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Le pape François reconnaît un "génocide" des autochtones au Canada

Le pape François en conférence de presse à bord de l'avion papal, lors de son vol de retour après sa visite au Canada, le 29 juillet 2022. [AFP - Guglielmo Mangiapane]
Le pape François reconnaît un "génocide" des autochtones au Canada / Le Journal horaire / 31 sec. / le 30 juillet 2022
Le pape François a reconnu que le drame des pensionnats pour autochtones au Canada s'assimilait à un "génocide", au retour d'un voyage de six jours lors duquel il a demandé "pardon" à de nombreuses reprises aux populations amérindiennes.

"Je n'ai pas prononcé le mot [durant le voyage] parce que cela ne m'est pas venu à l'esprit, mais j'ai décrit le génocide. Et j'ai présenté mes excuses, demandé pardon pour ce processus qui est un génocide", a déclaré le pape lors d'une conférence de presse dans l'avion le ramenant à Rome.

"Enlever les enfants, changer la culture, changer la mentalité, changer les traditions, changer une race, disons-le comme ça, toute une culture", a ajouté le souverain pontife argentin en référence aux pensionnats pour enfants autochtones mis en place au Canada entre la fin du XIXe siècle et les années 1990.

Quelque 150'000 Inuits, métis ou membres des premières nations ont été enrôlés de force dans plus de 130 de ces institutions, coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture. Nombre d'entre eux ont subi des abus physiques ou sexuels et des milliers n'en sont jamais revenus, victimes de maladies, de malnutrition ou de négligence.

Le pape François salue des habitants autochtones lors de son arrivée à Iqaluit, au Nunavut, dans le cadre de sa visite au Canada. [KEYSTONE - NATHAN DENETTE]
Le pape François salue des habitants autochtones lors de son arrivée à Iqaluit, au Nunavut, dans le cadre de sa visite au Canada. [KEYSTONE - NATHAN DENETTE]

Une doctrine colonialiste

Tout au long de sa visite, le pape a demandé "pardon" à plusieurs reprises pour le rôle joué par "de nombreux chrétiens" dans ce système mis en place par les gouvernements de l'époque, mais majoritairement géré par l'Eglise catholique.

Interrogé sur la "doctrine de la découverte", les édits papaux du XVe siècle qui autorisaient les puissances européennes à coloniser les terres et les peuples non chrétiens, le pape a jugé "mauvaise" et "injuste" cette "doctrine de la colonisation".

"Cette mentalité selon laquelle nous sommes supérieurs et les indigènes ne comptent pas est grave. Pour cela, nous devons travailler dans ce sens. Revenir en arrière et assainir tout ce qui a été mal fait, mais en ayant conscience qu'aujourd'hui aussi, il existe le même colonialisme", a-t-il répondu.

A Québec puis à Iqaluit, dans l'archipel arctique, des autochtones avaient déployé des pancartes et banderoles lors des rassemblements en présence du pape pour demander de "révoquer" cette doctrine.

Des excuses "pas complètes"

Pour la dernière étape de son voyage au Canada, le souverain pontife de 85 ans s'est rendu à Iqaluit, capitale du Nunavut dans le grand Nord canadien, où il a été accueilli au son de chants de gorge inuits.

Dans cette petite ville accessible uniquement en avion et où vivent un peu plus de 7000 personnes, principalement des autochtones, le pape a évoqué les "grandes souffrances" de ceux placés de force dans des pensionnats visant à "tuer l'Indien dans le coeur de l'enfant". "Les familles ont été désagrégées, les enfants emportés, loin de leur milieu; l'hiver est descendu sur tout", a-t-il déploré.

Avant, le pape s'était entretenu un long moment avec d'anciens résidents de pensionnats pour autochtones qui ont eu le "courage" de partager leurs "grandes souffrances".

Une femme et des enfants autochtones portent sur leurs vêtements l'inscription "Chaque enfant compte" en attendant l'arrivée du pape François à l'école Nakasuk à Iqaluit, au Nunavut. [AFP - Vincenzo Pinto]
Une femme et des enfants autochtones portent sur leurs vêtements l'inscription "Chaque enfant compte" en attendant l'arrivée du pape François à l'école Nakasuk à Iqaluit, au Nunavut. [AFP - Vincenzo Pinto]

Pour Kilikvak Kabloona, présidente de l'organisation Nunavut Tunngavik qui représente les Inuits du Nunavut, "les excuses du pape n'étaient pas complètes". "Elles n'ont pas pris en compte les abus sexuels et n'ont pas reconnu le rôle institutionnel de l'Eglise catholique dans la protection des agresseurs, cette protection permet à la violence sexuelle de prospérer", estime-t-elle.

>> Lire aussi : Au Canada, les excuses du pape aux autochtones bienvenues mais jugées insuffisantes

ats/vajo/iar

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Affaibli, le pape évoque la possibilité de se "mettre de côté"

Agé de 85 ans et diminué par de vives douleurs au genou le contraignant à se déplacer en fauteuil roulant, le pape François a confié qu'il ne pourrait "plus voyager" au même rythme qu'auparavant.

"Je crois qu'à mon âge, et avec ces limites, je dois me ménager pour pouvoir servir l'Eglise, ou au contraire penser à la possibilité de me mettre de côté", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse dans l'avion le ramenant de son voyage au Canada, dans la nuit de vendredi à samedi.

"En toute honnêteté, ce n'est pas une catastrophe. On peut changer de pape. Ce n'est pas un problème. Mais je crois que je dois me limiter un peu, avec ces efforts", a ajouté le pape devant les journalistes au retour de son 37e périple international depuis son élection en 2013.

"Ce voyage était un peu un test: on ne peut pas faire les voyages dans cet état, il faut peut-être changer un peu le style", a-t-il reconnu, tout en confiant qu'il "essaierait de continuer à voyager, à être proche des gens, parce que c'est un moyen de servir, la proximité". Lors de sa visite au Canada, le pape s'est déplacé surtout en fauteuil roulant et est apparu affaibli.