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Un cimetière de fœtus avortés fait polémique en Italie

Un cimetière pour fœtus avortés fait polémique en Italie. [NurPhoto via AFP - Manuel Dorati]
RTSreligion - Un cimetière pour fœtus avortés fait polémique en Italie / Chronique de RTSreligion / 2 min. / le 16 octobre 2020
Plusieurs femmes ayant eu recours à un avortement ont retrouvé leurs noms et prénoms inscrits sur des croix tombales dans le lot d’un cimetière à Rome. Or elles ignoraient tout de ces sépultures. L’affaire provoque le tollé en Italie.

Une centaine de petites croix en bois et en métal dans le cimetière de Flaminio de la capitale italienne met le pays en émoi. La découverte fin septembre de ces sépultures de fœtus avortés, enterrés à l’insu des mères dont les noms figurent sur les tombes, a provoqué l’indignation.

Les femmes impliquées dénoncent une violation de leur vie privée. L’une d’entre elles a posté une photo sur facebook qui est devenue virale. L’ONG Differenza Donna, active contre la violence faite aux femmes, a porté plainte.

Du côté des autorités italiennes, une enquête a été ouverte. Dans les textes de loi de ce pays, il est en effet strictement interdit de révéler l’identité d’une femme qui a pratiqué un avortement.  

Violation de confidentialité

Comment en est-on arrivé là? Généralement, les autorisations requises pour le transport et l’enterrement du fœtus, délivrées par les hôpitaux, comprennent les données personnelles des femmes qui devraient rester confidentielles.

Les enquêteurs vont maintenant devoir remonter la chaîne de responsabilités pour découvrir qui a permis la violation de cette confidentialité. L’hôpital de Rome se décharge de toute responsabilité.

De son côté, le service municipal chargé des cimetières se défend en soulignant que l’inscription du nom des femmes ne sert qu’à "identifier la sépulture pour qui la cherche".

Ce qui est sûr, c’est que l’inhumation est parfois confiée à des associations catholiques ayant conclu des accords avec les agences de santé locales. Et que le pays, à majorité catholique, n’est pas très favorable à l’avortement: sept gynécologues sur dix refusent de pratiquer l’interruption volontaire de grossesse, ce qui les rend très difficiles dans certaines régions.

La loi de 1978 légalisant l’avortement en Italie permet en effet d’interrompre la grossesse dans les trois mois suivant la conception, mais elle autorise les médecins à invoquer l’objection de conscience.

"Coup de poignard"

"J’ai retrouvé mon nom sur cette vilaine croix de fer glacée dans cet immense terrain nu et cela a été comme un autre profond coup de poignard, une douleur infinie et une colère à en devenir aveugle", témoigne une jeune femme.

Cette affaire a montré que l’Italie compterait plusieurs dizaines de ces cimetières à fœtus sur son territoire, comme par exemple à Brescia, dans le nord du pays. A noter enfin qu’à leur naissance, les enfants reçoivent toujours le nom de leur père. Mais qu’en cas d’avortement, on utilise donc nom et prénom de la mère "comme un signe de punition", selon l’observation amère d’une des intéressées.

Gabrielle Desarzens

>> Voir aussi le grand format du 19h30 :

En Italie, découverte de tombes de fœtus dont l'anonymat des femmes qui ont avorté est levé. Une plainte est déposée.
En Italie, découverte de tombes de fœtus dont l'anonymat des femmes qui ont avorté est levé. Une plainte est déposée. / 19h30 / 2 min. / le 16 octobre 2020
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