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Ghislaine Maxwell, "une prédatrice sophistiquée", selon l'accusation

Une personne proteste devant le tribunal où à lieu le procès de Ghislaine Maxwell, le 16 décembre 2021. [AFP - David Dee Delgado]
Ghislaine Maxwell, "une prédatrice sophistiquée", selon l'accusation / Le Journal horaire / 37 sec. / le 20 décembre 2021
Ce lundi a débuté, à New York, les réquisitoires et plaidoiries au procès pour crimes sexuels de Ghislaine Maxwell, avant qu'un jury ne se retire pour délibérer. L'ex-partenaire de Jeffrey Epstein est accusée d'avoir fourni des filles mineures au riche financier afin qu'il les exploite sexuellement.

L'accusation a appelé ce lundi le jury d'un tribunal de New York à condamner pour crimes sexuels la mondaine britannique Ghislaine Maxwell, "une prédatrice sophistiquée qui savait très bien ce qu'elle faisait", selon la procureure.

Ghislaine Maxwell, âgée de 59 ans, fait face à une très longue peine de prison si le jury, qui devrait se retirer ce lundi soir pour délibérer, la reconnaît coupable d'avoir fourni des jeunes filles mineures à Jeffrey Epstein. Ce financier multimillionnaire de la jet-set américaine avait été accusé d'agressions sexuelles sur mineures en 2019.

>> Lire à ce propos : Epstein aurait agressé sexuellement des mineures jusqu'en 2019

"La clé" du système Epstein

"Il est temps qu'elle rende des comptes", a lancé la procureure Alison Moe lors de son réquisitoire, au dernier jour d'un procès de trois semaines. Selon la procureure, Ghislaine Maxwell était "la clé" du système mis en place par Jeffrey Epstein pour recruter des jeunes filles qu'il abusait sexuellement. "Ils menaient ensemble leurs méfaits. A l'abri des regards, (...) ils commettaient des crimes horribles", a lancé la procureure au jury.

Depuis le début des audiences le 29 novembre, les procureurs ont cherché à dépeindre cette Britannique, qui possède également les nationalités américaine et française, comme la complice entre 1994 et 2004 de Jeffrey Epstein, qui s'est lui suicidé en prison deux ans auparavant, dans l'attente de son propre procès.

Dans la salle du tribunal fédéral de Manhattan, Ghislaine Maxwell, vêtue d'un pull blanc crème et portant un masque noir, prenait souvent des notes qu'elle passait à ses avocats ou collait sur un dossier, pendant que la procureure assurait qu'elle était "coupable". Au fil des semaines de procès, quatre femmes ont apporté leurs témoignages à l'encontre de la fille de l'ancien magnat des médias Robert Maxwell.

Pas plus de 14 ans lors des faits

Deux des témoins ont ainsi affirmé qu'elles n'avaient pas plus de 14 ans quand Ghislaine Maxwell les avait incitées à prodiguer des massages à Jeffrey Epstein, ceux-ci s'achevant par des actes sexuels. L'une d'elles, connue sous le pseudonyme "Jane", a détaillé comment Ghislaine Maxwell l'avait recrutée à un camp de vacances et l'avait fait se sentir "spéciale".

"Jane" a également raconté comment les rencontres et les actes sexuels avec Jeffrey Epstein étaient devenus une routine, avec la présence parfois de Ghislaine Maxwell. Une autre témoin, "Carolyn", a déclaré qu'elle était habituellement payée 300 dollars après chaque rencontre sexuelle avec Jeffrey Epstein et que Ghislaine Maxwell donnait souvent l'argent elle-même.

Un "manque de preuve"

Dans sa plaidoirie de ce lundi après-midi, la défense a pointé "le manque de preuve" de l'accusation et a axé sa ligne de défense sur "la mémoire très mauvaise et variable" des témoins sur des événements vieux de plus de 25 ans.

Votre honneur, le ministère public n'a pas fourni de preuve au-delà du doute raisonnable, je n'ai donc pas besoin de témoigner.

Ghislaine Maxwell

"Il n'y a aucune preuve que Ghislaine Maxwell ait amadoué l'une des quatre" femmes, qui étaient alors de jeunes filles, a lancé l'avocate Laura Meninger aux jurés. Ces quatre témoins "ont toutes changé leur version quand le fonds Epstein a été ouvert", a-t-elle affirmé en évoquant un mécanisme officiel de réparation puisé dans la fortune du milliardaire après sa mort.

L'avocate de la défense a demandé aux jurés d'acquitter sa cliente de tous les chefs d'accusation. Ghislaine Maxwell a refusé de témoigner à son procès, se bornant seulement à déclarer que l'accusation n'avait pas prouvé sa culpabilité."Votre honneur, le ministère public n'a pas fourni de preuve au-delà du doute raisonnable, je n'ai donc pas besoin de témoigner", a-t-elle affirmé vendredi.

Verdict attendu le 22 décembre

Il était attendu que le procès aille jusqu'en janvier, mais Ghislaine Maxwell pourrait désormais connaître son sort avant le 25 décembre, jour de son 60e anniversaire.

Si le jury ne parvient pas à un verdict d'ici mercredi soir, ils se sépareront pour le week-end de Noël avant de se réunir à nouveau lundi 27 décembre.

Le jury doit atteindre une décision à l'unanimité pour déclarer Ghislaine Maxwell coupable. Si ce n'est pas le cas, la juge Alison Nathan pourrait alors annuler le procès qui devrait repartir de zéro.

Ghislaine Maxwell plaide non coupable de tous les chefs d'accusation pour lesquels elle encourt jusqu'à 80 ans de prison, dont un maximum de 40 ans pour trafic de mineurs.

ats/aps

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