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Le groupe EI résiste financièrement malgré les pertes pétrolières

Les frappes de la coalition ont mis à mal la production pétrolière du groupe Etat islamique. [AP/Keystone]
Le groupe EI résiste encore financièrement malgré les pertes pétrolières / Le Journal du matin / 3 min. / le 13 avril 2016
Acculé de toutes parts, le groupe Etat islamique a vu sa production pétrolière et ses revenus fondre ces derniers mois. Mais si son principal apport financier est mis à mal, Daech n’est pas pour autant ruiné.

Largement compromis par les frappes de la coalition et les avancées du régime syrien, la production pétrolière, l’exportation et les revenus du groupe djihadiste sont en train de s’effondrer.

"Au début de l'année 2016, on était probablement à une trentaine de milliers de barils par jour, pas plus. Depuis la poursuite des frappes aériennes, un ordre de grandeur de dix à vingt mille barils par jour me paraît assez réaliste" estime ainsi Francis Perrin, président de la société Stratégie et Politiques énergétiques à Paris.

Production en chute libre depuis 2014

On parlait encore de 100'000 barils à l'été 2014 et la chute est donc vertigineuse. Elle s'explique par la chute des cours mondiaux du baril, la perte de terrain par Daech et donc de champs pétrolifères, l’augmentation des frappes aériennes sur ses installations ou encore le manque de ressources et de personnel pour la maintenance et la réparation des champs de pétrole.

Mais si le pétrole était le revenu principal du groupe, certains experts nuancent désormais. "L'importance du pétrole dans les finances de l'Etat islamique est passablement contesté" souligne le politologue Julien théron, spécialiste de la Syrie à l’Université de Versailles. "Il y a d'autres sources de financement qui lui rapportent beaucoup aujourd'hui, plus que le pétrole peut-être", dit-il.

"L'Etat islamique fait feu de tout bois"

Et ces autres sources sont en train de se multiplier. "D'autres matières premières sont exploitées, y compris des produits agricoles. Il y a les trafics d'êtres humains, d'organes, de drogue, les enlèvements avec rançon", remarque Francis Perrin qui évoque aussi la possibilité de taxer les populations sous contrôle. "Et cette taxation rime parfois pour l'Etat islamique avec extorsion", souligne le président de la société Stratégie et Politiques énergétiques qui cite encore le trafic des antiquités et des objets d'art. "Donc l'Etat islamique fait feu de tout bois sur le plan financier."

Et même si Francis Perrin reconnaît que la diminution des revenus pétroliers est quand même un coup très dur pour Daech, crise financière ne rime donc pas encore avec effondrement.

Une organisation qui se veut mondiale

Le groupe terroriste pourrait continuer à financer ses combats en Irak et en Syrie grâce à d’autres positions, notamment en Libye. "L'Etat islamique se voit lui-même (…) comme un califat mondial, avec des provinces un peu partout, qui constituent autant de points où on peut avoir de l'argent, des territoires, des contrôles de populations", explique Julien Théron. "Il faut penser l'Etat islamique comme une organisation qui se veut mondiale, avec des sources de financement mondiales et pas uniquement en Syrie et en Irak."

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Céline Tzaud/oang

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