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Le Parlement européen lance une enquête interne sur l'affaire de corruption

Le Parlement européen ébranlé par un scandale de corruption lié au Qatar: 4 arrestations dont une vice-présidente
Le Parlement européen ébranlé par un scandale de corruption lié au Qatar: 4 arrestations dont une vice-présidente / 19h30 / 2 min. / le 12 décembre 2022
Les plus hautes instances européennes se sont dites lundi préoccupées par les informations "très graves" sur l'affaire de corruption présumée au sein du Parlement européen, dont la vice-présidente grecque, Eva Kaili, a été écrouée. Une enquête interne a été lancée.

Les soupçons de corruption au sein du Parlement européen sont "très graves" et "extrêmement préoccupantes", a estimé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Et la cheffe de l'exécutif européen d'ajouter: "C'est une question de confiance dans les personnes au coeur de nos institutions. Cette confiance suppose des standards élevés d'indépendance et d'intégrité." Ursula von der Leyen a aussi rappelé avoir proposé la création d'"une autorité indépendante" sur les questions d'éthique dans les institutions de l'UE.

Après avoir convoqué une réunion d’urgence des présidents de groupe, la présidente du Parlement européen a pour sa part annoncé une "enquête interne" sur cette affaire, promettant qu'il n'y aurait aucune impunité. "La démocratie européenne est attaquée", a déclaré Roberta Metsola, faisant part de sa "fureur, colère et tristesse".

De son côté, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a jugé "très préoccupantes" ces informations. "Une enquête est en cours et nous la suivons", a-t-il précisé.

Quatre inculpations, deux libérations

Les procureurs ont perquisitionné 16 maisons et saisi 600'000 euros à Bruxelles vendredi dans le cadre d'une enquête pour des faits présumés de blanchiment d'argent et de corruption. Une nouvelle perquisition a aussi été menée lundi, soit un total de vingt en quatre jours.

Les procureurs ont déclaré qu'ils soupçonnaient depuis des mois qu'un État du Golfe tentait d'influencer les décisions prises à Bruxelles. Une source ayant connaissance de l'affaire a déclaré que cet État était le Qatar, hôte de la Coupe du monde de football.

La vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili et trois autres personnes, dont un ancien élu européen italien, ont été interpellées et écrouées dans le cadre d'une enquête menée par un juge belge.

Des "sacs de billets" ont été trouvés dans l'appartement d'Eva Kaili, a-t-on appris de source judiciaire. Six personnes ont été initialement placées en détention, deux ont été libérées.

>> L'interview dans Forum de Yves Bertoncini, enseignant en affaires européennes à l'école de commerce de Paris et consultant en affaires européennes :

Yves Bertoncini s’exprime sur les cas de corruptions présumés au Parlement européen
Yves Bertoncini s’exprime sur les cas de corruptions présumés au Parlement européen / Forum / 5 min. / le 12 décembre 2022

La crédibilité de l'Europe est en jeu

"Il s'agit vraiment d'un incident incroyable qui doit maintenant être élucidé sans équivoque et avec toute la rigueur de la loi, car il en va aussi et surtout de la crédibilité de l'Europe", a de son côté estimé la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock.

"C'est un scandale sur lequel nous devons faire éclater la vérité afin que nous puissions nous assurer que cela ne se reproduise pas", a pour sa part insisté le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney. "Une enquête complète et transparente doit être menée afin d'obtenir une explication sur ce qui s'est passé."

>> Lire aussi : Quatre personnes écrouées dans l'affaire de corruption au Parlement européen, dont sa vice-présidente

"Il va falloir muscler en urgence notre institution pour lutter contre le poison de la corruption", a réclamé sur Twitter, l'eurodéputée française Aurore Lalucq, membre du deuxième groupe politique du Parlement, les Socialistes et démocrates.

Face au "pire scandale de corruption de l'histoire" du Parlement européen, l'élue française Manon Aubry (La France Insoumise), co-présidente du groupe de la gauche radicale, a "exigé la démission de la vice-présidente prise la main dans le sac, l'organisation d'un débat avec résolution et l'ouverture immédiate d'une commission d'enquête sur les défaillances du Parlement dans cette affaire".

Moqueries de la Hongrie

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban se frottait les mains lundi devant le scandale de corruption, toujours prompt à dénoncer les atteintes à l'Etat de droit dans ce pays d'Europe centrale.

"Bonjour au Parlement européen!", a-t-il lancé sur son compte Twitter."Et là, ils ont dit qu'ils étaient vivement préoccupés par la corruption en Hongrie", a-t-il ironisé, dans un message accompagné d'une photo de 1981 où l'on voit les anciens présidents américains Ronald Reagan et George Bush rire aux éclats.

Cette pique du dirigeant nationaliste intervient alors que la Hongrie est sous la menace du gel de plusieurs milliards d'euros de fonds de l'Union européenne, pour cause de réformes jugées insuffisantes contre la corruption.

>> Lire aussi : Onde de choc au sein de l'UE après une vaste opération anticorruption

agences/miro

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Athènes gèle les avoirs d'Eva Kaili

L'Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d'argent a annoncé geler tous les avoirs de la vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili.

La mesure qui vise l'élue, écartée du parti socialiste grec à la suite de cette affaire, concerne "les comptes bancaires, les coffres, les sociétés et tout autre actif financier", selon le président de l'autorité anti-blanchiment, Haralambos Vourliotis, cité par un membre de la même organisation.

Les établissements bancaires grecs et les services de l'Etat compétents ont déjà été informés de cette mesure par l'Autorité de lutte contre le blanchiment d'argent, selon ce membre de cette institution.

Le gel des avoirs concerne également les membres de la famille proche d'Eva Kaili, comme ses parents, selon la même source.

Dans le collimateur de l'Autorité figure également une société immobilière récemment établie dans le quartier athénien chic de Kolonaki, qui aurait été créée par la députée européenne de 44 ans et son compagnon italien, également écroué en Belgique.