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Gianni Infantino tourné en ridicule sur les réseaux sociaux après ses propos sur la discrimination

Gianni Infantino tourné en ridicule sur les réseaux sociaux après ses propos sur la discrimination [KEYSTONE - NOUSHAD THEKKAYIL]
Gianni Infantino tourné en ridicule sur les réseaux sociaux après ses propos sur la discrimination - [KEYSTONE - NOUSHAD THEKKAYIL]
Lors d'une conférence de presse samedi, à la veille de l'ouverture de la Coupe du monde au Qatar, le président de la FIFA Gianni Infantino a dit se sentir à la fois "gay", "arabe", "africain" ou encore "handicapé". Ses propos, pour expliquer qu'il avait lui aussi connu la discrimination, ont rapidement été tournés en ridicule sur les réseaux sociaux.

A quelques heures du début de la Coupe du monde de football au Qatar, la FIFA et le petit émirat du Golfe continuent à être sous le feu des critiques.

Soupçons de corruption concernant l'attribution de l'événement, bilan écologique désastreux, conditions extrêmement précaires pour les travailleurs qui ont construit les stades, pays n'ayant aucune tradition footballistique, lois interdisant l'homosexualité: pas un jour ne se passe sans qu'un article ou un reportage ne s'en prenne à la FIFA et au Qatar.

Visiblement agacé par cette situation, le président de la FIFA a donc décidé de frapper du poing sur la table samedi, en écartant d'un simple revers de main ces accusations.

>> Revoir le reportage du 19h30 :

À la veille de l’ouverture, Gianni Infantino le président de la FIFA défend l’organisation du Mondial de football au Qatar
À la veille de l’ouverture, Gianni Infantino le président de la FIFA défend l’organisation du Mondial de football au Qatar / 19h30 / 2 min. / le 19 novembre 2022

"Je me sens Qatari, gay, handicapé..."

Des accusations qui seraient selon Gianni Infantino le fruit d'une discrimination à l'encontre du pays hôte. Une discrimination que l'Helvète comprendrait tout particulièrement, car lui aussi en aurait été victime.

"Aujourd'hui, je me sens Qatari, aujourd'hui, je me sens arabe, aujourd'hui, je me sens Africain, aujourd'hui, je me sens gay, aujourd'hui, je me sens handicapé, aujourd'hui, je me sens comme un exilé, aujourd'hui, je me sens comme un travailleur migrant", a-t-il déclaré.

"Je me sens ainsi parce que tout ce que je vois me ramène à mon histoire personnelle", a-t-il ajouté.

Puisant dans son parcours privé et dans son enfance de fils de travailleur immigré en Suisse, il a également évoqué les quolibets qu'il a essuyés pour son accent, la couleurs de ses cheveux ou encore pour ses taches de rousseur.

Moqué sur les réseaux sociaux

Mais ce discours qui se voulait solennel est apparu lunaire et moralisateur pour bon nombre d'internautes. Les comparaisons entre la condition des travailleurs migrants, des personnes d'origine africaine ou des homosexuels au Qatar et la vie personnelle du Haut-Valaisan ont aussi suscité de nombreuses moqueries.

"Gianni Infantino au collège Gilbert Gress à Brigue en 1981", a tweeté un internaute, faisant référence à un établissement scolaire imaginaire portant le nom du fameux entraîneur franco-suisse et accompagnant sa publication d'une photo de Ron Weasley, l'un des héros de la saga Harry Potter.

"On nous indique dans l'oreillette que le directeur de la FIFA se sent gay, arabe, handicapé et travailleur immigré. Nous lui proposons naturellement notre aide pour faire son coming out dans les rues de Doha", évoque un autre tweet, dans un humour plus noir.

"Dire que d'ici quelques jours, on va retrouver Gianni Infantino assis au milieu de l'A6 pour bloquer le trafic ou en train d'attaquer l'obélisque de la Concorde au marteau-piqueur, c'est vraiment une évolution inattendue", commente de son côté" le chercheur français en sécurité intérieure Mathieu Zagrodzki, ironisant donc sur le fait que Gianni Infantino aurait rejoint avec son discours inclusif la gauche de la gauche.

Autre métaphore footballistique enfin pour Frédéric Wittner, rédacteur en chef de FranceInfo. "Audacieux geste technique de Gianni Infantino. Ne tentez pas ça chez vous."

Des réactions plus sérieuses et plus politiques

Mais si les propos Gianni Infantino ont provoqué les rires et les boutades, ils ont aussi amené de nombreux politiques et analystes à faire une critique sans concession de cette prise de parole.

"Gianni Infantino gagne 250'000 dollars par mois. Il a refusé que la FIFA indemnise les travailleurs réduits en esclavage ou les familles des morts sur les chantiers de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Mais il se sent travailleur migrant. Cynisme ignoble. L'argent sale corrompt tout. A vomir", lâche ainsi Bastien Lachaud, député français de la France Insoumise.

"Gianni Infantino, vous vous sentez gay, qatari, travailleur migrant aujourd’hui? Vous avez peur d’être pendu, battu, exploité et que pendant que vous craignez la mort et la maltraitance, le monde regarde des matchs de foot se jouer sur les cadavres de vos amis?", réagit la sénatrice écologiste des Français de l'étranger Mélanie Vogel.

Mais c'est sans doute la journaliste sud-africaine Melissa Reddy qui résumait le mieux l'agacement et la colère à l'encontre de Gianni Infantino, sur la chaîne Sky Sports News:

"Vous ne pouvez pas nier leur expérience en disant que vous ressentez vraiment ce qu'ils ressentent. C'est un discours absolument stupéfiant de la part du président de la FIFA. C'est probablement d'autant plus stupéfiant qu'il sera réélu sans adversaire, même après avoir dit des choses pareilles. Il a dit que ça serait la meilleure Coupe du monde de l'histoire mais je pense que ce sera la Coupe du monde qui montre vraiment à quel point ce jeu est sale."

Tristan Hertig

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Une version copiée d'un discours d'Andrew Cuomo?

Sur Twitter, un internaute a également signalé sur son compte que ce discours pourrait avoir largement été inspiré d'une intervention d'Andrew Cuomo, ex-gouverneur de New York, qui avait dû quitter sa fonction après des accusations de harcèlement sexuel.

Lors de ce discours, le gouverneur, blanc et hétérosexuel, disait être à la fois "musulman", "juif", "noir", "gay" ou encore une femme cherchant "à retrouver le contrôle de son corps".