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Liban: le Hezbollah contrôle Beyrouth-Ouest

La crise avait dégénéré en combats violents la semaine dernière.
Les combats ont occasionné de gros dégâts dans la capitale.
Dans une violente démonstration de force du Hezbollah, les militants chiites se sont emparés de la quasi-totalité des quartiers musulmans de Beyrouth, après 3 jours d'affrontements avec les partisans sunnites du gouvernement.

Les heurts ont déjà fait au moins quinze morts, dont trois
vendredi, et une vingtaine de blessés, selon un dernier bilan
provisoire.

Apaisement en soirée

Les combats s'étaient apaisés vendredi soir alors que l'armée
libanaise commençait à se déployer dans le calme dans certaines
zones abandonnées par les militants pro-gouvernementaux. Un allié
du Hezbollah a fait savoir que le groupe entendait se retirer, au
moins partiellement, des zones occupées dans la nuit et la matinée
de vendredi, laissant entendre que le mouvement chiite pro-syrien
ne comptait pas prendre le contrôle permanent de ces
quartiers.



Mais avec ces affrontements, qui ont réveillé une nouvelle fois le
spectre de la guerre civile au Liban, le Parti de Dieu semble
vouloir prendre l'ascendant après plusieurs mois de crise politique
libanaise et de bras de fer avec Fouad Siniora.

Manifestation de puissance

Le Hezbollah a manifesté sa puissance avec des actions d'éclat
vendredi matin, ses hommes et ceux de son allié du Amal prenant le
contrôle de la chaîne Future TV du principal responsable sunnite
Saad Hariri, chef de la majorité parlementaire anti-syrienne. La
chaîne a cessé d'émettre dans la matinée sur ordre du
Hezbollah.



Les bureaux du quotidien appartenant à Saad Hariri qui se trouvent
dans la banlieue proche ont été incendiés par des hommes de
l'opposition. Les militaires n'ont pas bougé alors que les
combattants chiites incendiaient le siège du journal de Saad
Hariri, n'intervenant que pour évacuer les civils puis ouvrir
ensuite l'accès aux pompiers.

L'armée reste neutre

L'armée libanaise s'est largement tenue à l'écart des
affrontements. Plus tard dans la journée, les soldats libanais ont
pris position dans certains quartiers sunnites abandonnés par les
groupes pro-gouvernementaux. Dans certains cas, les militants du
Hezbollah ont cédé des positions qu'ils venaient de conquérir aux
troupes libanaises.



Les responsables sunnite Saad Hariri et druze Walid Joumblatt sont
assiégés dans leurs résidences dans l'ouest de Beyrouth. Le Premier
ministre Fouad Siniora serait également retranché avec plusieurs de
ses ministres dans son bureau du centre de la capitale libanaise
sous la protection renforcée de l'armée et de la police.



La majorité antisyrienne a accusé le Hezbollah de vouloir mener un
coup d'Etat et averti que le contrôle par la formation chiite du
secteur ouest de Beyrouth était un "piège" qui va se retourner
contre l'opposition.

Victoire célébrée

Les militants du Hezbollah ont célébré leurs victoires dans les
rues désertées de Beyrouth. Une centaine d'entre eux, en tenue
camouflage et portant des fusils d'assaut, ont descendu notamment
la rue Hamra, artère chic normalement animée dans un quartier à
majorité sunnite de la capitale. Dans d'autres quartiers, la prise
de contrôle du Hezbollah s'est déroulée dans le calme.



Le Liban connaît une grave crise politique depuis le départ en
novembre du président pro-syrien Emile Lahoud qui n'a pas été
remplacé depuis, faute d'accord entre la majorité anti-syrienne et
les partis fidèles à Damas. Les derniers troubles ont éclaté après
que le gouvernement de Fouad Siniora eut déclaré illégal le réseau
de télécommunication militaire du Hezbollah, jugeant qu'il menaçait
la sécurité de l'Etat.



agences/cer

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La diplomatie se met au travail

Face à l'aggravation de la situation dans le pays du Cèdre, une réunion des chefs de la Diplomatie de la Ligue arabe au Caire aura lieu dans deux jours pour discuter de la crise.

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a indiqué de son côté que la France pourrait tenter avec l'Espagne et l'Italie une initiative tripartite pour ramener le calme au Liban. Le chef de la Diplomatie française a dénoncé un "coup de force" du Hezbollah à Beyrouth-Ouest.

La Maison Blanche s'est dit vendredi "très inquiète" des agissements du Hezbollah au Liban et a exhorté l'Iran et la Syrie à cesser de soutenir l'organisation radicale chiite et d'essayer de "déstabiliser" le pays.

Les Etats-Unis ont aussi réitéré leur confiance au Premier ministre libanais Fouad Siniora et à son gouvernement, ainsi qu'à l'armée libanaise qui agit "dans l'intérêt des Libanais".

Enfin, l'Union européenne a assuré vendredi soir Fouad Siniora de son "plein soutien" et appelé à résoudre la crise "par le dialogue et dans le cadre des institutions". L'UE a en outre condamné les violences.

Quarante Suisses bloqués au Liban

Une quarantaine de touristes et d'hommes d'affaires suisses sont bloqués au Liban en raison des troubles.

L'ambassade suisse leur conseille dans un premier temps de s'éloigner des secteurs dangereux et, en cas d'urgence, de quitter le pays via le nord.

La situation ne peut être comparée à celle provoquée par la guerre entre Israël et le Hezbollah en été 2006, a indiqué vendredi François Barras, ambassadeur de Suisse au Liban. "Nous ne parlons pas encore d'aide pour quitter le pays. Mais nous nous tenons prêts à toute éventualité", a précisé l'ambassadeur.

La représentation helvétique a contacté les quelque 900 Suisses résidant au Liban et leur a conseillé de rester chez eux, jusqu'à ce que la situation revienne à la normale. Elle poursuit ses contacts avec tous les acteurs politiques du pays, a ajouté François Barras.