Publié

"Le gouvernement vaudois a reçu une gifle assez sonore de Tamedia"

L'invité de la rédaction (vidéo) - Jacques Pilet, journaliste
L'invité de la rédaction (vidéo) - Jacques Pilet, journaliste / La Matinale / 11 min. / le 20 juillet 2018
L'éditeur Tamedia a mis fin jeudi à la médiation chapeautée par le gouvernement vaudois pour négocier un plan social lié à la fin du quotidien Le Matin. "Une provocation d'une grande violence", selon le journaliste Jacques Pilet.

Tamedia a-t-il instrumentalisé le gouvernement vaudois? "Cela y ressemble, en tout cas, puisque le premier pas dans cette discussion était de faire cesser la grève des rédactions romandes en perspective de la poursuite de la négociation. Tout d'un coup, on interrompt tout... c'est évidemment une provocation d'une grande violence", réagit Jacques Pilet, journaliste à Bon pour la tête, qui a lui-même vécu en 2017 la fin du magazine L'Hebdo, qu'il avait fondé.

A ses yeux, "même les multinationales américaines qui se sont retrouvées dans des situations semblables ne se sont pas comportées de la même façon avec les gouvernements vaudois et genevois".

>> Lire : Tamedia scelle la fin de la médiation politique dans le dossier du Matin

Le gouvernement vaudois se dit "consterné" et parle de rupture unilatérale des négociations. N'a-t-il pas été naïf? "Non, il a fait ce qu'il pouvait. Évidemment, le fait qu'il ait annoncé après la première séance qu'il partait en vacances et que tout était arrêté jusqu'à début août, ce n'était peut être pas très habile. Il a fait ce qu'il a pu, mais il a reçu une gifle assez sonore", répond Jacques Pilet.

"Cela peut pourrir le climat sur le long terme"

Il évoque aussi le coup porté aux rédactions romandes par la direction de Tamedia. "Imaginez le climat qui s'instaure dans ces journaux romands quand on fait un tel affront à leurs délégués. C'est extrêmement grave, parce que c'est quelque chose qui peut pourrir le climat sur le long terme".

Que faire maintenant que l'arrêt de mort du Matin est signé pour samedi? Selon Jacques Pilet, le titre avait encore "un potentiel". "Je ne peux pas affirmer qu'il y ait la place pour un nouveau journal populaire en Suisse romande, bien qu'un noyau dur de la rédaction du Matin y songe très sérieusement, fait des plans et cherche des investisseurs. Il est trop tôt pour en parler...", glisse-t-il.

Jacques Pilet assure aussi qu'"il y a encore un besoin assez large du papier, et pas seulement chez les personnes âgées. Le digital ne peut pas tout faire". Et de conclure: "Parler uniquement du support technique n'est pas suffisant".

Propos recueillis par Coralie Claude

Adaptation web: Jessica Vial

Publié

Les derniers jours du Matin

Du côté de la rédaction du Matin, on s'attelle à la parution samedi de l'ultime numéro du journal papier, malgré les regrets et la tristesse. L'une des dernières séances de travail s'est tenue jeudi.

Le reportage de Julie Liardet dans La Matinale: