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De la prison ferme requise contre l'ex-Premier ministre François Fillon

François Fillon et son épouse devant la justice à Paris pour emplois fictifs
François Fillon et son épouse devant la justice à Paris pour emplois fictifs / Forum / 2 min. / le 10 mars 2020
Le parquet a requis mardi cinq ans de prison, dont deux ferme, contre l'ancien Premier ministre français François Fillon et trois ans avec sursis contre son épouse. La défense, elle, a plaidé mercredi la relaxe.

Vilipendant la "stratégie de défense" de François Fillon consistant à "distiller le poison du soupçon" et "à décrédibiliser ses accusateurs", le procureur financier Aurélien Létocart a estimé qu'une "telle stratégie sonne toujours, toujours comme un aveu".

Au terme de plus de quatre heures d'un réquisitoire à deux voix mardi devant le tribunal correctionnel, le procureur a appelé le tribunal correctionnel à rendre "une décision à la hauteur de la légitime exemplarité attendue d'un prétendant à la magistrature suprême".

Lourde amende requise

Dénonçant le "profond sentiment d'impunité" de l'ancien champion de la droite française à la présidentielle 2017, le "cynisme" "d'un homme qui a fait de la probité une marque de fabrique", l'accusation a également demandé contre François Fillon, 65 ans, retraité de la politique, 375'000 euros d'amende et dix ans d'inéligibilité.

Contre Penelope Fillon, 64 ans, "victime en quelque sorte consentante des agissements de son mari", trois ans avec sursis et la même amende maximale ont été requis. Elle avait touché 613.000 euros d'argent public pour trois contrats d'assistante parlementaire entre 1998 et 2013, auprès de son mari député et du suppléant de celui-ci dans la Sarthe, Marc Joulaud.

Les procureurs ont enfin requis deux ans avec sursis et 20.000 euros d'amende contre Marc Joulaud, actuel maire de la ville de Sablé-sur-Sarthe (ouest) en campagne pour sa réélection.

La défense agite la prescription

Au dernier jour du procès, mercredi, la défense a plaidé la relaxe, soutenant que le dossier est prescrit et s'élevant contre la thèse "simpliste" de l'accusation.

Aux yeux des six avocats du couple Fillon et de Marc Joulaud, les délits de détournement de fonds publics ou complicité reprochés aux prévenus, dans le cadre des contrats de Penelope Fillon comme assistante parlementaire entre 1998 et 2013, n'étaient pas "dissimulés" au sens de la loi puisque ces contrats étaient déclarés aux organismes sociaux et à l'Assemblée.

Dès lors, le délai de prescription de trois ans commence à courir au moment de ces contrats, pas de la révélation de l'affaire par le Canard enchaîné, donc les poursuites engagées en 2017 étaient trop tardives.

Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement le 29 juin.

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afp/oang

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Les soupçons au cœur du procès

Au coeur du procès figurent les soupçons de détournement de fonds publics entourant les emplois d'assistante parlementaire de Penelope Fillon, poursuivie pour des "prestations fictives ou surévaluées".

Toute la question est de savoir si les activités de l'épouse de l'ancien Premier ministre dans la Sarthe, auprès de son mari député et du suppléant de ce dernier, Marc Joulaud, méritaient d'être rémunérées dans le cadre de contrats d'assistante parlementaire.

Entre 1998 et 2013, elle a perçu au total 613'000 euros (quelque 650'000 francs) nets au titre de trois contrats connus seulement de quelques proches.

Les époux Fillon se voient également reprocher le lucratif et tout aussi discret emploi de "conseiller littéraire" de Mme Fillon à la Revue des deux mondes du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, ami de François Fillon, qui a plaidé coupable d'abus de biens sociaux. Et François Fillon la non-déclaration d'un prêt accordé par M. Lacharrière.

A l'issue de débats parfois houleux entre défense et accusation, les travaux de Penelope Fillon restent difficiles à évaluer.