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En manque de fonds, l'ONU appelle à ne pas oublier le Yémen malgré l'Ukraine

Des personnes reçoivent une aide alimentaire dans la ville d'al-Jarahi, dans la province portuaire de Hodeidah, au Yémen, le 10 février 2022. [Keystone - EPA/YAHYA ARHAB]
La guerre au Yémen, une crise oubliée / La Matinale / 1 min. / le 17 mars 2022
L'ONU s'est montrée "déçue" mercredi après n'avoir réussi à collecter que moins d'un tiers des promesses de dons qu'elle espérait pour tenter de sauver le Yémen d'une catastrophe humanitaire. Les donateurs ont promis de donner 1,3 milliard de dollars, là où les Nations unies en espéraient 4,3 milliards.

"Ne nous faisons aucune illusion. Nous espérions plus", a déclaré le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths.

Il a promis de redoubler d'efforts pour tenter -au moyen d'autres appels dans les mois à venir- de récolter les fonds nécessaires pour ce pays en proie à une guerre dévastatrice depuis 2014.

Quinze millions de la Suisse

La Suisse va donner cette année à nouveau 15 millions de francs pour le Yémen. Lors d'une réunion en ligne de donateurs organisée avec l'ONU et la Suède, le président de la Confédération Ignazio Cassis a appelé mercredi à "ne pas oublier" ce pays malgré l'Ukraine.

"Le Yémen ne fait peut-être plus les gros titres, mais la souffrance humaine n'a pas diminué. (...) Aujourd'hui, le manque de fonds risque d'entraîner une catastrophe", avait prévenu le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, à l'ouverture de la conférence virtuelle.

"Des millions de personnes sont confrontées à une faim extrême, et le Programme alimentaire mondial a dû réduire de moitié les rations en raison du manque de fonds. D'autres réductions sont imminentes", a-t-il alerté.

Hausse du prix des matières premières

Alors que les besoins humanitaires s'accroissent au Yémen et que la guerre en Ukraine fait flamber les cours des matières premières dont celui du blé, Martin Griffiths avait appelé les donateurs à débloquer "près de 4,3 milliards de dollars" pour venir en aide à 17,2 millions de personnes au Yémen.

Environ un tiers du blé utilisé au Yémen provient de Russie et d'Ukraine, selon Martin Griffiths.

"Les prix des denrées alimentaires ont déjà grimpé en flèche et nous nous attendons à des restrictions en termes d'approvisionnement", a-t-il dit. Et ce alors même que les prix des denrées alimentaires ont déjà presque doublé au Yémen l'an dernier.

Vives inquiétudes

Selon l'ONU, quelque 161'000 personnes seront bientôt confrontées à une "insécurité alimentaire catastrophique, un signe avant-coureur de ce qui pourraient arriver à 7,1 millions de personnes qui ne se trouvent qu'à une marche de ce stade ultime d'une crise humanitaire".

L'année dernière, l'ONU et ses partenaires ont pu aider environ 12 millions de personnes chaque mois. Les citoyens vulnérables ont pu être assistés dans toutes les régions du pays.

ats/cab

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Un pays en guerre depuis 2014

La guerre au Yémen oppose depuis 2014 les Houthis, soutenus par l'Iran, aux forces gouvernementales, appuyées depuis 2015 par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite et à laquelle participent notamment les Emirats arabes unis.

Cette coalition affirme que l'Iran et le Hezbollah, un mouvement chiite libanais pro-iranien, forment les combattants rebelles et leur fournissent du matériel militaire. L'Iran dément tout soutien autre que politique.

Selon un rapport de l'ONU publié en novembre 2021, la guerre a fait près de 380'000 morts, dont une grande majorité en raison des conséquences indirectes des combats, comme le manque d'eau potable, la faim et les maladies.