revoir le sujet de Forum sur la crise politique au Sénégal en 2021 :

Une violente crise politique secoue le Sénégal depuis une semaine
Une violente crise politique secoue le Sénégal depuis une semaine / Forum / 3 min. / le 8 mars 2021

agences/thc/vic

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