Treize femmes accusent Gérard Depardieu de violences sexuelles ou sexistes

Dans un long article, le site d'investigation rapporte le témoignage de treize femmes qui affirment "avoir subi des gestes ou propos sexuels inappropriés du célèbre acteur, de gravité différente, sur le tournage de onze films ou séries sortis entre 2004 et 2022 ou dans des lieux extérieurs", ainsi que le récit de certains témoins des scènes.

Les faits reprochés

Ces femmes affirment "avoir subi une main dans leur culotte, à leur entrejambe, à leurs fesses ou bien sur leur poitrine; des propos sexuels obscènes; parfois des grognements insistants", écrit le site. "Suivis, souvent, de rires sur le plateau. Et cette même phrase, lorsque certaines se sont plaintes: 'Oh ça va, c'est Gérard!'", poursuit l'article.

Marine Turchi, auteure de l'article, a expliqué mercredi dans le 12h30 de la RTS que ces femmes "sont autant choquées par les violences qu'elles dénoncent que par les réactions sur les plateaux de tournage".

Des agissements connus

Selon Marine Turchi, les agissements de Gérard Depardieu étaient bien connus dans le milieu. "C'est parfois une formule un petit peu à l'emporte-pièce, mais j'ai pu vérifier qu'effectivement, cette fois-ci, tout le monde savait".

Cette fois-ci, tout le monde savait.

La journaliste s'est penchée sur de nombreux livres, articles et vidéos relayant certaines agressions en les tournant en dérision. "On trouve plein d'articles sur le top 10 des provocations ou des frasques de Depardieu, alors même qu'il y a des insultes sexistes, des baisers forcés ou par surprise et des mains aux fesses", poursuit-elle.

Mise en examen pour viol

Les témoignages recueillis par Mediapart s'ajoutent à la plainte de l'actrice Charlotte Arnould, qui a valu à l'acteur une mise en examen pour viol en 2020. Cette décision d'une juge d’instruction parisienne a sans doute encouragé les treize femmes à se confier, selon Marine Turchi.

"On a reçu des alertes au fil des années, depuis la plainte déposée par l'actrice Charlotte Arnould en 2018, mais les personnes ne voulaient pas parler", explique la journaliste.

"Elles avaient peur de ne plus travailler et de la réaction du milieu du monde du cinéma français. Et la mise en examen pour viol de Gérard Depardieu a permis de délier les langues", continue-t-elle.

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Aucune nouvelle plainte

Aucune des femmes citées dans Mediapart n'a porté plainte, mais trois d'entre elles ont apporté leur témoignage à la justice, selon le site. Une femme, qui était figurante en 2014 sur le film "Big House" (2015), réalisé par Jean-Emmanuel Godart, a notamment envoyé son témoignage en mars "pour aider Charlotte Arnould".

"Sans prévenir, Gérard Depardieu a mis sa main sous ma robe, j'ai senti ses doigts essayer de se faufiler pour atteindre ma culotte", a-t-elle raconté à Mediapart, disant avoir "repoussé sa main". "Mais il a continué, il est devenu agressif, il a essayé d'écarter ma culotte et de me doigter: j'ai compris qu'il ne jouait pas son personnage. Si je ne l'avais pas arrêté, il aurait réussi", a-t-elle dit.

Gérard Depardieu dément

L'acteur de 74 ans "dément formellement l'ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale", a fait savoir à Mediapart le cabinet d'avocats Temime, chargé de le défendre. Gérard Depardieu n'a en outre pas souhaité répondre aux questions de Mediapart, dénonçant un "réquisitoire".

"Il a refusé de répondre à nos questions, alors même qu'il y avait énormément de points sur lesquels j'aurais aimé entendre sa version des faits", déplore Marine Turchi. Elle invite donc ses confrères des médias à "le questionner, quand il est sur les plateaux télé, sur son comportement avec les femmes".

Propos recueillis par Yann Amedro
Adaptation web: edel avec ats