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Comment les gamers dopent la générosité pour les œuvres caritatives

Les adeptes de jeux vidéo sont le nouvel acteur qui compte dans le milieu caritatif.
Les adeptes de jeux vidéo sont le nouvel acteur qui compte dans le milieu caritatif. / 19h30 / 4 min. / le 25 janvier 2020
Partout dans le monde, les adeptes de jeux vidéo sont les nouveaux acteurs qui comptent dans le milieu caritatif. En mobilisant une communauté fidèle et adepte de défis, ils parviennent à lever des millions pour la bonne cause.

Ils s'appellent Topmu et Tada. Sur internet, ces streamers ont tous deux plusieurs milliers de fans qui suivent leurs parties de jeux vidéo. Ils se sont retrouvés le premier samedi de décembre dans un bar lyonnais dédié au gaming pour mettre leur communauté au service du Téléthon.

“On a mis une commande spéciale sur ma vidéo", explique la première - une streameuse de la région - dimanche dans le 19h30. "Quand les personnes qui me suivent cliquent sur le lien, elles accèdent directement à la page où elles peuvent faire un don pour le Téléthon. Là quelqu’un de ma chaîne vient de faire un don de 10 euros.”

Donner aux jeunes l'envie de faire un don

L’objectif de l’opération est d’attirer un public jeune, qui n'a pas toujours connaissance des œuvres caritatives. Et tout est permis pour leur donner envie de faire un don. "En fonction du montant des donations, ils ont accès à des privilèges", détaille Tada, l’autre streamer présent. "Ça peut être des émoticônes exclusifs ou des choses plus marrantes comme mon numéro de téléphone privé. C’est un peu notre métier animateur. Donc si on peut associer notre talent et notre bêtise pour la bonne cause, autant le faire.”

Pour ce week-end de Téléthon, des dizaines de gamers et youtubeurs se sont réunis dans toute la France pour atteindre une cagnotte de 50'000 euros.

Une idée qui se développe en Suisse aussi

Mais cette communauté est capable d’aller bien plus loin et les événements se multiplient partout dans le monde. Le concept fait rêver jusqu’à Genève et ses siècles de tradition humanitaire. Pour la première fois, une équipe de Médecins sans frontières (MSF) a donné rendez-vous au Tonton, l’un des rares streamers suisses à vivre de ses vidéos. Ensemble, ils veulent tenter de mettre sur pied le premier streaming caritatif du pays.

C’est Daniel Zanella, employé de l’organisation, qui a mis le projet sur pied. “La moyenne de nos donateurs en Suisse a plus de 65 ans", explique-t-il. Avec ce projet, on aimerait gagner en visibilité auprès d’un public plus jeune qu’on arrive difficilement à atteindre aujourd’hui.” Pour Tonton, c’est une occasion d’utiliser sa notoriété afin d'aider les autres, mais aussi de faire évoluer l’image des joueurs dans la société. “Montrer que ces gamers, ces 'geeks' dont on parle tout le temps, font quelque chose pour la bonne cause. C’est carrément une opération 'win-win' selon moi.”

Le modèle qui fait rêver, ce sont deux jeunes de Montpellier. Professionnels du streaming, ils organisent une fois par année Z Event, un événement caritatif. Pour sa première édition en 2017, ils ont récolté en 60 heures quelque 500'000 euros pour la Croix rouge. En 2018, ils ont passé la barre du million d'euros pour MSF. En 2019, ils ont pulvérisé tous les records en récoltant 3 millions et demi pour l’Institut Pasteur, devenant le streaming caritatif ayant levé le plus d’argent dans le monde.

"Comme un film hollywoodien"

“L’événement est né à la base parce qu’on a réuni une bande de potes avec qui on voulait faire quelque chose de sympa", raconte Dach, cocréateur de l’événement. "De fil en aiguille, ça a grandi, on a invité de plus en plus de gens différents et de plus en plus de stars du streaming français. C’est comme si on réalisait un film hollywoodien avec toutes les plus grandes stars, ça fait des entrées. Là c’est la même chose.” L’exploit a été salué et Emmanuel Macron a même félicité les joueurs sur Twitter.

Une responsabilité qu'il faut gérer

Depuis, les organisateurs croulent sous les demandes d’ONG qui rêvent de partenariat. Mais cette responsabilité n'est pas toujours facile à gérer. “On ne pourra pas toujours faire plus", admet Dach. "Il y a une attente du public et des ONG qui fait qu’on a envie de viser toujours plus haut, mais on n’a pas non plus envie de rendre ça insipide et de déformer totalement le projet d’origine Ça ne sera jamais notre cœur de métier, on fait du jeu vidéo avant tout et c’est ça qu’il faut retenir”.

Jouer pour la bonne cause: la tendance montre à la société la portée que peuvent avoir les streamers quand ils mobilisent leur communauté.

Céline Brichet/oang

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