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L'aide européenne réjouit Madrid. L'Italie prochain maillon faible?

Mariano Rajoy s'est dit "très satisfait" de l'aide européenne accordée aux banques du pays. [Daniel Ochoa de Olza]
Mariano Rajoy s'est dit "très satisfait" de l'aide européenne accordée aux banques du pays. - [Daniel Ochoa de Olza]
L'Espagne s'est dit "très satisfaite" dimanche de l'aide européenne accordée la veille aux banques du pays et se félicite d'avoir évité une intervention pour toute son économie. Des experts craignent maintenant que l'Italie ne soit désormais le nouveau maillon faible.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy s'est déclaré dimanche "très satisfait" de l'aide européenne accordée la veille aux banques du pays. Il assure avoir "fait pression" pour l'obtenir et se félicite d'avoir évité "une intervention extérieure" pour l'économie entière.

Samedi, "c'est la crédibilité de l'euro qui a gagné", a-t-il ajouté, après la décision de l'Eurogroupe d'accorder un prêt à l'Espagne pour ses banques, d'un montant maximum de 100 milliards d'euros.

Mariano Rajoy a refusé cependant de parler de "sauvetage", à l'inverse de la quasi-totalité de la presse espagnole dimanche. "Je ne vais pas entrer dans un débat sur les termes", "cela n'a aucun sens": "L'Europe va mettre à disposition des entités financières, qui en ont besoin, une ligne de crédit qu'elles devront rembourser", a-t-il simplement expliqué.

"Personne n'a fait pression sur moi"

Interrogé sur l'existence de pressions, Mariano Rajoy s'est voulu catégorique: "Personne n'a fait pression sur moi et, c'est moi qui ai fait pression parce que je voulais une ligne de crédit pour résoudre un problème important que nous avons ici". Pourtant, il y a moins de deux semaines, Mariano Rajoy assurait encore: "Il ne va y avoir aucun sauvetage" extérieur du secteur bancaire.

Et l'aide fournie, qui doit devenir de la dette publique espagnole selon le ministre de l'Economie Luis de Guindos, "n'affectera absolument pas le déficit public", que le pays a promis de ramener de 8,9% du PIB à 5,3% cette année, a affirmé le chef du gouvernement.

Il a par ailleurs annoncé qu'il se rendrait dans la soirée en Pologne pour assister au premier match de l'équipe d'Espagne, opposée à l'Italie, à l'euro 2012 de football.

L'année 2012 sera "mauvaise", a encore averti Mariano Rajoy. La croissance en Espagne, qui connaît sa deuxième récession en trois ans, "sera négative de 1,7%" et le chômage, qui dépasse déjà les 24%, va "augmenter".

Les Pays-Bas pourraient s'opposer à l'aide

Le gouvernement néerlandais a fait savoir dimanche que le plan d'aide européen aux banques espagnoles devra être validé par le parlement des Pays-Bas. Si la chambre basse du parlement néerlandais désapprouve l'accord, les Pays-Bas ne participeront pas à ce plan.

Ce rejet ne remettra toutefois pas en cause l'accord global, a précisé le ministère des Finances. Les parlementaires néerlandais ont majoritairement approuvé jusqu'ici les plans de sauvetage accordés à d'autres pays de la zone euro, Portugal, Grèce, Irlande, et la chambre basse a entériné le mois dernier par une majorité des deux tiers le Mécanisme européen de stabilité.

Des regards inquiets se tournent vers l'Italie

Après le sauvetage des banques espagnoles, les regards se tournent vers l'Italie. Certains experts craignent qu'elle ne soit désormais le nouveau maillon faible de la zone euro. Ces craintes ont été alimentées par un rapport de l'agence de notation Moody's. Selon ce document, les difficultés des banques espagnoles pouvaient être "une source majeure de contagion pour l'Italie" où les banques sont aussi très dépendantes de la Banque centrale européenne (BCE).

L'Italie est maintenant le seul pays en difficulté à ne pas avoir été contraint de réclamer des mesures de sauvetage", relève Federico Fubini, du principal quotidien de la péninsule, "Il Corriere della Sera", après les aides apportées à la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne.

Sans une stabilisation des taux d'intérêt sur le marché de la dette en Italie et en Espagne, et sans un accord européen sur le système bancaire, "l'incertitude est immense et l'attention portée à l'Italie sera de plus en plus grande", estime-t-il. Les taux d'intérêt en Italie sont plus bas qu'en Espagne, signe d'une plus grande confiance des investisseurs, mais ils évoluent de la même façon.

agences/hend

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La presse espagnole sous le choc

"Sauvetage pour l'Espagne": ce grand titre en une du quotidien de centre-gauche El Pais résumait dimanche la stupeur de la presse espagnole, qui insistait sur le fait que le pays, après avoir longtemps nié, a cédé et demandé une aide européenne pour ses banques.

"L'Espagne sera, finalement, sauvée", poursuit le journal, soulignant qu'il s'agit d'"un geste historique, sans précédent". "Sauvetage sous pression", titre le quotidien catalan El Periodico, "sauvetage sans humiliation", semble répondre le journal de centre-droit El Mundo, car "les conditions (en échange de cette aide) toucheront le secteur financier mais pas la politique économique".

Mais, "même si cela semble un succès que le sauvetage n'ait pas de conditions supplémentaires, c'est en partie cosmétique", souligne El Mundo, qui rappelle que l'Eurogroupe a insisté sur le respect des objectifs de déficit et la poursuite des réformes structurelles.

La presse européenne mitigée

Un message aux marchés financiers démontrant la solidarité européenne, veut croire dimanche l'hebdomadaire allemand Spiegel, au sujet de l'aide financière accordée par la zone euro à Madrid pour recapitaliser les banques espagnoles.

Mais la presse britannique a des accents plus critiques. Le Sunday Telegraph considère par exemple que "ce qui est plus inquiétant" dans cette affaire "est que l'une des sources de capital puisse être la ligne de crédit de précaution du FMI, qui était censée aider les 'victimes innocentes' de la crise de l'euro."

En Italie, si la presse se félicite du plan de sauvetage pour les banques espagnoles, elle s'inquiète pour le sort de son pays, également en difficulté.

Londres et le G7 saluent le plan d'aide à l'Espagne

Après la France, l'Allemagne et les Etats-Unis samedi, c'était au tour de la Grande-Bretagne et du G7 de saluer dimanche le plan d'aide à l'Espagne.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a salué dimanche l'accord trouvé la veille au sein de la zone euro pour aider l'Espagne à recapitaliser ses banques, rappelant que Londres ne cesse de réclamer des "mesures décisives" de la part de la zone euro.

Le Groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) a salué samedi le plan de recapitalisation des banques espagnoles. Le groupe a souligné une étape importante vers une plus grande intégration budgétaire dans la région.