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Au Botswana, la chasse aux éléphants est au cœur des élections générales

Le président sortant au Botswana souhaite ré-autoriser la chasse aux éléphants. Une mesure qui séduit les agriculteurs du pays.
Le président sortant au Botswana souhaite ré-autoriser la chasse aux éléphants. Une mesure qui séduit les agriculteurs du pays. / 19h30 / 2 min. / le 23 octobre 2019
Le Botswana votait mercredi pour des élections générales présentées comme les plus disputées de son histoire. Le président sortant Mokgweetsi Masisi compte sur la réautorisation de la chasses aux éléphants pour séduire l'électorat rural.

Plus de 930'000 Botswanais étaient appelés mercredi à choisir entre le président sortant Mokgweetsi Masisi et le parti d'opposition, soutenu par Ian Khama, qui était à la tête du pays de 2008 à 2018. Alors que les résultats seront connus en fin de semaine, un sujet pourrait peser de tout son poids sur le sort de cette élection: la chasse aux éléphants.

Lorsque Ian Khama était président du Botswana, il avait fait de l'interdiction de la chasse aux éléphants un symbole de son engagement pour l'environnement. La mesure a cependant été levée par son successeur, qui a réautorisé la chasse de 400 pachydermes par an.

Des éléphants encombrants pour les ruraux

Cela ne manque pas de flatter l'électorat rural, dont les cultures sont malmenées par les libres déambulations de ces imposants mammifères. Ruth Mangisi, une agricultrice de la région de Kasane au nord du Botswana, a vu en l'espace d'une nuit ses trois hectares de maïs ravagés par un groupe d’éléphants.

"Ils ont cassé toutes les branches de notre clôture. A chaque fois que nous commençons une nouvelle saison, nous devons reconstruire tout l'enclos", raconte l'agricultrice.

Outre leurs préoccupations pour leurs cultures, beaucoup de villageois craignent pour leur propre sécurité. Il y a un mois, une femme a en effet été tuée par un éléphant alors qu'elle était partie ramasser du bois pour faire du feu.

Le tourisme également impacté

Même si les éléphants attirent de nombreux touristes au Botswana, faisant du secteur la deuxième manne économique du pays, des professionnels du milieu se disent favorables à la chasse.

"Il est nécessaire d’en tuer certains parce qu’ils sont beaucoup trop nombreux, s'exprime Chapman, un guide dans le parc de Chobe. Ce n’est pas seulement la population qui souffre, mais c’est aussi l'écosystème. Beaucoup d’endroits dans le pays se transforment en désert parce que les éléphants sont en train de détruire toute la végétation."

Un débat moral dans le pays

Les fondations de protection animale du monde entier ont fermement condamné la réouverture de la chasse. Mais à la veille des élections, aucune n’a souhaité s’exprimer, le sujet étant trop sensible.

Un débat moral est né dans le pays. Selon Lelokwane Mokgalo, chercheur à l'Université d’économie de Gaborone, "il faut absolument prendre en compte les préoccupations des communautés rurales. Bien sûr que la chasse entraîne des débats houleux avec le monde occidental et spécialement avec les touristes. Mais il faut trouver un juste équilibre entre la conservation animale et la protection des populations civiles. Si l’on prend en compte les intérêts des différentes parties, à la fin, tout le monde peut être gagnant."

Imperméable aux critiques des défenseurs des animaux, le président Masisi a choisi d’écouter les doléances des populations rurales. Et cela pourrait bien lui offrir un deuxième mandat.

Sujet 19h30: Pierre Morel

Adaptation web: Antoine Schaub avec afp

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"Dérive autoritaire"

Jusque-là loué pour ses pratiques démocratiques et sa stabilité exemplaires, le Botswana, vaste pays d'Afrique australe riche en diamants et en éléphants sauvages, est agité par une guerre fratricide entre son actuel chef de l'Etat et son prédécesseur.

Président du pays de 2008 à 2018, Ian Khama accuse son successeur Mokgweetsi Masisi de dérive autoritaire. Déterminé à lui faire mordre la poussière, il a claqué la porte du Parti démocratique du Botswana (BDP), qui dirige le Botswana depuis 1966, et appelé à voter pour l'opposition.