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L'Indonésie interdit les relations sexuelles hors mariage

Des manifestantes indonésiennes tiennent des pancartes indiquant que "le droit pénal contrôle le corps des femmes" lors d'une mobilisation contre le nouveau code le 5 décembre à Jakarta. [Keystone - EPA/MAST IRHAM]
RTSreligion – Le parlement indonésien interdit les relations sexuelles hors-mariage / Chronique de RTSreligion / 2 min. / le 7 décembre 2022
Le Parlement indonésien a approuvé mardi un nouveau code pénal qui interdit les relations sexuelles hors mariage et prévoit une peine pouvant aller jusqu'à un an d'emprisonnement.

Selon le nouveau texte, le sexe hors mariage et le concubinage sont passibles de peines de prison de 6 mois à un an. Des mesures qui pourraient être utilisées contre la communauté LGBTQ, dans ce pays qui n’autorise pas le mariage entre personnes de même sexe. Avant le vote, des détracteurs à ces amendements avaient prévenu qu’ils auraient également un impact disproportionné sur les femmes.

Le nouveau code, qui s'appliquera aux Indonésiens comme aux étrangers, interdit également l'apostasie, soit l'abandon de sa religion d'origine, les insultes au président ou aux institutions de l'État, la diffusion des opinions contraires à l’idéologie nationale et l'organisation des manifestations sans notification. Il a été adopté avec le soutien de tous les partis politiques.

Les nouvelles lois font partie d'une série de modifications juridiques qui, selon ses opposants, portent atteinte aux libertés civiles dans la troisième plus grande démocratie du monde.

Secteur du tourisme inquiet

Le code n'entrera toutefois pas en vigueur avant trois ans, afin de permettre l'élaboration de règlements d'application. Actuellement, l'Indonésie interdit l'adultère mais pas les relations sexuelles avant le mariage.

Selon le directeur adjoint de l'office indonésien du tourisme, Maulana Yusran, le nouveau code est "totalement contre-productif" à un moment où l'économie et le tourisme commencent à se remettre de la pandémie.

Les arrivées d'étrangers sur l'île indonésienne de Bali, destination prisée des touristes, devraient atteindre les niveaux d'avant la pandémie, soit six millions, d'ici 2025, estime l'office de tourisme.

Mais selon Albert Aries, porte-parole du ministère indonésien de la Justice, l'impact des nouvelles lois régissant la moralité est limité par le fait que seul un nombre réduit de personnes pourront signaler d'éventuelles atteintes, telles qu'un parent, un conjoint ou un enfant des délinquants présumés.

Révision prévue en 2019

Le gouvernement indonésien avait prévu une révision du code pénal du pays datant de l'époque coloniale en 2019, mais des manifestations nationales ont interrompu son adoption. Cette fois-ci, la réaction du public a été considérablement plus modérée, avec seulement de petites manifestations organisées dans la capitale lundi et mardi.

La population indonésienne est majoritairement musulmane et compte des groupes importants de confession hindoue, chrétienne et autres. La plupart des musulmans indonésiens pratiquent une version modérée de l'islam, mais ces dernières années ont été marquées par une montée du conservatisme religieux qui s'est inséré dans la sphère politique.

Des lois islamiques strictes sont déjà appliquées dans certaines parties du pays comme dans la province est d’Aceh, où l’alcool et les jeux de hasard sont interdits et où des flagellations publiques ont lieu en cas d'homosexualité et d'adultère.

cab avec reuters

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