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La Colombie veut entamer un dialogue inédit avec les narcotrafiquants

Le nouveau président colombien Gustavo Petro veut dialoguer avec les narcotrafiquants. [Keystone - EPA/Carlos Ortega]
Le nouveau président colombien veut dialoguer avec les narcotrafiquants / La Matinale / 1 min. / le 12 août 2022
Le nouveau président colombien Gustavo Petro veut dialoguer avec les narcotrafiquants. La proposition fait partie de son plan pour instaurer une paix totale dans le pays, après plus de 60 ans de conflit armé. Mais cette idée inédite crée la polémique.

Le gouvernement colombien a lancé un appel de paix aux groupes armés actifs dans le pays. Il veut reprendre le dialogue avec la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN) et surtout négocier avec les narcotrafiquants.

Le plus important groupe mafieux, le Clan del Golfo, s'est déjà dit prêt à négocier avec le nouveau dirigeant de gauche. La Colombie a l'expérience des négociations de paix, mais jamais avec des narcotrafiquants, a expliqué vendredi dans La Matinale Yann Basset, politologue et professeur à l'Université el Rosario à Bogota. "En ce qui concerne le Clan del Golfo, il s'agirait de négociation de soumission à la justice, c'est-à-dire de remise de peine en échange d'une démobilisation. Cela ne prend pas en compte des négociations politiques."

Les trafiquants de drogue pourraient laisser les armes contre 8 ans de prison seulement. L'idée fait hurler l'opposition, qui voit dans cette offre un déni de justice pour les victimes.

Aussi au Salvador

D'autres pays ont testé des formules similaires. Ainsi, en 2012, le Salvador avait négocié avec les bandes criminelles maras avec pour résultat 50% d'assassinats en moins.

Mais le trafic de drogue est un problème global. Sans changements de fond, le vide laissé par le Clan del Golfo serait immédiatement réinvesti par de nouveaux acteurs. Pour atteindre cette paix totale, il faut une volonté de changements structurels: "Cela passe par un paradigme différent de la lutte contre la drogue au niveau international. Cela ne dépend pas que de la Colombie mais c'est quelque chose de très compliqué qui prend beaucoup de temps", a encore relevé le politologue.

Gustavo Petro a au moins l'avantage de pouvoir compter sur d'autres pays progressistes dans la région. L'Amérique latine pourrait faire bloc afin de changer les politiques mondiales de lutte contre la drogue.

Anouk Henry/lan

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