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Les syndicats s'unissent contre le franc fort

Des billets. Le franc fort inquiète les milieux économiques. [KEYSTONE GAETAN BALLY]
Des billets. Le franc fort inquiète les milieux économiques. - [KEYSTONE GAETAN BALLY]
Le franc fort menace 15'000 emplois des secteurs de l'hôtellerie, de l'industrie des machines et de la métallurgie en Suisse, selon une étude du KOF. Les syndicats exigent des mesures "énergiques" de la Banque nationale suisse (BNS) et de la Confédération.

"Toujours plus d'employeurs cherchent à répercuter sur leur personnel les conséquences des fluctuations des taux de change", a déclaré Renzo Ambrosetti, co-président d'Unia, lundi devant la presse à Berne. Sans contre-mesure, tous secteurs confondus, 120'000 emplois seraient en péril en Suisse.

L'industrie d'exportation, en particulier l'industrie des machines et la métallurgie (MEM), ainsi que le tourisme souffrent particulièrement de l'impact du franc fort. Raison pour laquelle Unia a commandé au KOF, le centre de recherches conjoncturelles de l'EPFZ, une étude sur ces trois secteurs.

Une dévaluation de 7% du franc permettrait de sauver 10'200 emplois dans l'industrie MEM et 4500 dans l'hôtellerie, a expliqué Ingve Abrahamsen, auteur de l'étude. Ces 7% correspondent à la hausse du cours réel du franc depuis l'été 2010. Depuis la fin 2007, la monnaie helvétique s'est appréciée de plus de 20%.

Effets rampants

Les effets du franc fort ne se traduisent pas en chocs, mais sont rampants, a précisé Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse (USS). Une appréciation du franc de 10% pourrait faire baisser de 3% le produit intérieur brut (PIB) suisse après deux ans et entraîner la perte de 120'000 emplois.

Franc fort [KEYSTONE - Ennio Leanza]
Franc fort [KEYSTONE - Ennio Leanza]

Les conséquences de la force de la devise helvétique ne sont pour l'instant pas marquées, en raison de la reprise mondiale, mais les exportations nominales stagnent aux valeurs d'avant la crise. Les livraisons vers les pays de la zone euro sont particulièrement touchées, a relevé M. Lampart.

Par ailleurs, les nuitées hôtelières reculent. Les séjours d'hôtes européens se sont ainsi repliés de 2% en 2010 et de 12% rien que pour le mois de février 2011.

Délocalisations en vue

Résultat, plusieurs entreprises ont eu recours à des baisses de salaires et à des allongements de la durée du travail. D'autres ont déjà supprimé des emplois. Selon un sondage d'Unia, 41% des entreprises du secteur MEM pourraient transférer à long terme leurs activités à l'étranger et 28% prévoient des licenciements.

Dans leur appel à la BNS, aux associations patronales et au Conseil fédéral, les syndicats demandent à l'institut d'émission de ne relever en aucun cas ses taux directeurs. La prochaine décision tombera en juin.

Unia et l'USS préconisent aussi un frein au renchérissement en instaurant un cours de change minimal entre le franc et l'euro. Ils proposent encore à la BNS et à la Confédération de prendre des mesures concrètes pour limiter les spéculations sur le franc.

Le commerce sans restrictions du franc et l'ouverture totale des marchés des capitaux suisses sont pratiquement uniques dans le monde, a noté M. Lampart.

ats/cmen

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Les autres secteurs en hausse

Les perspectives sur le marché du travail devraient s'améliorer ces prochains mois. L'indicateur de l'emploi du KOF a progressé en avril de 0,9 point par rapport à janvier, pour atteindre 8,5 points.

Il se situe dans le positif dans l'ensemble des branches, hôtellerie et assurances exceptées. Le recul amorcé en automne dernier semble donc enrayé, estime l'institut zurichois.

Dans les autres domaines d'activité, l'emploi devrait évoluer positivement ou du moins se maintenir.

L'indicateur a bondi de manière marquée dans l'industrie et s'est maintenu à un niveau élevé dans les services.

Celui des banques est repassé dans le vert. Dans le commerce de détail, il a à nouveau atteint zéro.