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La Ligue de Matteo Salvini devancée par la gauche en Emilie-Romagne

Matteo Salvini, secrétaire fédéral de la Ligue du Nord. [Keystone - EPA/ALESSANDRO DI MEO]
Matteo Salvini, patron de la Ligue, devancé par la gauche en Emilie-Romagne / Forum / 2 min. / le 27 janvier 2020
La Ligue de Matteo Salvini a été battue par la gauche dimanche en Emilie-Romagne, selon des résultats partiels d'une élection régionale à valeur de test national pour le leader souverainiste italien, qui comptait sur ce scrutin symbolique pour reconquérir le pouvoir.

Le président sortant de la région Stefano Bonaccini (Parti démocrate, centre gauche) devançait nettement, avec un score autour de 50% des voix, son adversaire Lucia Borgonzoni (Ligue) aux environs de 43%, selon des projections réalisées à partir du dépouillement des bulletins de vote effectué lundi à 02h00.

Cette élection a été marquée par une très forte participation de 67,67%, contre 37% lors des précédentes régionales de 2014.

Les représentants de la majorité au pouvoir formée par le Parti démocrate (PD, gauche) et les 5 Étoiles (M5S, anti-establishment) ont eu beau marteler que ce scrutin n'aurait aucune incidence sur le gouvernement, le chef de la Ligue avait annoncé qu'en cas de victoire de son camp il exigerait dès lundi des législatives anticipées.

"Une traversée du désert" ?

"Après 70 ans, il y a eu un vrai match en Emilie-Romagne. Autrefois, le match était fini avant d'avoir commencé", a déclaré Matteo Salvini devant la presse, sans vouloir reconnaître explicitement sa défaite, mais en rappelant que la gauche était habituée à dominer largement les scrutins dans cette région.

Matteo Salvini a tenté de se consoler en se réjouissant de la victoire d'ores et déjà certaine - compte tenu d'un écart de 20 points avec son premier adversaire - de la candidate du centre-droit Jole Santelli, lors d'élections régionales organisées en Calabre.

Compte tenu de son engagement au premier plan dans ce scrutin, une défaite en Emilie-Romagne pourrait, selon certains observateurs, marquer pour le patron de l'extrême droite italienne "le début d'une longue traversée du désert dans l'opposition".

Fort des sondages nationaux montrant la Ligue en tête des intentions de vote autour de 30% et premier parti d'Italie, le souverainiste espérait en effet qu'une convocation rapide des Italiens aux urnes allait être synonyme pour lui de retour aux commandes du pays.

>> Regarder le sujet du 12h45 de la RTS revenir sur ces résultats lundi :

En Italie, la Ligue de Matteo Salvini a subi un revers lors d'élections régionales en Emilie-Romagne.
En Italie, la Ligue de Matteo Salvini a subi un revers lors d'élections régionales en Emilie-Romagne. / 12h45 / 1 min. / le 27 janvier 2020

Bastion de la gauche

Région prospère du centre-nord de la péninsule, l'Emilie-Romagne a longtemps été un bastion inexpugnable de la gauche dont les valeurs prévalent toujours dans ses villes, même si la droite a fait de sérieuses incursions dans ses villages et ses campagnes.

La candidate de la Ligue, Lucia Borgonzoni, 43 ans, a été totalement éclipsée par Matteo Salvini, qui a organisé des meetings quotidiens et a inondé les médias sociaux de photos de lui en train de déguster du jambon de Parme ou du parmesan, deux spécialités régionales internationalement connues.

Dans le camp adverse, le président de région sortant et candidat du centre gauche Stefano Bonaccini lui a opposé sa bonne gestion et les résultats économiques de la région, qui affiche un taux de chômage de 5,9% (contre 9,7% au plan national) et une croissance de 2,2% en 2018.

Le principal facteur de stabilité de la majorité au pouvoir en Italie, affaiblie par les divisions, est la crainte commune d'un retour prématuré aux urnes qui pourrait permettre à Matteo Salvini de revenir aux affaires.

Sardines

Outre la forte affluence aux urnes, la gauche a sans doute profité de la dynamique anti-salvinienne créée par les Sardines, un mouvement de jeunes né dans la région il y a deux mois et vite devenu un symbole national de la protestation contre l'extrême-droite.

Selon certains observateurs, le chef du gouvernement Giuseppe Conte et le Parti démocrate (qui gouverne avec le M5S) devraient être renforcés par cette victoire de la gauche, que l'extrême droite était venue défier dans son fief historique d'Emilie-Romagne.

afp/kkub

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"Une vraie défaite" pour Matteo Salvini

"Matteo Salvini avait convoqué un référendum contre lui-même et il a été démenti... ce qui est d'ailleurs très souvent le cas dans la politique occidentale. Donc la personnalisation ne paie pas", analyse dans La Matinale Jean-Pierre Darnis, maître de conférence à l'Université de Nice et spécialiste de l'Italie.

Dans la nuit, le chef de la Lega estimait "qu'au moins il y avait eu un vrai match entre la gauche et la droite" en Emilie Romagne. Mais pour le spécialiste, en revanche, "c'est une vraie défaite".

"Cette région, rattachée au nord de l'Italie, est très productrice, avec des campagnes très fortes dans l'agro-alimentaire, dans la manufacture. La réalité de l'immigration y est très forte. Le terrain était favorable. en théorie, à la propagande de la Lega. C'est aussi une région qui, avant d'être de gauche, a été fasciste. C'est une région complexe, dans l'Histoire (...). On a quand même un message très fort. C'est en Emilie-Romagne qu'on voit se rétablir la division gauche-droite, qui avait été malmenée par l'alliance entre la Ligue et le Mouvement cinq étoiles", insiste-t-il.

>> Son interview complète dans La Matinale
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