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L'émissaire de l'ONU en Birmanie: un espoir

Le monde manifeste contre le régime militaire birman
Le sort des opposants birmans mobilise de par le monde
L'émissaire spécial de l'ONU, Ibrahim Gambari, est arrivé samedi en Birmanie où il veut convaincre le régime de régler pacifiquement la crise. Les forces de sécurité birmanes ont encore matraqué et arrêté des manifestants.

Ibrahim Gambari tentera de persuader le gouvernement de mettre
fin aux violences par la négociation plutôt que par les armes.

«C'est le plus grand espoir que nous ayons. Les deux parties
font confiance à Gambari», a dit le ministre singapourien des
affaires étrangères George Yeo. «S'il échoue, la situation risque
de devenir épouvantable.»



A son arrivée à Rangoun, Ibrahim Gambari n'a pas fait de
déclaration. Le diplomate nigérian s'est immédiatement embarqué à
bord d'un vol spécial pour Naypyidaw, la capitale créée de toutes
pièces par la junte dans la jungle à 400 km au nord de Rangoun.

Bilan sous-estimé

Après trois jours d'interventions policières et militaires
extrêmement musclées contre les manifestants, le bilan officiel
demeurait samedi à treize morts, dont un vidéo-journaliste
japonais. Mais le premier ministre britannique Gordon Brown et des
diplomates étrangers considèrent que le nombre de tués est
nettement plus important.



Le nombre de protestataires a fortement chuté à Rangoun,
vraisemblablement du fait de la répression. La première ville de
Birmanie restait quadrillée par les forces de l'ordre et les
habitants étaient visiblement effrayés à l'idée de sortir.



Malgré l'interdiction de tout rassemblement, 500 manifestants se
sont rassemblés près du marché Bogyoke Aung San, également connu
sous le nom de marché Scott. Ils se sont dispersés quand les forces
de sécurité ont tiré en l'air. Certains d'entre eux ont été
arrêtés, selon des témoins.



Plus tôt, une centaine d'autres manifestants avaient bravé les
soldats et s'étaient regroupés près du pont Pansoedan où ils
s'étaient mis à applaudir, ont raconté ces sources. Les forces
birmanes ont alors chargé.

Des moines manifestent dans le centre du pays

«Les membres des forces de sécurité dépassent en nombre les
manifestants dans le centre-ville. Les manifestants n'osent plus
venir, vu qu'ils risquent de façon certaine d'être sévèrement
frappés et arrêtés», a constaté un témoin.



De fait, les avenues de Rangoun sont restées désertes, la plupart
des magasins et des commerces étant fermés et la circulation
automobile ralentie. Les axes menant aux principales pagodes
étaient barrés avec des dizaines de véhicules militaires.



Des milliers de manifestants emmenés par des moines bouddhistes
ont par ailleurs marché dans le calme à Pakokku, à 500 km au nord
de Rangoun alors que les forces de sécurité s'étaient fait
discrètes, selon des témoins.

Programme de Gambari non dévoilé

L'itinéraire d'Ibrahim Gambari n'a pas été précisé. Mais lors de
précédentes visites, l'émissaire de l'ONU avait rencontré à
plusieurs reprises le chef du régime militaire, le généralissime
Than Shwe, et une fois l'opposante et prix Nobel de la paix Aung
San Suu Kyi, assignée à résidence.



Les informations provenant de Birmanie continuent à être très
parcellaires, la principale liaison à l'internet restant coupée
depuis vendredi.



afp/bri/ant

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Le Japon n'oublie pas son journaliste

Le Japon va demander à la Birmanie de punir les responsables de la mort, vendredi, d'un journaliste japonais dans la répression de manifestations d'opposants à Rangoun.

Un vice-ministre des Affaires étrangères, Mitoji Yabunaka, doit se rendre dimanche en Birmanie pour transmettre la requête de Tokyo à la junte.

En fonction de la réponse des autorités militaires, le Japon, qui entretient des liens historiques avec la Birmanie, pourrait décider d'un embargo sur les investissements nippons.

Tokyo s'est pour l'instant refusé à suspendre son aide humanitaire à la Birmanie, dont il est l'un des principaux pourvoyeurs.

Soutien en Suisse et ailleurs

En Suisse, le sort de la Birmanie ne laisse pas indifférent. Ainsi, environ 250 personnes se sont réunies à Genève pour soutenir le mouvement de protestation dans le pays, à l'instar d'autres rassemblements tenus à Paris et Bruxelles.

Dans la cité rhodanienne, les manifestants arboraient les couleurs jaune ou rouge des moines bouddhistes, fers de lance du mouvement d'opposition qui a pris forme dans les rues de la métropole Rangoun. Symboles des aspirations démocratiques du pays, des parasols birmans s'élevaient au-dessus de la foule.

De son côté, le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, a appelé la Chine à faire pression sur la junte birmane pour que cesse la répression, dans une interview au journal allemand «Bild am Sonntag».