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Les talibans afghans ont transmis une offre de cessez-le feu aux Américains

Des militaires américains stationnés en Afghanistan. [AFP - Thomas Watkins]
Les talibans afghans ont transmis une offre de cessez-le feu aux Américains / Le Journal horaire / 16 sec. / le 16 janvier 2020
Les talibans ont transmis une offre de bref cessez-le-feu aux Américains, après plus de 18 ans de guerre entre les deux camps, ont indiqué deux cadres de leur mouvement. Cet échange laisse entrevoir une nette avancée dans les pourparlers bilatéraux.

Depuis des semaines, les Etats-Unis avaient fait de la réduction de la violence un préalable à toute avancée sérieuse des négociations, en vue d'aboutir à un calendrier de retrait des troupes américaines et le lancement d'un dialogue intra-afghan.

"Les talibans sont prêts à un cessez-le-feu temporaire de sept à dix jours. Ce sera un cessez-le-feu avec les États-Unis et le gouvernement afghan", a déclaré une source talibane basée au Pakistan. L'offre "a été finalisée et donnée aux Américains. Elle va ouvrir la voie à un accord", a déclaré l'autre source, également basée au Pakistan.

Les talibans n'ont pas fait d'annonce publique sur le sujet et Washington n'a pas indiqué avoir reçu une proposition de la part des insurgés islamistes.

"Volonté" de réduire la violence

Les déclarations jeudi des cadres des talibans surviennent quelques heures après que le ministre pakistanais des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi a assuré que les talibans montraient "une volonté" de réduire la violence en Afghanistan.

"Aujourd'hui, des progrès positifs ont été réalisés, les talibans ont montré leur volonté de réduire la violence, ce qui était une exigence" des Etats-Unis, a déclaré le ministre pakistanais, dont le pays entretient des liens privilégiés avec les insurgés fondamentalistes (voir encadré). "C'est un pas vers l'accord de paix", a-t-il ensuite commenté lors d'une déclaration filmée. Le ministre n'a pas détaillé la nature des "progrès positifs" évoqués.

Accord avorté en septembre

Les insurgés et les Etats-Unis, en conflit depuis fin 2001, étaient sur le point d'annoncer un accord en septembre lorsque le président Donald Trump a brusquement déclaré le processus "mort", en invoquant la violence des talibans.

Les pourparlers avaient repris en décembre au Qatar, mais ils avaient été à nouveau suspendus quelques jours plus tard après une attaque revendiquée par les rebelles contre la base de Bagram, contrôlée par les Américains. Washington avait ensuite fait de la réduction de la violence un préalable à toute avancée sérieuse des négociations.

Tout accord avec les talibans devrait reposer sur deux piliers: un retrait des troupes américaines et l'engagement de la part des insurgés de ne pas offrir de sanctuaires aux groupes djihadistes.

C'est le refus des talibans, alors au pouvoir en Afghanistan, de livrer après les attentats du 11 septembre 2001 le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, qui avait provoqué l'invasion américaine et la chute de leur régime.

afp/jvia

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Contact privilégié du Pakistan

Le Pakistan, l'un des trois seuls pays à avoir reconnu le régime des talibans entre 1996 et 2001 - jusqu'à ce que ceux-ci soient chassés du pouvoir par une coalition internationale menée par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre -, dispose d'un contact privilégié avec les insurgés.

Islamabad, allié de Washington dans sa "guerre contre le terrorisme", s'est engagé depuis l'an passé à faciliter les négociations américano-talibanes.

Le Pakistan a été accusé à d'innombrables reprises par Washington et Kaboul de duplicité, et notamment d'héberger sur son sol des talibans menant ensuite des attaques de l'autre côté de la frontière afghane.
Islamabad a toujours nié ces accusations.