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Guerre à Gaza: le rapport Goldstone a été adopté

Le rapport du juge Goldstone accuse l'armée israélienne de "crimes de guerre".
Le rapport du juge Goldstone accuse l'armée israélienne de "crimes de guerre".
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté vendredi une résolution initiée par les Palestiniens et qui approuve le rapport Goldstone dénonçant des crimes de guerre commis lors du conflit à Gaza l'hiver dernier. Israël a aussitôt qualifié le vote de «farce diplomatique».

Le vote a été approuvé par 25 voix pour, 6 contre et 11
abstentions, «en conséquence il est adopté», a indiqué le président
du Conseil des droits de l'homme.



Cinq des 47 Etats membres du Conseil, dont la France et le
Royaume-Uni ont refusé de participer au vote qui renvoie
concrètement le dossier aux instances onusiennes de New York,
l'Assemblée générale de l'ONU et le Conseil de sécurité.



Le texte approuvé par le Conseil adopte les recommandations du
rapport de la mission d'enquête
dirigée par Richard Goldstone et demande à toutes les parties
d'assurer leur application. Il demande à l'Assemblée générale de
l'ONU d'examiner le rapport Goldstone lors de sa session actuelle
et au secrétaire genéral de l'ONU de faire rapport à la session du
Conseil au mois de mars.

Non des Etats-Unis...

Les Etats-Unis ont expliqué qu'ils ont voté contre parce que la
résolution proposée avec le soutien des groupes africain, arabe, du
mouvement des non-alignés et de l'Organisation de la conférence
islamique (OCI) «n'est pas équilibrée». «Elle exacerbe la
polarisation des positions» et ne facilite pas une relance du
processus de paix, a indiqué le représentant américain.



«Cette résolution a été motivée par des considérations
inter-palestiniennes et arabes. Elle est politique et dilue le
rapport Goldstone» dans un texte qui dénonce également des
violations de droits de l'homme d'Israël dans les territoires
occupés et à Jérusalem-est, explique un diplomate occidental.



«En transmettant le dossier à New York, elle le conduit à une
impasse» en raison du veto attendu des Américains, ajoute-t-il.

... et abstention des Européens

Les pays européens se sont abstenus. Les responsables français
et britannique ont tenté juste avant sa tenue de négocier avec
Israël sur «la mise en oeuvre des recommandations faites aux
parties notamment concernant les enquêtes» nationales, a expliqué
l'ambassadeur de France Jean-Baptiste Mattéi.



Mais les membres du Conseil ont refusé de donner du temps à ces
négociations de dernières minutes destinées à aboutir à «des
décisions concrètes», a-t-il regretté, justifiant ainsi la décision
de Paris et Londres de ne pas participer au vote.



La Suisse, pays observateur cette année, n'a pas le droit de vote.
L'ambassadeur israélien avait demandé le rejet de la résolution,
parce qu'elle ne dit rien des crimes commis par le Hamas et «fait
le jeu des extrémistes».

Manoeuvres des Palestiniens

Le Conseil des droits de l'homme était réuni depuis jeudi pour
une session extraordinaire sur la demande de l'Autorité
palestinienne avec le soutien du groupe arabe, l'Organisation de la
conférence islamique (OCI), les non-alignés et les pays africains
majoritaires au sein du Conseil.



Moins de deux semaines après la décision du Conseil de reporter de
six mois l'examen du rapport ultra-sensible, les Palestiniens ont
opéré une volte-face en début de semaine pour obtenir dans les plus
brefs délais l'adoption d'une résolution en trois parties sur «la
situation des droits de l'homme dans le territoire palestinien
occupé, y compris Jerusalem-est».



La principale soutient les recommandations du rapport du juge
sud-africain Richard Goldstone qui accuse l'armée israélienne, mais
aussi les militants palestiniens, d'avoir commis «des crimes de
guerre» et «de possibles crimes contre l'humanité» durant
l'offensive israélienne à Gaza de décembre-janvier.



Le texte approuve ainsi la demande d'enquêtes nationales
indépendantes des deux parties pour punir les responsables de
crimes et le fait que le Conseil de sécurité puisse saisir le
Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en cas d'échec de
ces enquêtes. Au moins 1400 Palestiniens et 13 Israéliens ont été
tués au cours de la guerre dans la bande de Gaza, entre le 27
décembre et le 17 janvier derniers.



agences/sbo

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Satisfaction du côté des Palestiniens

L'Autorité palestinienne et le Hamas ont exprimé leur satisfaction vendredi après l'adoption à Genève par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'une résolution approuvant le rapport Goldstone.

L'Autorité palestinienne «se félicite de la décision du Conseil des droits de l'homme et nous espérons maintenant que le rapport (Goldstone) sera porté devant le Conseil de sécurité», a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat.

De son côté, le mouvement islamiste Hamas, rival de l'Autorité palestinienne et qui contrôle la bande de Gaza, s'est aussi réjoui de l'adoption du rapport Goldstone en «remerciant tous les pays qui ont voté en sa faveur».

«Nous espérons que ce vote conduira à un procès des chefs de l'occupation (israélienne)», a commenté un porte-parole du Hamas, Taher al-Nounou. Israël n'a pas immédiatement réagi.

Une «farce diplomatique», pour les Israéliens

L'adoption du rapport Goldstone est un obstacle au processus de paix au Proche-Orient, a affirmé vendredi le ministère israélien des Affaires étrangères.

Le ministre de l'Intérieur Eli Yishaia qualifié ce vote de «farce diplomatique».

«L'armée israélienne a agi avec des gants de velours envers les civils innocents. La décision du Conseil est une farce diplomatique», a-t-il estimé dans un communiqué.

Eli Yishai, qui est aussi vice-Premier ministre, a fustigé «une décision anti-israélienne qui couronne un rapport anti-israélien».

Dirigeants et diplomates israéliens avaient mené une active campagne pour discréditer le rapport Goldstone.