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Au Royaume-Uni, les grèves vont se multiplier toute la semaine

Image d'illustration de personnes portant un panneau demandant le droit à la grève au Royaume-Uni. [AFP - CARLOS JASSO]
Au Royaume-Uni, les mouvements sociaux se multiplient, aussi bien dans le secteur public que le privé / La Matinale / 2 min. / le 12 décembre 2022
Cheminots, postiers, douaniers: la contestation gagne de nombreux secteurs au Royaume-Uni, y compris la santé. Infirmières et infirmiers débrayeront jeudi pour la première fois depuis plus de 100 ans.

En première ligne de la pandémie, elles ont parfois besoin des banques alimentaires pour se nourrir. Les infirmières observent jeudi une grève inédite au Royaume-Uni pour obtenir des augmentations de salaires, un mouvement qui intervient "en dernier recours".

Certains services - chimiothérapie, dialyse, soins intensifs et unités pour malades très dépendants - seront épargnés. Mais d'autres verront leurs effectifs comparables à ceux d'un Noël, selon le RCN.

Patients "en danger"

"La charge de travail est horrible. Les infirmiers sont cramés, ils ne peuvent pas apporter un service sûr aux patients", explique à l'AFP Mark Boothroyd, infirmier urgentiste à Londres. "Les patients sont mis en danger tous les jours."

Selon ce membre du Royal College of Nursing - organisation professionnelle créée il y a 106 ans - et délégué du personnel à la fédération syndicale Unite, le mouvement qui s'étend sur deux jours - jeudi et le 20 décembre - vise à "restaurer la qualité des soins pour les patients".

Dans un Royaume-Uni en pleine crise du coût de la vie, les syndicats affirment que leurs membres sautent des repas, peinent à nourrir et habiller leurs familles et finissent par quitter en masse le service public gratuit de santé, le très respecté et apprécié NHS. Les augmentations inférieures à l'inflation depuis 2010 - année qui marquait le début d'une période de sévère austérité - laissent des infirmières expérimentées avec une baisse de pouvoir d'achat de 20%.

Revendications "inabordables"

Le syndicat demande des augmentations de salaire supérieures à l'inflation, qui a atteint un niveau inédit depuis 41 ans de 11,1% en octobre. Des revendications que le gouvernement juge "inabordables" financièrement. Dimanche, la secrétaire générale du RCN Pat Cullen s'est dite prête à arrêter la grève si le ministre de la Santé Steve Barclay accepte de "discuter".

Ce dernier a répondu être ouvert à des discussions sur des questions plus larges, mais pas sur celle des salaires. Au début de la pandémie, les Britanniques sortaient applaudir chaque semaine infirmières et médecins. Aujourd'hui un hôpital sur quatre a dû se résoudre à ouvrir une banque alimentaire pour ses employés.

Le personnel administratif et soignant les utilise parfois tant il est "difficile de boucler les fins de mois", explique Mark Boothroyd, 37 ans. "Les gens ont du mal à payer leur loyer, les transports, certaines de mes collègues sont mères célibataires, elles ont dû mal à conserver un toit au dessus de leur tête et subvenir aux besoins de leurs enfants."

Selon cet infirmier qui travaille à l'hôpital Saint-Thomas, dans le coeur de la capitale britannique, les faibles salaires font que les infirmiers fraîchement diplômés quittent la profession après seulement un ou deux ans. La vacance des postes qui en résulte place le personnel qui reste sous une immense pression, avec à la clé stress et problèmes psychologiques fréquemment signalés.

"Résoudre la crise"

Malgré les assurances selon lesquelles les services vitaux seraient protégés, les patients seront bel et bien affectés par la grève, concède Mark Boothroyd.

Mais il s'agit selon lui de "perturbations à court terme" pour résoudre les problèmes qui minent le NHS, notamment l'allongement des délais pour obtenir un rendez-vous et la résorption des retards énormes accumulés ces dernières années.

Nombre d'autres secteurs sont concernés, les mouvements sociaux se multiplient, aussi bien dans le secteur public que le privé. "Ca n'a pas été une décision facile pour les infirmiers", ajoute-t-il, ajoutant que beaucoup d'entre eux "ont le sentiment que c'est leur devoir de faire grève pour essayer d'améliorer les conditions pour les patients."

ats/hkr

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