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Franc fort: les consommateurs doivent se défendre

L'Hospice général et les magasins Migros et Coop en appellent à la générosité des Genevois. [Keystone]
Selon le directeur de la COMCO, si les consommateurs suisses continuent d'acheter des produits à des prix surfaits, ces prix sont alors jugés appropriés. - [Keystone]
La FRC et la COMCO tapent du poing sur la table au sujet des prix en Suisse qui restent beaucoup plus hauts que dans les pays voisins malgré la baisse de l'euro face au franc. La première dénonce un "racket", la seconde incite les clients à se défendre activement.

"Je suis étonné que les organisations de défense des consommateurs n'interviennent pas plus franchement, en disant aux gens qu'ils devraient mettre la pression. Si 10 ou 20 clients arrivent et menacent le commerçant, cela fait déjà de l'effet", a dit le directeur de la Commission de la concurrence (COMCO), Rafael Corazza, dans une interview parue vendredi dans le "Blick".

Rafael Corazza prend pour exemple le cas BMW: de nombreux clients se sont plaints de ne pas pouvoir acheter une voiture directement en Allemagne parce que les concessionnaires avaient l'interdiction de livrer en Suisse. La COMCO a ouvert une enquête. La marque a rapidement réagi et offert des équipements supplémentaires aux consommateurs suisses pour les calmer. Et celui qui n'est toujours pas satisfait du prix peut désormais faire importer directement depuis la zone euro, note Rafael Corazza.

Bonne pâte

La COMCO ouvre une enquête lorsque les consommateurs ne profitent pas de l'évolution des devises à cause d'un présumé cartel d'importation, dit-il. Ces restrictions ne servent qu'à enfermer le marché helvétique, elles empêchent que les distributeurs en Suisse soient mis sous pression pour redistribuer les gains monétaires.

Selon le directeur de la COMCO, les clients ne devraient pas se laisser intimider par les appels au patriotisme. Les entreprises réagissent aux signaux du marché: si la clientèle suisse, bonne pâte, continue d'acheter des produits à des prix surfaits, ces prix sont jugés appropriés.

"Les Suisses sont assez patriotes, ils préféreraient faire leurs courses à l'intérieur de nos frontières si la différence de change était raisonnablement répercutée", commente de son côté Mathieu Fleury, secrétaire général de la Fédération romande des consommateurs, dans une interview parue dans "Le Matin".

"Le fait qu'ils dépensent leur argent à l'étranger, c'est aussi un moyen de pression sur les différents acteurs du marché. Attention, les gens vont se défendre!", prévient-il. Il juge que les importateurs et les représentants de certaines marques en Suisse ont tout simplement empoché la plus grand partie des différences offertes par la chute de l'euro.

"Racket"

"Ce véritable racket n'a été possible qu'avec la complicité active ou tacite de la grande distribution", ajoute le secrétaire général de la FRC. Il souligne qu'à la marge habituelle de quelque 30% de Coop s'ajoutent des gains supplémentaires sur les produits importés de la zone euro, rendus possibles par les fluctuations de devises.

Mathieu Fleury s'insurge donc quand il entend le grand distributeur se plaindre que le commerce de détail suisse perd des clients qui font leurs achats au-delà de la frontière, et affirmer que cela pourrait peser sur l'emploi en Suisse si cela continue.

ats/cht

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