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Génocide arménien: les USA fâchent la Turquie

Une résolution américaine avait déjà fâché Ankara en 2007.
Une résolution américaine avait déjà fâché Ankara en 2007.
La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a adopté jeudi une résolution qualifiant de "génocide" les massacres d'Arméniens commis sous l'Empire ottoman. La Turquie a aussitôt rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis "pour consultations".

La résolution, qui parle ouvertement de "génocide arménien"
conduit entre 1915 et 1923 par l'Empire ottoman, a été adoptée par
23 voix contre 22, en dépit d'une mise en garde de la secrétaire
d'Etat Hillary Clinton. La secrétaire d'Etat américaine avait
déclaré que si le Congrès allait de l'avant dans l'adoption de
cette résolution, cela "pourrait dresser des obstacles devant la
normalisation des relations" entre la Turquie et l'Arménie.



Le texte, qui n'a pas force de loi, appelle le président américain
à "qualifier de façon précise l'extermination systématique et
délibérée de 1'500'000 Arméniens, de génocide". La résolution va
toutefois maintenant être présentée au vote de toute la Chambre des
représentants, où son adoption est incertaine.



Dans un discours préalable au vote en commission, le président de
cette dernière, Howard Berman, avait affirmé que "rien ne justifie
que la Turquie ignore la réalité du génocide arménien". Il avait
pressé les parlementaires d'adopter ce texte.

Colère d'Ankara

La réaction de la Turquie ne
s'est pas fait attendre. Elle a rappelé son ambassadeur en poste
aux Etats-Unis "pour consultations" aussitôt après l'adoption de la
résolution. "Nous condamnons cette résolution qui accuse la nation
turque d'un crime qu'elle n'a pas commis", a déclaré le
gouvernement turc dans un communiqué.



Ankara avait multiplié les pressions au cours des derniers jours
pour empêcher le vote d'une telle résolution. Le président turc
Abdullah Gül a téléphoné mercredi à son homologue américain Barack
Obama à ce sujet, tandis que le ministre des affaires étrangères
Ahmet Davutoglu pressait les parlementaires américains de voter
"non" à la résolution.



"Les relations turco-américaines passent par une phase très
importante au cours de laquelle elles ont besoin d'une coopération
stratégique au plus haut niveau dans leur histoire", avait déclaré
Ahmet Davutoglu à Ankara.



La Turquie, un allié de l'OTAN jouant un rôle important dans les
intérêts américains au Moyen-Orient et en Afghanistan, avait
prévenu que l'approbation de la résolution pourrait mettre en péril
la coopération américano-turque, et nuire aux négociations
destinées à ouvrir la frontière entre la Turquie et
l'Arménie.



ats/bri

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La problématique du génocide arménien

De leur côté, les autorités arméniennes se sont félicitées de ce vote. "Nous apprécions cette décision au plus au point", a déclaré à l'agence Reuters le ministre des affaires étrangères, Edouard Nalbandian.

Depuis plusieurs décennies, des groupes américano-arméniens cherchent à faire voter une reconnaissance du génocide arménien par le Congrès.

Les Arméniens font pression pour que soient reconnus comme un génocide les massacres et déportations qui, entre 1915 et 1917, ont tué selon eux plus d'un million et demi d'entre eux.

La Turquie reconnaît qu'entre 300'000 et 500'000 personnes ont péri, non pas victimes d'une campagne d'extermination mais selon elle dans le chaos des dernières années de l'Empire ottoman.

Elle récuse la notion de génocide reconnue par la France, le Canada ou le Parlement européen.

En Suisse, le Conseil national a reconnu le génocide, à l'instar du Grand Conseil vaudois et du Conseil d'Etat genevois. Le Conseil fédéral a adopté de son côté la formule de "tragiques déportations et de massacres".

Un crime de génocide est un acte commis dans l'intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.