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L'ambassadeur d'Iran à Berne "dénonce les chiffres" de la répression

L’ambassadeur d’Iran en Suisse. [RTS - Anouk Henry]
Les ONG revoient les chiffres des victimes de la répression à la hausse: interview de Mohammad Reza Haji Karim Jabbari / Tout un monde / 7 min. / le 4 décembre 2019
Au fil des informations et des témoignages qui sortent d'Iran, les ONG revoient les chiffres de la répression à la hausse. L'ambassadeur d'Iran à Berne, Mohammad Reza Haji Karim Jabbari, "dénonce complètement" les statistiques, notamment celles d'Amnesty International.

Amnesty International déplorait lundi la mort de plus de 200 personnes lors des manifestations contre la hausse du prix de l’essence, il y a deux semaines. Les forces de l’ordre sont accusées d’avoir tiré sur les manifestants et d'avoir arrêté plusieurs centaines de personnes.

Interrogé par l'émission Tout un monde de la RTS, l'ambassadeur d'Iran à Berne Mohammad Reza Haji Karim Jabbari répond aux accusations contre le gouvernement. "Nous dénonçons complètement tous ces chiffres (...) Ces statistiques ne sont pas publiées par des organismes des Nations Unies, mais par une organisation non-gouvernementale et par des groupes que nous considérons comme une organisation terroriste. Ces informations sont complètement fausses", réagit-il.

"Pas de raison" pour une enquête internationale

Serait-il pour autant prêt à ce qu'une enquête de l'ONU soit menée? L'ambassadeur est catégorique: "Aucun pays n'accepte cela. C'est une ingérence directe dans les affaires intérieures. Regardez ce qu'il se passe en France depuis plus d'un an: il y a déjà eu 11 morts et des centaines de blessés (...). Le cas de l'Iran n'est pas particulier".

Ils ont attaqué des bâtiments publics, des supermarchés, des propriétés privées... et ça, c'est inacceptable. Mais pourquoi une enquête internationale? Il n'y a pas de raison à cela.

Mohammad Reza Haji Karim Jabbari, ambassadeur d'Iran en Suisse

Mohammad Reza Haji Karim Jabbari reconnaît "des dégâts humains" lors des manifestations, mais il les juge "exagérés". "Ils ont attaqué des bâtiments publics, des supermarchés, des propriétés privées... et ça, c'est inacceptable. Mais pourquoi une enquête internationale? Il n'y a pas de raison à cela", estime-t-il.

Ni isolé, ni fragilisé

En outre, l'ambassadeur iranien ne juge pas disproportionné que les autorités aient coupé internet pendant les manifestations. "Dans tous les pays on prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des gens et des propriétés. Et ce n'était que pour quelques jours, maintenant tout est rétabli", répond-il. 

Au sujet des manifestations contre l'Iran à l'étranger, notamment au Liban et en Irak, Mohammad Reza Haji Karim Jabbari estime que Téhéran n'est "absolument pas" isolé, ni fragilisé. "Tous les peuples ont le droit d'exprimer leur voix, leur demandes, leurs idées. Ce qui se passe au Liban ou en Irak sont des affaires intérieures au pays. Et l'Iran n'espère pas intervenir dans leurs affaires", ajoute-t-il.

Propos recueillis par Anouk Henry

Adaptation web: Jessica Vial

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Les Etats-Unis jugés responsables

L'ambassadeur d'Iran en Suisse accuse les Etats-Unis d'être responsables des violences qui ont éclaté pendant les manifestations. Car depuis un an et demi, son pays subit la politique de pression maximale de Washington: des sanctions économiques drastiques suite au retrait américain de l’accord nucléaire.

Mohammad Reza Jabbari fustige la stratégie américaine et lance un avertissement: l’Union Européenne porte sa part de responsabilité dans les problèmes de l'Iran. "Si les Européens croient que cet accord est important pour la sécurité mondiale et régionale, alors ils doivent essayer de respecter leur engagement. Bien sûr, cet accord est en danger. Ils ne peuvent pas, d'une part, suivre les sanctions et la pression américaine sur l'Iran, et d'autre part, attendre de l'Iran qu'il respecte ses engagements", juge-t-il.