Michaël Heinis est des 203 détenus de l'établissement pénitentiaire de Bellechasse, dans le canton de Fribourg. Son activité dans l'atelier de menuiserie lui rapporte 25 francs par jour, dont 65% (16,25 francs) lui reviennent directement et qu'il peut disposer pour ses besoins quotidiens notamment: "On paie un franc par jour pour la télévision, et un franc également pour un ordinateur. Pour la lessive, c'est 5 francs par semaine", explique-t-il.
Sur les 25 francs, il y a également 15% de part bloquée (3,75 francs) que le détenu récupère au moment de sa libération. Les 20% restants (5 francs) sont destinés à l'indemnisation des victimes, le soutien à la famille du condamné et le remboursement des frais de justice.
110 francs de frais de justice
Au total, les personnes incarcérées à Bellechasse peuvent payer jusqu'à 110 francs de frais de justice mensuels, tout au plus: "La plupart des avocats sont à la charge de la société, car le détenu standard n'arrive pas à payer ces frais", explique Franz Walter, directeur de l'établissement.
Selon lui, cette somme n'est pas que symbolique: "Lorsqu'un condamné doit payer pour son ex-femme et ses enfants par exemple, des petits montants peuvent dépanner la famille", dit-il.
Retenues possibles
Les revenus ne sont pas forcément fixes. Il peut y avoir des retenues lorsque la personne ne travaille pas correctement: "On peut enlever un, deux ou trois francs pour une matinée par exemple", rapporte l'un des gardiens.
A l'inverse, des bonus sont également possibles. Les heures supplémentaires effectuées en semaine rapportent chacune 4 francs alors que le week-end, elles s'élèvent à 5,80 francs: "Il peut arriver que durant l'été, pendant les moissons, une personne travaille 10 heures de plus un samedi et gagne ainsi 58 francs", précise le même gardien.
A noter que l'établissement interdit l'argent liquide entre ses murs. Les détenus portent sur eux une clé électronique rechargeable, qui fait office de carte de paiement.
Véronique Amstutz/hend
"Un contrat ne ferait aucun sens"
Aucun contrat de travail ne lie les détenus à l'établissement pénitentiaire: "Ca ne ferait pas de sens. A Bellechasse, ils ont l'obligation de travailler. Cela leur donne un cadre et des connaissances qui peuvent être utiles après la libération", précise le directeur Franz Walter.
A noter que si les détenus touchent leur AVS à 65 ans, ils ont toujours l'obligation de travailler: "On le fait pour les protéger, car la pire chose est de ne rien faire en prison", souligne le responsable.