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La livre turque s'enfonce encore après le discours du président Erdogan

La livre turque n'est jamais tombée aussi bas contre le dollar. Record historique qui intervient en pleine crise diplomatique.
La livre turque n'est jamais tombée aussi bas contre le dollar. Record historique qui intervient en pleine crise diplomatique. / 19h30 / 2 min. / le 10 août 2018
La livre turque, à l'agonie vendredi, a accentué sa chute après des déclarations du président Erdogan appelant ses concitoyens à échanger leurs devises étrangères. Les marchés attendent des mesures fortes pour soutenir la monnaie.

"Si vous avez des dollars, des euros ou de l'or sous votre oreiller, allez dans les banques pour les échanger contre des livres turques. C'est une lutte nationale", a lancé Recep Tayyip Erdogan dans un discours à Bayburt (nord-est).

Pendant son intervention, la livre turque a franchi le seuil de 6 contre un dollar. Elle s'échangeait à 12h20 (heure suisse) à environ 6,1 pour un billet vert, enregistrant une baisse de près de 10% sur la journée.

La livre est à l'agonie depuis qu'une grave crise diplomatique a éclaté entre la Turquie et les Etats-Unis, qui ont imposé des sanctions réciproques contre des responsables gouvernementaux. Le contentieux s'est encore amplifié vendredi avec la décision américaine d'augmenter les taxes sur l'acier et l'aluminium turcs.

>> Lire : Les Etats-Unis s'attaquent à l'acier et à l'aluminium turcs, sur fond de crise

Peu après l'annonce du président américain, la livre turque enregistrait une spectaculaire baisse de 19% face au dollar sur la journée. La devise turque s'échangeait à 6,6115 pour un dollar à 15h35 (heure suisse). Elle était brièvement descendue à 6,87 après l'annonce de Donald Trump, son plus bas historique.

La livre turque, dont la valeur a fondu de plus d'un tiers depuis le début de l'année, avait déjà perdu jeudi plus de 5% face au dollar.

Bourses européennes en baisse

A la suite des propos de Recep Tayyip Erdogan, les Bourses européennes ont terminé en forte baisse vendredi soir, faisant baisser les actions de plusieurs banques.

La Bourse de Paris a terminé en net recul, l'indice CAC 40 cédant 1,59% à 5.414,68 points. La Bourse de Francfort a fini en forte baisse, le Dax perdant 1,99% à 12.424,35 points. A Londres, l'indice FTSE-100 des principales valeurs a perdu 0,97% à 7.667,01 points.

Crise diplomatique

Les tensions entre la Turquie et les Etats-Unis avaient connu une brusque escalade la semaine dernière en lien avec l'incarcération en Turquie d'un pasteur américain, accusé de "terrorisme" et d'"espionnage".

La crise liée à cette affaire a accéléré la dégringolade de la livre turque, déjà fragilisée depuis plusieurs années, et renforcé la préoccupation des investisseurs.

agences/vtom/fme

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UBS et Credit Suisse très peu exposées à la Turquie

Les deux grandes banques suisses UBS et Credit Suisse ne sont que peu exposées à la Turquie. UBS comptabilisait fin 2017 des engagements nets de 552 millions de francs dans ce pays, dont la majeure partie sous forme de crédits, selon le rapport intermédiaire.

Credit Suisse n'a pas dévoilé de montant, mais a indiqué que la Turquie ne faisait pas partie des 16 plus grandes expositions internationales de la banque, a-t-elle indiqué dans un rapport au régulateur de la Bourse américaine.

Toutefois, à la Bourse suisse, UBS et Credit Suisse pâtissaient par ricochet de la crise. La première reculait de 3% à 15,48 francs et la seconde d'autant à 15,15 francs, dans un indice SMI en net repli de 1,16% à 15h54.

Le franc sert de valeur refuge

Le franc s'appréciait nettement vendredi face à l'euro, dans un contexte généralisé d'aversion au risque qui a également saisi les marchés des actions. Les analystes ne s'attendent cependant pas à ce que la pression subsiste longtemps sur la monnaie helvétique.

Vers 12h15, la devise suisse s'échangeait à 1,1409 franc pour un euro après avoir marqué un plus haut à 1,1385 euro dans la matinée, marquant un net raffermissement face à la monnaie unique européenne. Jeudi à la mi-journée, la paire de monnaies s'échangeait encore à 1,1523 euro-franc. Ce mouvement était surtout dû à la faiblesse de l'euro, ont estimé les analystes.